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Coronavirus: jusqu’où ira la baisse des prix du carburant dans les stations-services

Les automobilistes vont-ils être payés pour faire le plein? Si les prix bas devraient perdurer dans les stations-services, les prix négatifs observés sur certains marchés du brut ne concerneront jamais les consommateurs.

Les prix de l’essence et du gazole vont-ils s’effondrer dans les stations-service, suivant les cours mondiaux? Ce matin, le pétrole américain s’échangeait toujours à prix négatif. Les éventuels acheteurs recevaient en plus de leur matière première, 7,80 dollars par baril. "Ce prix négatif ne concerne que le pétrole américain", tempère ce matin sur BFMTV Matthieu Auzanneau, directeur de Shift project, spécialiste de la transition énergétique.

1,08 euro le litre de gazole dans certaines stations

En Europe, le baril dont le prix fait référence, c’est le Brent de Mer du Nord. S’il ne se vend pas à prix négatif, ses tarifs restent aussi très bas. Ce matin, son cours est même passé quelques instants sous la barre des 20 dollars le baril, à 18,10 dollars. Soit son niveau le plus bas depuis 2001. La semaine dernière, son prix tournait plutôt autour des 25 dollars.

Ces prix bas viennent d’une demande mondiale en baisse suite à l’épidémie de coronavirus. En moyenne autour des 100 millions de barils consommés par jour, l’économie mondiale ne consomme plus désormais que 75 à 80 millions de barils. Ce qui a fait baisser les prix du brut. Conséquence, le prix dans les stations-services baissent depuis plus de deux mois.

Selon les derniers chiffres publiés ce lundi, le litre de gazole (le carburant le plus consommé en France) coûtait en moyenne 1,2132 euro le litre, soit 0,8 centime de moins que la semaine précédente. Des prix très loin des prix en mai 2019: le litre de gazole se vendait 1,48 euro le litre. 27 centimes plus cher! C’est le niveau le plus bas enregistré depuis 2017 en France.

Dans certaines stations-services, les prix sont même encore plus bas que les moyennes nationales. Ainsi, à Pinsaguel dans le Lot-et-Garonne, un supermarché vend le litre de gazole 1,084 euro, selon le comparateur de prix MonEssence.fr. Sur les 11.000 stations-services françaises, 662 commercialisent actuellement leur gazole à moins de 1,15 euro le litre. 

Ces taxes qui limitent la baisse des prix

Pour Francis Pousse, président des distributeurs de carburant au sein du CNPA (Conseil National des Professionnels de l’Automobile), les prix pourraient cependant avoir atteint un plancher. "Je ne pense pas que le litre de gazole passe sous la barre des 1,05 euro le litre, nous explique Francis Pousse. Le niveau de taxe est incompréhensible. Même si les distributeurs, les livreurs ne prenaient aucune commission restent les taxes. On aurait toujours autour de 80 centimes de taxes, en prenant en compte la TICPE et la TVA".

Actuellement, l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP) décompose le prix moyen du litre de gazole vendu 1,21 euro à la pompe: il comprend 19 centimes pour la distribution, environ 21 centimes pour le produit brut et plus de 81 centimes de taxes. Avec un litre à 1,05 euro, le niveau des taxes atteindrait 77 centimes.

"Cette partie de taxes, le gouvernement ne va pas les enlever, explique sur BFMTV Jean-Pierre Favennec, consultant spécialiste énergie et pétrole. Ce que les clients peuvent espérer, c’est que la part de pétrole dans le prix de l’essence baisse à un niveau extrêmement bas".

A titre de comparaison, la semaine dernière au Luxembourg, où les taxes sont moins élevées, le gazole se vendait à 87 centimes le litre, selon le site carburant.com.

L'incertitude du déconfinement

Au-delà du cours du pétrole se pose la question du confinement. Les automobilistes sont peu nombreux à rouler en ce moment, la consommation de carburant s’est écroulée de 80% en mars. Or, quand la reprise de l’activité va s’amorcer, les prix à la pompe pourraient un peu remonter, en suivant la demande. Aucun observateur ne voit cependant revenir des prix autour des 1,50 euro le litre, comme en tout début d’année, avant plusieurs mois. Les Français reprendront-ils aussi majoritairement leur voiture pour se déplacer, pour partir en vacances en France cet été? Personne n'arrive aujourd'hui à l'estimer.

"A la pompe, il est bien possible que la baisse se poursuivre. On est déjà très très bas sur les prix du brut, confirme Matthieu Auzanneau. On peut plutôt craindre des effets de rebonds assez puissants qui risquent de saper la reprise. Si vous avez une flambée des prix au sortir de la pandémie, cela ne va pas aider l’économie à retomber sur ses pieds".

Pauline Ducamp