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Drogue au volant, mort au tournant: la nouvelle campagne de la sécurité routière

En 2015, la consommation de produits stupéfiants était impliquée dans 23% des accidents mortels sur la route.

La sécurité routière a lancé ce jeudi sa nouvelle campagne de sensibilisation sur les risques encourus par la conduite après usage de stupéfiants. Plusieurs chiffres permettent en effet de se rendre compte de l'ampleur du problème: parmi les 3 461 personnes décédées sur les routes en 2015, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière estime que 23 % d’entre elles, soit 790 personnes, ont trouvé la mort dans un accident impliquant un conducteur positif aux stupéfiants. Si la consommation de drogue est interdite en France, plus de 13 millions auraient au moins goûté une fois à du cannabis et 1,2 million de personnes en consommeraient régulièrement, selon les données 2014 de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies.

Les jeunes et les mélanges avec l'alccol pointés du doigt

Les conducteurs de cyclomoteurs sont les premiers concernés, avec 29% de contrôles positifs à au moins un stupéfiant. Un taux qui reste élevé, à 18%; pour les motocyclistes.

Parmi la population des 18-24 ans, 23% des conducteurs ont été contrôlés positifs dans le cadre d'un accident mortel. Ils sont 19% chez les 25-44 ans et 4% pour les 45-64 ans. 

Enfin, la drogue est souvent mélangée avec l'alcool. La moitié des conducteurs positifs aux stupéfiants a également un taux d’alcool illégal et parmi les conducteurs alcoolisés impliqués dans les accidents mortels, 37 % sont positifs aux stupéfiants.

Des tests salivaires généralisés dès la fin 2016

Pour lutter plus efficacement contre la conduite après usage de produits stupéfiants, la Sécurité routière a testé dans 11 départements un kit salivaire dit "de confirmation de consommation". Le test détecte la consommation de cannabis, cocaïne, opiacés, ecstasy et amphétamines. "En fonction des drogues et des modes d’usages employés, le conducteur peut-être contrôlé positif plusieurs heures après la prise de stupéfiants (même jusqu’à plusieurs jours, par exemple en présence d’amphétamines)", explique un commuiqué de la sécurité routière, rappelant aussi que tout refus de se soumettre au test est équivalent à un test positif.

Jusqu’à présent, si un dépistage salivaire s’avérait positif, le conducteur était transporté auprès d’un médecin pour un prélèvement sanguin, l’analyse en laboratoire de ce prélèvement permettant de caractériser et confirmer l'infraction. Un processus chronophage pour les forces de l'ordre comme pour les services hospitaliers déjà débordés. 

Fin 2016, ce prélèvement salivaire de confirmation va être généralisé et les forces de l’ordre n’auront plus à se déplacer en milieu hospitalier pour qu’un médecin effectue une analyse sanguine. Suite au dépistage positif, ce nouveau prélèvement salivaire de confirmation sera réalisé directement avec l'automobiliste et sera ensuite envoyé, comme l’est à présent le prélèvement sanguin, à un laboratoire pour analyse. 

Depuis la loi du 26 janvier 2016, les forces de l’ordre pouvaient déjà réaliser des dépistages de stupéfiants même si aucune infraction ou accident de la route n’a été constaté.

Une infraction sévèrement sanctionnée

En cas de contrôle positif, l'automobiliste s'expose à de sévères sanctions: jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende (3 ans et 9 000 euros d’amende si le conducteur a aussi consommé de l’alcool). Il s'agit également d'un élément aggravant en cas d'accident mortel avec une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000€ d’amende.

La loi prévoit également le retrait automatique de 6 points de permis de conduire et un risque de suspension de permis pouvant atteindre 3 ans, voire l’annulation du permis avec interdiction de le repasser pendant 3 ans ou plus. Pour les détenteurs d'un permis probatoire, la première année, le conducteur positif verra son permis annulé.

Julien Bonnet