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Déconfinement: les trottinettes électriques repartent à la conquête des villes

Avec les déplacements très limités pendant le confinement, les opérateurs de trottinettes en libre-service avaient suspendu ou réduit leur offre. Ce lundi 11 mai marquait donc leur grand retour, avec de nombreux utilisateurs dans les grandes villes de France comme Paris et Lyon. L'occasion de revenir sur le succès rencontré par l'autre star des pistes cyclables.

Avec le vélo, la trottinette électrique représente l'autre moyen de mobilité alternative plébiscité pour se déplacer dans les grandes zones urbaines. C'était le cas avant et sans doute encore plus après cette période de confinement pour endiguer l'épidémie de coronavirus. Elle offre en effet une solution à ceux qui veulent se détourner des transports en commun et de la voiture individuelle.

Les Français s'équipent 

L'an dernier, la trottinette s'est imposée comme l’engin de déplacement électrique le plus vendu en France, rappelle la FP2M (Fédération des Professionnels de la Micro Mobilité). Avec 478.900 unités vendues, la trottinette électrique devance en effet les vélos à assistance électrique, 388.100 unités. 

Un sondage de la FP2M confirme cette tendance de véhicule idéal pour le déconfinement: avec le vélo et les deux-roues motorisés, la trottinette électrique est un des rares modes de déplacement à attirer plus d'intéressés qu'avant la mise en place du confinement. Les transports en commun, logiquement, mais aussi la marche à pied ou la voiture sont, eux, en recul.

Les professionnels de la micro-mobilité, qui intègre aussi hoverboard, gyroroue et gyropodes, saluent également les initiatives locales comme la mise en place de pistes cyclables provisoires.

"Les trottinettes électriques sont une réponse particulièrement adaptée puisqu’elles combinent, respect des gestes barrières et autonomie tout en participant au désengorgement des axes routiers et des transports en commun. Nous saluons les villes qui ont pris la mesure de cet enjeu sanitaire et facilitent l’accès à ces engins notamment, avec le développement des pistes cyclables mais aussi par le déploiement d’initiatives incitatives à leur utilisation", explique Fabrice Furlan, président de la FP2M cité dans le communiqué. 

Le format, qui peut être plus pratique qu'un vélo, ou encore le coût, font partie des arguments vendeurs. Et une prime à l'achat pourrait attirer un public encore plus large.

"Certaines communes comme Romainville (Seine-Saint-Denis) ou Marcq-en-Baroeul (Nord) ont d'ores-et-déjà fait le choix de la prime pour l'acquisition d'un engin et il est à espérer que d'autres villes suivront cette dynamique", rappelle la FP2M, qui cite également l'initiative de la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine): "pour 130 euros par an, les utilisateurs peuvent louer une trottinette d'une valeur de 799 euros et peuvent la racheter après un an pour 350 euros".

La mobilité partagée redémarre

Autre formule qui permet de ne pas forcément s'engager mais de, pourquoi pas, faire de la trottinette une solution régulière de déplacement, les engins en libre-service. Les opérateurs se sont multipliés dans les grandes villes ces dernières années et ont pour la plupart interrompu leur service pendant le confinement. En insistant bien sur le nettoyage régulier des trottinettes et le respect des gestes barrière à appliquer pour les utilisateurs, ils espèrent bien reprendre leur développement. 

C'est notamment le cas de VOI, qui a donc relancé sa flotte de trottinettes ce lundi à Paris et à Bordeaux et devrait le faire à Marseille et à Lyon dans la foulée. Dans la capitale, où il y a le plus d'utilisateurs en France, Lucas Bornert, PDG France de VOI, dresse un premier bilan encourageant:

"C’était une première journée convenable, malgré le temps peu clément. Les utilisateurs vont les privilégier par rapport aux transports en commun qui ne proposent pour l’instant qu’une offre réduite. A Milan, qui a été déconfinée une semaine avant Paris, l’utilisation des trottinettes en libre-service est revenue à la normale en une semaine."

Même son de cloche chez Dott, qui, pendant le confinement, avait de son côté maintenu un service réduit à Paris et à Lyon, les deux villes où l'opérateur est présent en France.

"On a quasiment retrouvé nos niveaux d'utilisation d'avant confinement si on compare au lundi 9 mars. A Paris, on a noté une multiplication par trois du nombre de trajets par rapport au dernier lundi du confinement, le 4 mai, et par deux à Lyon", nous explique Matthieu Faure, porte-parole de Dott. 

Il note également un comportement plus responsable des utilisateurs: à Paris, il faut garer sa trottinette dans un emplacement dédié, ce qui n'était pas encore dans tous les esprits avant le 17 mars. 

"Ce lundi, 97% des trottinettes étaient bien garées alors qu'avant le confinement il y avait encore environ 10% de nos trottinettes qui ne respectaient pas cette consigne de stationnement", souligne Matthieu Faure.

Après la conquête, la fidélisation

Dott vient également de lancer un forfait aller/retour adapté aux déplacement domicile-travail: pour 4 euros, on peut disposer d'une trottinette pendant 15 minutes deux fois dans la journée, avec la minute supplémentaire à 15 centimes. 

Alors que les opérateurs peuvent faire une croix temporairement sur le public des touristes, l'idée est ainsi de miser sur les pros pour fidéliser sa clientèle. Dott note ainsi un basculement très récent d'une large majorité d'utilisateurs occasionnels à des utilisateurs réguliers.

VOI mise d'ailleurs sur un compte qui permet à des salariés de passer certains trajets en frais professionnels. Une soixantaine d'entreprises auraient déjà opté pour cette solution. 

Les deux opérateurs récompensent aussi la fidélité, via un système de statuts pour VOI et de défis quotidiens et hebdomadaires chez Dott. A la clé, des déblocages de trottinettes offerts par exemple.

Julien Bonnet