Déconfinement: une reprise du trafic plus prononcée à Paris que dans le reste de la France

Le déconfinement progressif se confirme sur les routes, d'après les données de plusieurs spécialistes de la navigation GPS. Si le trafic a un peu plus repris à Paris que dans le reste de la France, il reste encore inférieur à la situation d'avant la crise sanitaire.

Après l'effondrement du trafic automobile pendant les premières semaines du confinement, les Français ont-ils repris la route depuis le 11 mai? 

"Nos chiffres montrent une certaine prudence des Français dans cette période de déconfinement progressif", nous explique un porte-parole de Coyote.

Une reprise du trafic significative mais modérée

Les données du spécialiste français des assistants de conduite traduisent en effet une reprise modérée du trafic automobile en France. Si les premiers signes d'une tendance à la hausse s'étaient déjà manifestés à partir du 13 avril, ils se sont affirmés à partir du 11 mai mais en restant relativement faibles.

"Cette première semaine du déconfinement, on a noté une hausse de 30% du trafic par rapport à la semaine précédente, ce qui ne représente pas le bond significatif auquel on pouvait s'attendre", souligne le porte-parole de Coyote. 

Paris se détache toutefois du reste de la France et des autres agglomérations. La semaine du 11 mai, Coyote a relevé une hausse de 50% du trafic en région parisienne par rapport à la semaine précédente et 70% des utilisateurs avaient repris la route, soit un peu plus que dans le reste de la France. 

Même constat chez Waze. L'application de navigation évoque "une distance parcourue en hausse de 25% entre le 10 et le 16 mai alors qu’elle n’était que de +4% avant le déconfinement entre le 3 et 9 mai". Un phénomène plus marqué dans les grandes villes, avec +30% de distance parcourue la semaine dernière, comparé à la semaine d’avant, à Paris et à Bordeaux, +25% à Lyon et Marseille.

Des bouchons encore rares

Une tendance qui s'est confirmée la semaine suivante. Le 18 mai a ainsi marqué un pic de connexions parmi les utilisateurs de Coyote depuis la mi-mars et le début du confinement. Sur la semaine et au niveau niveau national, la reprise du trafic a atteint 80% des niveaux constatés l'an dernier à la même période.

En région parisienne, la reprise plus marquée n'occasionne toutefois pas les points de congestion habituels, souligne Coyote. Ce lundi 25 mai par exemple, le relevé du cumul des bouchons de Sytadin dépassait à peine les 75km, ce qui reste faible par rapport à la moyenne de plus de 350 km aux heures de pointe.

Le relevé des bouchons en région parisienne traduit une situation encore loin de la normale. © Sytadin

"Depuis le lundi 11 mai, le trafic a repris à Paris et en Ile-de-France, plutôt lentement aux heures de pointe matinales, et plus nettement aux pics de trafic en fin d'après-midi, entre 17 et 18h, avec un taux de congestion autour de 30% en début de semaine, et qui n'a cessé d'augmenter jour après jour pour atteindre 36% vendredi 15 mai au matin. Ce chiffre est à comparer avec les mêmes jours de la semaine en 2019, où le taux atteint en moyenne est de 63% aux heures de pointe le soir", soulignait de son côté le spécialiste des solutions GPS TomTom la semaine dernière.

Autre chiffre intéressant de cette même source: sur un trajet-type aux heures de pointe la semaine du 11 mai, les Franciliens qui avaient repris le volant perdaient en moyenne 15 minutes (par rapport au même trajet réalisé sans circulation), contre 43 minutes sur les jours de semaine de 2019.

Des Français plutôt "sages" pendant l"Ascension

La semaine dernière était aussi marquée par le week-end de l'Ascension, avec de nombreux Français susceptibles de faire le traditionnel pont le vendredi. Coyote n'a toutefois pas noté de hausse importante du trafic, qui restait inférieur de 50% au même week-end l'an dernier, ni de hausse de la distance moyenne parcourue par ses utilisateurs.

Pas non plus de "retour massif" des Parisiens exfiltrés dans le reste de la France à l'horizon. Bison Futé avait rappelé la règle des 100km, ce qui est également pour les boîtiers de Coyote à chaque allumage depuis le 11 mai.

Télétravail et effet nouvelles mobilités?

S'il est encore trop tôt pour dresser un réel bilan qualitatif de ces flux de circulation, le maintien d'une partie des Français en télétravail peut expliquer ce retour à nuancer du trafic automobile.

Le report modal des usagers des transports en commun a pu aussi s'effectuer vers d'autres formes de mobilité que la voiture individuelle, avec en particulier une ruée des Français sur le vélo, en particulier dans les grandes villes.

Julien Bonnet