Essai - Ford Mustang 5.0 vs Ford Mustang EcoBoost, sur quel cheval faut-il miser?
La Ford Mustang est une voiture mythique. Oui, mais quelle Mustang? Ford commercialise en effet deux versions de sa pony-car: l’une embarque un V8 5 litres de 421 chevaux, l’autre le moteur quatre-cylindres Ecoboost 2,3 litres de 317 chevaux déjà vu sur la Focus RS. Mustang contre Mustang, voici donc un essai double-poney en ce jour de Noël.
Mais pourquoi… la Ford Mustang?
La Ford Mustang incarne le modèle à succès, aussi bien commercial que sentimental. Deux ans à peine après son lancement en 1964, elle avait déjà dépassé le million d’exemplaires, alors qu’elle n’était vendue qu’aux Etats-Unis. A travers le monde, la Mustang incarne l’automobile américaine, petit-fiancée de l’Amérique qui apparaît bien grande aux conducteurs européens, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, elle passe pour une petite voiture. Ford la lance en effet au milieu des années 60 pour séduire les jeunes, loin des paquebots de presque 6 mètres que conduisent leurs parents.
Six générations plus tard, le 5 décembre 2013, la Mustang franchit une nouvelle étape cruciale de son histoire. Elle sera pour la première fois vendue directement par Ford en Europe et en Asie. Coup de tonnerre! Abordable aux Etats-Unis, elle le devient aussi (un peu plus) en Europe, sans les frais des importateurs et malgré en France un malus de 10.000 euros en 2017. Les immatriculations grimpent instantanément: la Mustang devient le coupé le plus vendu dans le monde en 2015, cartonne en Chine et en Europe, alors que seuls 752 Mustangs y étaient immatriculées en 2006! La répartition des ventes est aussi plutôt équilibrée entre V8 et quatre-cylindres, les deux motorisations proposées: 65% de clients choisissent le V8.
Derrière le volant: du bruit et de la puissance
Forcément avec la version GT, l'appui sur le bouton de démarrage du moteur donne le ton. La sonorité du V8 atmosphérique représente une réelle invitation à appuyer sur la pédale d'accélérateur. Ce concerto en 8 cylindres se marie ainsi parfaitement avec les performances de la bête pour des trajets sans fausse note.
La boîte automatique qui équipait notre modèle d'essai réagissait bien, mais il reste possible de passer en manuel pour monter un peu plus dans les tours avant de changer de rapport. Pour se faire plaisir, on ne pourra qu'apprécier le mode sport qui apporte encore plus de réactivité à notre cheval sauvage. Dans cette configuration, la Mustang chassera d'autant plus de l'arrière lors des démarrages en trombe notamment. Sur les longs trajets, le mode confort assoupli la direction et permet de mettre le moteur (très) légèrement en sourdine.
La sourdine, c’est un peu le reproche que l’on peut faire à la version équipée du moteur quatre-cylindres EcoBoost. Mais c’est bien le seul, tant la Mustang équipée d’un petit moteur est joueuse. Elle réagit instantanément, et avec un moteur plus compact et plus léger que l’énorme V8, le couple se fait d’autant plus sentir sur les roues arrière. Le pied un peu trop enfoncé dans l’accélérateur, et elle rue directement (c’est encore mieux avec l’ESP déconnecté, "on se fait quelques chaleurs", comme disent les pilotes canadiens).
"LE" truc en plus: sa côte d'amour
La Mustang, c'est un état d'esprit. Sportive sans être (trop) agressive, musclée mais jamais vulgaire, la pony-car attire les regards, sans être tape-à-l'œil. Elle en effraie certains quand ils la voient arriver dans leur rétroviseur, mais assure en général une grosse cote de popularité sur la route. En particulier auprès de motards: pieds de côté, pouces levés, on se fait vite des copains sur la route. Même auprès de deux motards de la gendarmerie qui roulent à la hauteur de la Mustang sur plusieurs kilomètres pour la regarder.
Forcément, l'absence des badges 5.0 et GT sur la version EcoBoost refroidira les plus fins connaisseurs. Avantage également au V8 pour ces piétons qui se retournent dans la rue quand vous faites un peu vrombir les entrailles de la Mustang. Pour couronner le tout, on notera un détail qui tue (proposé sur toutes les versions), le rétroprojecteur de logo Mustang! Intégré au rétroviseur, il fait apparaître le célèbre cheval au galop sur les côtés du véhicule lorsque vous le déverrouillez.
LE chiffre: une addition raisonnable qui peut s'envoler
Si c'est d'autant plus vrai pour la version équipée du gargantuesque moteur V8 de 5 litres, la Mustang ne se révèle pas très coûteuse à l'achat, mais pourra faire flamber votre compte en banque par la suite.
Première étape: le malus. Pour l'entrée de gamme, l'EcoBoost, en version coupé et boîte manuelle, le prix démarre par exemple à 38.900 euros. Mais malgré des émissions de CO2 limitées à 179 g/km, le malus écologique vous coûtera tout de même 3.000 euros. Et avec l'évolution du malus attendue pour 2017, on est presque incité à s'offrir une Mustang pour Noël puisque ce malus passera à près de 7.000 euros! Pour la Mustang GT en automatique et ses 299 g/km, le malus actuel de 8.000 euros, passe de son côté à 10.000 euros, avec un prix de départ à 43.900 euros.
Deuxième facteur de flambée de l'addition: l'essence. "Je ne suis pas sûr qu'elle se vende bien en Europe", a ainsi expliqué Hal Sperlich, le créateur de la Mustang originelle, en raison du prix élevé de l'essence. Sans aller jusque là, la Mustang est un cheval gourmand. Sur autoroute, nos consommations ont oscillé entre 10,9 litres pour l'EcoBoost et plus de 13 litres pour la GT, le tout sans forcer! Comptez donc sur un bon abonnement à la station service pour accompagner votre achat.
Il vous faudra également disposer d'un bon fournisseur de pneus, tant la gomme part vite sur cette Mustang, surtout si vous êtes adeptes de drifts ou des démarrages roues bloquées (on ne fait pas de fumée sans feu de gomme, la Mustang dispose même d'un mode spécial pour faire fumer les roues). Pour vous consoler, nous pouvons vous certifier que ces frais seraient à peu près les mêmes avec une BMW M4 et son six-cylindres 3 litres de 431 chevaux, qui coûte elle à l'achat 85.300 euros minimum.
Nos versions pour cet essai: Ford Mustang Fastback GT Gris Magnetic équipée du V8 5 litres de 421 chevaux et Ford Mustang Convertible Rouge Candy équipée du moteur quatre-cylindres EcoBoost 2,3 litres de 317 chevaux