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Essai - C5 Aircross, le SUV qui se prenait pour un monospace

Quatrième SUV familial du groupe PSA, le Citroën C5 Aircross veut se distinguer de ses cousins DS7 Crossback, Opel Grandland X, et Peugeot 3008, en misant sur le confort.

Citroën a enfin son 3008. Star de la marque au Mondial de l’automobile en octobre à Paris, le C5 Aircross arrive dans les prochaines semaines chez les premiers clients. Un SUV de plus sur le marché? Oui. Mais pour se démarquer des stars du segment, signés Peugeot et Volkswagen, et de ses concurrents directs en termes de tarifs (Ford Kuga, Hyundai Tucson par exemple), Citroën a misé sur son ADN: le confort et une approche grand public. Passage au tamis de cette promesse dans l’Atlas aride marocain. 

Mais pourquoi le C5 Aircross?

Et de quatre! PSA l’avait dévoilé au printemps, puis présenté au Mondial de l’Automobile en octobre à Paris. En cette fin d’année, le Citroën C5 Aircross prend enfin la route, après les DS7 Crossback, Opel Grandland X, et Peugeot 3008, lancés entre 2016 et le printemps dernier. Et sans compter sur les concurrents, du Volkswagen Tiguan (best-seller tout en haut du podium côté tarifs) aux Ford Kuga et Hyundai Tucson (concurrents directs en termes de prix). Pour entrer sur ce segment prisé des monospace ds familiaux, bêtes à volumes et à marges, Citroën doit se notamment se démarquer du 3008, dont il reprend la plateforme comme les moteurs.

Certains diront qu’il arrive tard, il s’évite ainsi une confrontation directe avec le Peugeot 3008, dont le 500 000e exemplaire vient d’être produit. Son design propose ainsi une patte très différente: un haut capot presque plat, beaucoup de rondeurs, des Airbumps (ces protections en plastique qui devaient inventer le nouveau design Citroën en 2014) descendus sur les bas de caisse. Derrière le nom "Aircros" se cache la nouvelle dénomination de Citroën pour les SUV. Les monospaces se nomment eux SpaceTourer (le terme qui remplace l'appellation "Picasso"), tandis que les berlines portent juste lettre et numéro.

La face avant du nouveau C5 Aircross
La face avant du nouveau C5 Aircross © BFM Auto

Au volant

Oublions rapidement le moteur 2.0 BlueHDI 180 chevaux, comme la tenue de route. Rien n’est mémorable, mais le C5 Aircross fait le job, grâce aux bons éléments techniques signés PSA. C’est rond, le C5 Aircross remplit son office, et cerise sur le gâteau, il ne consomme pas trop. 7,1 litres au 100 lors de notre essai, entre routes nationales et de montagne, le résultat est correct. 

Justement, ces routes de montagnes ont vite été oubliées. Enfin, les centaines de kilomètres et la fatigue du voyage, pas les sublimes paysages. Le C5 Aircross révèle un véritable confort en voyage, et fait remonter des souvenirs d’enfance, à l’arrière d’une CX. 

Premier atout: les suspensions à butées hydrauliques progressives. Citroën a en effet mis à la retraite les fameuses suspensions hydropneumatiques, toutes en mécanique. Les Citroënistes ont crié au parjure. Les suspensions à butée hydraulique progressive se basent sur des amortisseurs classiques, auxquels sont adjoints aux extrémités des amortisseurs secondaires. Le principal amortisseur absorbe les chocs principaux, tandis que les amortisseurs secondaires entrent en action lors à plus grande vitesse. Ils absorbent l’énergie des chocs, freinant ainsi le rebond lorsque la voiture passe par exemple dans une route chaotique.

D’abord introduites avec le nouveau C4 Cactus, elles sont réellement mises en avant par Citroën sur le C5 Aircross. Nous sommes bien au XXIe siècle : les dernières technologies sont mises en valeur avec un SUV, non plus sur une berline. Une route caillouteuse? Une route à nid de poule? Les passagers sont modérément ballotés, les suspensions font le travail, sans effet de roulis. Citroën évite ainsi les reproches parfois faits à ses suspensions: le roulis de la caisse et le malaise passager. Ces suspensions sont disponibles de série sur le SUV français. 

Un mode grip control permet de faire l'illusion du 4x4 avec seulement 2 roues motrices.
Un mode grip control permet de faire l'illusion du 4x4 avec seulement 2 roues motrices. © BFM Auto

Second atout confort du C5 Aircross: les sièges advanced confort (en option pour 390 euros, de série dès le 2e niveau de finition). Depuis le lancement du premier C4 Cactus en 2014, Citroën a renoué avec son histoire concernant le design intérieur. La planche de bord comme les assises semblent dessiner comme des meubles. Les matériaux comme les couleurs jouent la carte pop, vintage, avec une inspiration années 50 ou 70 selon les véhicules.

