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En attendant la baisse "drastique" du coût du permis de conduire, les Français désertent les auto-écoles

Sur la seconde quinzaine de novembre, après l'annonce d'une "baisse drastique" du permis de conduire, les auto-écoles ont vu les inscriptions de nouveaux candidats chuter.

Sur la seconde quinzaine de novembre, après l'annonce d'une "baisse drastique" du permis de conduire, les auto-écoles ont vu les inscriptions de nouveaux candidats chuter. - LOIC VENANCE / AFP

Depuis le 9 novembre, et l’annonce d’Emmanuel Macron d’une baisse "drastique" du coût du permis de conduire, les inscriptions ont chuté de moitié dans les auto-écoles.

Les Français boudent les auto-écoles. Depuis le 9 novembre, et l’annonce par Emmanuel Macron dans un centre social à Lens (Nord) d’une "baisse drastique du coût du permis de conduire", les professionnels ont noté une baisse des inscriptions dans les écoles de conduite.

En novembre, les inscriptions ont ainsi chuté de 50%, selon des chiffres du Conseil National des Professionnels de l’Automobile (CNPA), qui a interrogé ses adhérents professionnels de l'apprentissage de la conduite. Rien que sur la seconde quinzaine de ce même mois, juste après l'annonce du président de la République, cette chute a même dépassé les 60%.

"C'est la baisse drastique des inscriptions dans les écoles de conduite qui se produit, assène Patrice Bessone, président au CNPA en charge de la Sécurité Routière, que nous avons joint. Quand ils ont entendu cette annonce, les gens se sont dit qu’ils allaient attendre pour inscrire leurs enfants. Et le mois de décembre s’annonce pire que novembre". 

D'autres professionnels se montrent cependant plus nuancés. En "2018, de manière globale, dans les grandes villes et leur périphérie, il y a clairement une baisse d’activité dans toutes les structures, nous explique Frédéric Martinez, président du réseau Ecoles de Conduite Française (ECF). Cette baisse est très marquée en novembre, et surtout en décembre, qui est traditionnellement un mois creux. Il y a bien une baisse depuis les annonces d’Emmanuel Macron dans nos établissements. Je pense que d’autres auto-écoles en dehors de notre réseau ont plus été impactées que nous, et cette baisse d’activité se ressent moins en milieu rural".

Une baisse du chiffre d'affaires 

Difficile de chiffrer l’impact économique pour les quelques 11.000 écoles de conduite en France. Du côté de l’Union Nationale des Indépendants de la Conduite, la branche éducation routière de la Fédération Nationale de l’Automobile, on évoque un chiffre d’affaires en baisse de 50%. Au CNPA, le manque à gagner, petites et plus grosses structures confondues, avoisine en moyenne 6.000 euros.

L’annonce d’Emmanuel Macron est intervenue alors qu’une mission parlementaire a été lancée début septembre, afin d'évaluer la privatisation de l'examen du code, et de trouver des pistes pour faire évaluer l'examen pratique du permis de conduire. Menée par les députés LReM Stanislas Guérini (Paris) et Françoise Dumas (Gard), la mission ne rendra son rapport qu’en janvier, voire début février. Initialement, il devait être aux environs du 15 décembre, mais les deux députés semblent vouloir tester leurs propositions auprès des professionnels.

Baisser le prix du permis de conduire semble en effet plus compliqué que prévu, à en croire les professionnels. De nombreuses pistes ont été évoquées dans les discussions entre les dirigeants d'auto-écoles et les députés. Certains professionnels demandent le passage à une TVA réduite, d’autres préconisent la réorganisation de la formation. L’externalisation de l’examen pratique, comme pour le code qui peut se passer à La Poste par exemple, fait partie aussi des pistes avancées par certaines auto-écoles.

Chaque année, 1,2 million de candidats passent le permis de conduire. En moyenne, un candidat prend 35 heures de conduite, pour un coût total de la formation compris entre 1600 et 1800 euros.

Pauline Ducamp