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Encore moins de voitures "made in France" en 2020

La délocalisation de certains modèles comme les Peugeot 208 et 2008 va entraîner une baisse de 20% du nombre de véhicules produits en France l'an prochain par rapport à 2019, souligne le quotidien Les Echos. En quinze ans, la production automobile française aura été divisée par deux.

Acheter une voiture "made in France" va devenir plus compliqué. En 2020, seulement 1,7 million de véhicules devraient être produits dans l'Hexagone, soit une chute de 22% par rapport aux 2,1 millions d'unités prévues cette année, relève un article des Echos, qui s'appuie sur les données du cabinet IHS.

La délocalisation, principale explication

Ce plongeon sera d'autant plus brutal qu'il fait suite à une progression quasi-constante de la production nationale ces six dernières années: de 1,74 million d'unités en 2013, la production avait à nouveau franchi le cap des 2 millions de véhicules en 2016 puis encore progressé jusqu'en 2018 (2,28 millions d'exemplaires produits sur l'année). Mais quand on analyse la part du "made in France" dans la production mondiale de voitures, on ne peut que constater son inexorable déclin. En 2004, 3,66 millions de véhicules -le record historique- étaient sortis des usines françaises. Deux fois plus que la production attendue pour 2020!

La délocalisation de la production de certains modèles pèse évidemment dans cette baisse attendue l'an prochain, avec environ 355.000 véhicules en moins assemblées sur le territoire national. Ces transferts expliquent 70% de la baisse de la production automobile française. La nouvelle génération du Peugeot 2008 sera par exemple produite à Vigo en Espagne et non plus sur le site PSA de Mulhouse (Haut-Rhin). A elle seule, cette délocalisation d'un modèle très prisé par les Français représente 146.000 unités de moins.

Les deux meilleures ventes françaises quittent le pays

Même destin pour la Peugeot 208, déjà produite en partie dans l'usine de Trnava en Slovénie mais également sur le site de Poissy (Yvelines). La citadine quittera définitivement la France avec la nouvelle génération. Direction le Maroc et la nouvelle usine de Kenitra, pour une production partagée avec la Slovénie. 

Le best-seller de Renault n'est pas en reste: si la Clio était déjà assemblée en grande majorité sur le site de Bursa, en Turquie, l'usine de Flins (Yvelines) assurait encore une part non négligeable de la production. Ce ne sera plus vraiment le cas pour la nouvelle génération, avec des volumes partagés entre la Turquie et le site de Novo Mesto, en Slovénie.

D'après le cabinet IHS, cette délocalisation plus affirmée des deux meilleurs ventes sur le marché français ces dernières années retirerait près de 140.000 unités à la production française en 2020.

Un marché en petite forme

Parmi les marques étrangères qui produisent en France, la situation est plus contrastée. Le passage à la version 100% électrique de la Smart fera ainsi perdre 37.000 unités au site de Hambach (Moselle), soit un tiers de son volume annuel. En revanche, Toyota, qui produit sa Yaris à Onnaing (Nord), va augmenter sa capacité de production à 300.000 unités, mais il faudra attendre 2021.

Pour ne rien arranger, la baisse du marché automobile cette année et l'an prochain, en particulier en Europe, aura aussi son effet, pesant à hauteur de 20% sur le recul de la production l'an prochain.

Ce "trou d'air" pour l'industrie automobile française reste provisoire toutefois, souligne le journal Les Echos. Le quotidien économique anticipe une légère reprise en 2021, avec une production qui devrait se stabiliser autour des deux millions d'unités.

Julien Bonnet