BFM Business
Voitures du futur

Comment sont développés les mannequins crash-tests de demain

Les mannequins de crash-tests évoluent en permanence pour mieux assurer votre sécurité en voiture. Spécialiste en accidentologie, le LAB, en région parisienne, participe à leur amélioration.

Il s’appelle Thor, il mesure environ 1,75 mètre et sa mission est de vous sauver la vie. Ce mannequin va progressivement servir dès l’an prochain dans les crash-tests pour certifier les nouveaux véhicules, à la place d’Hybrid III, le mannequin réglementaire qui officiait depuis les années 90. Fruit d’une collaboration internationale, Thor doit une partie de son ADN à un laboratoire français, le LAB.

Jusqu’à 200 capteurs de mesure

Installé à Nanterre (Hauts-de-seine), le laboratoire d’accidentologie, biomécanique, et d’études sur le comportement humain (LAB) est détenu à parts égales par PSA et Renault. Avec une mission: décrypter les accidents, pour mieux les éviter, en fournissant aux constructeurs notamment des outils pour plus de sécurité. Le LAB a donc contribué au développement de Thor. Un travail débuté il y a 15 ans, en palliant les manques du mannequin actuel, et en tirant parti des découvertes actuelles en biomécanique.

"Il est plus sophistiqué, il représente mieux l’anatomie, avec par exemple plus de côtes que son prédécesseur, elles sont plus inclinées comme sur notre cage thoracique, de manière à être sollicitées de façon correcte, comme pour un être humain", nous détaille Philippe Petit, responsable de l’activité biomécanique au LAB.

Le nouveau mannequin dispose surtout de beaucoup plus de capteurs, jusqu’à 200, afin d’enregistrer le maximum d’informations pendant le crash-test.

"Chaque capteur pendant le choc est scruté jusqu’à 20.000 fois par seconde, poursuit Philippe Petit. Ils sont surtout disposés de manière à pouvoir prédire les lésions clés qui surviendront lors d’un accident sur la route".

Thor dispose par exemple de quatre capteurs dans la poitrine, au lieu d’un seul précédemment, pour mieux étudier les possibles lésions, et surtout comment mieux les prévenir. Ce nouveau mannequin permet par exemple de mieux évaluer le réglage optimal de la ceinture de sécurité et de l’airbag.

Des mannequins numériques de personnes âgées ou obèses

On est donc loin des mannequins en cire des années 50. Au-delà de l’étude des données des mannequins physiques, les mannequins du XXIe siècle seront eux numériques. Le LAB a ainsi participé pendant 12 ans à un projet européen impliquant des constructeurs, des équipementiers, les autorités pour développer des mannequins numériques. Le but: modéliser des populations particulières, comme les obèses ou les personnes âgées, pour mieux comprendre l’impact de la morphologie des corps lors des accidents.

"Par exemple, créer un modèle d’homme obèse permet de constater le comportement de la ceinture, par rapport au squelette de ce type de sujet, et donc de proposer et des améliorations, et de donner aux constructeurs des solutions pour assurer à la fois la sécurité des populations standards, et aussi aux populations plus particulières", nous précise Xavier Trosseille, expert en biomécanique au LAB.

Utiliser des mannequins numériques permet aussi d’étudier d’autres positions dans le siège, que les positions très ‘classiques’ des mannequins physiques. Ces derniers sont en effet très rigides, il est donc difficile de les allonger en position plus relax. Comme demain dans une voiture autonome par exemple. Mieux comprendre les nouveaux usages des véhicules fait partie des missions du LAB.

Pauline Ducamp et Essia Lakhoua