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Comment passer à l’électrique ?

Pouvoir se charger à domicile: un vrai plus dans l'usage d'un véhicule électrique

Pouvoir se charger à domicile: un vrai plus dans l'usage d'un véhicule électrique - DAVID MCNEW / AFP

Avec la hausse des prix à la pompe, la question de passer à l’électrique se pose pour de plus en plus d’automobilistes.

Si les prix à la pompe ont légèrement baissé ces derniers jours: de 8 centimes pour le sans-plomb depuis 1 mois et de 4,8 centimes pour le gazole, les tarifs pèsent de plus en plus le budget des ménages, notamment les plus modestes. Le prix du gazole a en effet grimpé de 20 centimes depuis un an. Dans ces conditions, passer à l’électrique est-il une option envisageable au quotidien? 

Un marché de niche qui progresse

"Le véhicule électrique peut convenir à beaucoup d’automobilistes, ce n’est pas une technologie d’initiés, souligne Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur à l’Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (Ademe). La plupart des gens qui la découvrent l’apprécient, notamment pour sa douceur de fonctionnement". 

Le marché du véhicule électrique reste toujours un marché de niche, avec 29.453 voitures électriques immatriculées entre janvier et octobre en France selon l’Association pour le développement de la mobilité électrique (Avere). Mais il progresse fortement, +15,88% par rapport à l’an dernier, notamment chez les particuliers. Ils sont plus de 23.000 à avoir acheté une électrique neuve sur les 10 premiers mois de l’année. 

"Tout dépend des usages, mais les véhicules qui vont sortir en 2019 auront quasi 500 kilomètres d’autonomie. Or en moyenne, les Français font 29 kilomètres par jour. Les commerciaux qui roulent beaucoup auront besoin de plus d'autonomie, mais pour beaucoup d’autres, la question ne se pose plus, explique Cécile Goubet, secrétaire générale de l’Avere. Il suffit donc d’avoir une prise chez soi".

De nombreuses aides à l’achat

Des aides sont destinées à financer l’achat d’une voiture électrique, aides qui selon la dernière étude de l’UFC Que Choisir, rendent la voiture électrique plus compétitive que le thermique en termes de coût de détention: posséder une voiture électrique revenait à 6081 euros par an, contre 7038 euros pour une voiture diesel, grâce au bonus de 6000 euros.

La prime à la conversion ajoute 2500 euros, en échange de la mise à la casse d’un vieux diesel. De plus certaines collectivités locales offrent également des subventions à l’achat: 5000 euros par exemple dans le Grand Paris ou le département des Bouches-du-Rhône, 1500 euros à Drancy (Seine-Saint-Denis). De quoi faire baisser les prix encore élevés: plus de 30.000 euros pour une citadine comme pour un SUV familial. Le marché de l’occasion commence seulement à émerger, posant surtout la question de l’état de la batterie, et du coût important, s’il faut la remplacer.

L’idéal: recharger chez soi

A l’achat, il faut aussi prendre en considération le coût du dispositif de recharge. L’idéal est de pouvoir se recharger chez soi dans son garage. Une simple prise renforcée coûte 120 euros, mais il faut alors une quinzaine d’heures pour recharger son véhicule. Pour recharger plus vite, il faut installer une borne de recharge rapide individuelle, baptisée "wall box". 

"Cela représente un coût total de 1500 à 2500 euros, précise Cécile Goubet. Les constructeurs donnent souvent un coup de pouce financier. Il existe également des aides comme le Crédit d’impôt transition énergétique (CITE) de 350 euros maximum. L’Avere offre aussi la solution Advenir, qui peut monter à 960 euros, mais uniquement pour des installations dans un habitat collectif". 

En copropriété, depuis le 1er janvier 2015, le propriétaire d’une voiture électrique dispose d’un droit à la prise: il a le droit d’installer une recharge pour son véhicule. Mais comme cette installation demande des travaux qui concernent la copropriété, il faut son accord. D’où un flou juridique qui devrait être tranché dans le cadre de la loi sur les mobilités, présenté le 27 novembre en conseil des Ministres. 

Quel prix pour la recharge?

A l’usage, le véhicule électrique se montre économique. Certaines entreprises offrent le coût de la recharge à leurs salariés, certaines municipalités se montrent aussi généreuses. Recharger une heure sur les bornes Utilib à Paris coûte 1 euro pour une charge équivalent à 80%. Attention cependant à ne pas s’éterniser car la facture peut alors s’envoler et atteindre pour quelques heures, le coût d’un plein de carburant. 

En rechargeant à la maison, comptez environ 200 euros chaque année. "Le carburant fossile est de plus en plus difficile à extraire, donc les prix vont monter. Le prix de revient du kWh d’électricité issue d’énergies renouvelables se montre déjà compétitif, par rapport aux technologies précédentes", poursuit Bertrand-Olivier Ducreux. Des contrats existent pour n’être alimenté qu’avec ce type d’électricité, et rendre sa voiture électrique plus vertueuse.

"Il n’existe en effet pas de solution magique, résume Bertrand-Olivier Ducreux. On a récemment mesuré qu’une voiture électrique émet plus de particules de freins, de pneus, qu’attendu, car elle est plus lourde. A 0 kilomètre, elle a émis plus de polluants et consommé plus d’énergie qu’une thermique. Mais à l’usage, elle compense cela, contrairement à une thermique. Surtout si elle est partagée. Le partage, c’est la plus grosse révolution de l’automobile actuellement".

Pauline Ducamp