Mais au-delà de l’esthétique, le design retrouve sa fonction :dessiner pour un usage. "Quand nous avons réalisé les premiers prototypes des sièges, Jean-Pierre Ploué [designer en chef de Citroën, ndlr] a posé une couette sur un des fauteuils, pour matérialiser la sensation à retrouver. Obtenir à la fois le maintien d’une assise, et le moelleux de la couette", nous explique Jean-Arthur Madeleine, désigner intérieur. L’opération fonctionne, l’impression donnée est celle d’un matelas de grande qualité. Les coussins matelassés rajoutent 15 centimètres de douceur, l’assise est constituée de mousse bi-densité (celle des matelas à mémoire de forme). Résultat: secoués toute une journée, les passagers du C5 Aircross ne sont pas engourdis. Le confort Citroën qui semblait avoir disparu avec les Xantia et C5 à suspensions hydro-pneumatiques n’est peut-être pas mort. Manque juste le charme de faire se lever l’arrière du véhicule. Mais un SUV campe de toute façon en hauteur (23 centimètres de garde au sol pour le C5 Aircross).

Avec ce modèle bien ancré dans le XXIe siècle, la marque aux chevrons renoue avec son histoire, et c’est une agréable surprise. Le confort se montre bien présent, avec une tenue de route efficace, sans rappeler l’efficacité du 3008. Citroën, comme Opel avec le Grandland X ou DS avec le DS7 Crossback, s’est clairement appliqué à gommer toute ressemblance possible avec le célèbre cousin. Le Peugeot 3008 se montre plus fin à conduire, mais ce C5 Aircross fait très bien le job, en plus d’être attachant.

"LE" truc en plus : la simplicité 

Aides à la conduite, connectivité Apple Car Play, espace intérieur très important dans l’habitacle, le C5 Aircross laisse très facilement le conducteur prendre ses marques. La rangée de trois sièges indépendants à l’arrière offre beaucoup d’espace aux passagers. C’est un des moyens par lesquels Citroën veut se différencier de ses cousins, en proposant beaucoup de place comme dans un monospace.

Le système de conduite autonome de niveau 2 (maintien dans la voie, régulateur de vitesse adaptatif, freinage d’urgence) s’enclenche sans longues explications et fonctionne efficacement. Ce C5 Aircross se veut une voiture facile à vivre.

Les compteurs numériques du C5 Aircross
Les compteurs numériques du C5 Aircross © BFM Auto

"LE" chiffre: 700 

C’est en euros le prix du ‘Grip Control’. Le C5 Aircross ne dispose ainsi pas à son lancement d’une transmission intégrale. Lorsque la version hybride rechargeable arrivera en 2020, elle permettra d’en proposer une. Citroën a cependant décidé de réserver cette solution 4 roues motrices à la Chine, invoquant la faible demande pour les quatre roues motrices en Europe. Les Européens bénéficient en revanche de série des suspensions à butée hydraulique progressive. 

Le Grip Control remplace (dans une certaine mesure) les quatre roues motrices. Une molette propose facilement de choisir entre "boue", "neige" ou encore "gravier". Le véhicule adapte ensuite la motricité, comme les réglages de suspension. Résultat: le C5 Aircross passe facilement partout, le tout pour un coût supplémentaire somme toute modique: 700 euros. 

C’est la force de ce C5 Aircross : proposer un prix juste, plutôt dans la fourchette basse du marché, quand Peugeot propose facilement un prix plus onéreux pour son 3008. Le C5 Aircross démarre en effet à 24.700 euros, soit un prix un peu plus élevé qu’un Ford Kuga. La version 2.0 BlueHDI 180 débute à 36.050 euros dans l’avant-dernière finition Feel, offrant de nombreuses aides à la conduite (cf la partie au volant), et beaucoup de personnalisation possible. 

Notre version à l’essai : Citroën C5 Aircross BlueHDI 180 équipé d’une boîte de vitesses 8 rapport en finition Feel (l’avant dernier niveau de finition)

a noter

  • Le Citroën C5 Aircross est plus long de 5 cm que le Peugeot 3008: 4,50 mètres.
  • Citroën a beaucoup misé sur l’espace: 3 sièges séparés à l’arrière, 580 litres de coffre, et 33 litres de rangement divers dans les vide-poches de l’habitacle.
  • Le C5 Aircross incarne le 4e modèle du nouveau Citroën, inauguré en 2016 avec la C3, complété ensuite avec les C3 Aircross et C4 Cactus II. C’est ce dernier modèle qui inaugure d’abord les suspensions à butée hydraulique progressive.
  • Citroën compte conquérir avant tout des clients qui avaient auparavant une berline de segment D ou un monospace (18% des clients viendraient de ces modèles familiaux).
  • Annoncé à 4,8 litres, notre C5 Aircross a consommé 7,1 litres. Selon Citroën, la boîte automatique EAT8 permet d’économiser 7% de carburant. Le mode Eco favoriserait lui le roulage en roue libre et du sous-régime.
  • En 2020, une version hybride rechargeable de 225 chevaux sera disponible.
Pauline Ducamp, avec Diane Touré