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Coronavirus: le marché automobile français s’est effondré en mars

Les immatriculations de voitures neuves et d'utilitaires ont reculé de 71% le mois dernier en France, suite au confinement. Certaines marques ont vu leurs ventes chuter de près de 85%.

Le marché automobile français s’est effondré en mars selon des chiffres publiés ce mercredi matin par le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA).

Avec une chute des immatriculations de véhicules utilitaires et de voitures particulières neuves de 70,95%, le marché a certainement connu le pire mois de son histoire moderne. A l’image de ce qui s’était produit en février en Chine, les deux semaines de confinement déclarées le 17 mars et la fermeture des concessions automobiles immédiate qui en a suivi ont stoppé toute livraison des véhicules aux clients. Le marché des voitures particulières, hors camionnettes et véhicules professionnels, a lui encore plus reculé, à -72,25%.

"Une bérézina"

"Depuis le 18 mars, un peu plus de 300 voitures sont en moyenne immatriculées en France chaque jour, nous explique Eric Champarnaud, fondateur du cabinet AutoWays. A la même époque l’année dernière, plus de 10.500 voitures neuves étaient immatriculées chaque jour ouvré. C’est une bérézina".

Avec la fermeture des concessions automobiles, plus aucun acheteur n’a pu récupérer les véhicules commandés, ou en acheter de nouveaux, déjà en stocks. Selon les chiffres d’AutoWays, les immatriculations des voitures achetées par les ménages, déjà en recul depuis le début de l’année, ont baissé le mois dernier de 78%. Celles des professionnels ont baissé de 61% par rapport à l’année dernière. Les constructeurs n’ont même pas pu jouer la carte des "immatriculations tactiques", ces voitures neuves immatriculées par leurs concessionnaires comme véhicules de démonstration: elles ont chuté de 81%.

Les marques française touchées de plein fouet

Les leaders tricolores du marché subissent de plein fouet cette crise, à commencer par le groupe PSA. Au global, sur les voitures particulières et utilitaires, les immatriculations de la marque Peugeot ont plongé de 70%, celles de Citroën de 75% tandis que la marque allemande du groupe PSA, Opel, plonge de 85%. DS limite la casse avec un recul de 37,5% seulement.

Chez Renault, la marque au Losange recule de 68,5%, les immatriculations de Dacia de 80%. La marque de sport Alpine s’écroule de 82%. 

Les groupes français avaient écoulé chacun entre 80 et 90.000 voitures en mars 2019. Le mois dernier, PSA comme Renault ont mis à la route moins de 25.000 véhicules chacun.

Les autres grandes marques généralistes subissent le même sort, avec un recul de 75% des immatriculations de voitures neuves pour Ford ou encore pour l’Italien Fiat, futur partenaire de PSA. Nissan, le partenaire de Renault au sein de l'Alliance, voit ses immatriculations reculer de 73%.

Le plongeon du premium

Les marques allemandes, notamment dans le premium, ne sont pas mieux lotis. Audi plonge de 76%, BMW de 68% alors que les immatriculations de Mercedes plongent de 65%. Le géant allemande Volkswagen recule lui de 81%, alors qu’il est en plein lancement de son best-seller, la nouvelle génération de la Golf.

Porsche sauve les meubles en France grâce à la nouvelle berline électrique Taycan et au SUV Cayenne. La marque de voitures de sport ne voit ses ventes reculer que de 15%. Les ventes des autres grandes marques de luxe ne résistent pas, avec par exemple un recul de 70% pour Lamborghini, de près de 95% pour Maserati.

Un mois d’avril encore plus sombre?

Face à cette situation sans précédent, l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA) appelait mi mars les Etats à "des actions économiques fortes et coordonnées au niveau national comme européen". L'idée d'un plan de soutien type prime à la casse est par exemple évoquée à mots couverts par les fédérations de professionnels français. Car la catastrophe risque de durer. Le confinement en France court jusqu’au 14 avril, mais pourrait être encore prolongé. Et s’il s’arrête bien dans deux semaines, dans quelles conditions les Français pourront-ils retrouver le chemin des concessions pour accuser livraison de leurs voitures, et surtout en commander de nouvelles?

En début d’année, les prévisions des observateurs comme des constructeurs pour 2020 étaient marquées d’un léger recul. Selon la durée du confinement en France, le marché pourrait en fait reculer de 20 à 30%. "Il est clair qu'il s'agit de la pire crise jamais traversée par l'industrie automobile", résumait mi mars Eric-Mark Huitema, directeur général de l’ACEA.

Pauline Ducamp