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Comment Paris va de plus en plus mener la vie dure aux motos et aux scooters

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- - CC Flickr - Maya-Anaïs Y.

Haro sur la moto et le scooter. A Paris, les verbalisations ont explosé depuis le début de l'année et l'idée de faire payer le stationnement aux propriétaires de deux-roues fait un retour dans le débat.

Heureux comme un motard à Paris? Pas vraiment. Depuis le début de l'année, les possesseurs de deux-roues motorisés, motos et scooters, sont dans la ligne de mire de la Ville de Paris. Selon des chiffres dévoilés par le JDD, ils auraient écopé de 233.000 verbalisations pour stationnement entre le 1er janvier et le 31 août. L’année dernière, sur la même période, on en comptait que 86.000, soit une hausse de +170%. 

Ces amendes n'évitent pas les mises en fourrières des deux-roues. En 2018, 34.321 véhicules ont été emmenés dans ces centres. Nous avons demandé à la Préfecture de Police les chiffres des mises en fourrière de deux-roues pour le premier semestre 2019. Nous n'avons obtenu aucune réponse.

Seulement 6000 places de stationnement créées

La Mairie de Paris assume totalement ce durcissement, rappelant que "Anne Hidalgo avait promis de ne pas rendre payant les stationnement des deux-roues pendant son mandat et elle a tenu parole". En effet, depuis son élection 6000 places de stationnement gratuites ont été créées et 130.000 emplacements voitures ont été ouverts aux deux-roues. "Ces espaces ont été créés pour ne plus encombrer les trottoirs", rappelle Emmanuel Samaniengo, chef de cabinet de Christophe Najdovski, adjoint au Maire EELV chargé des transports, de la voirie, des déplacements et de l'espace public.

Ces efforts sont toutefois loin de suffire au vu du nombre de motos et scooters qui circulent dans Paris. Les derniers chiffres officiels remontent à près de dix ans et sont totalement obsolètes. A l'époque, la Région Ile-de-France constatait une baisse des immatriculations entre 2011 et 2012 dans tous les départements. Le parc s'élevait tout de même à 490.000 véhicules, dont 50% de cylindrées inférieures ou égales à 125 cm3, celles que l'on peut piloter sans passer le permis moto.

Que représente aujourd'hui ce parc? Personne ne le sait vraiment mais au vu de l'explosion des ventes en France, il n'a pu qu'augmenter. "Il faudra attendre 2020 ou 2021 pour le savoir car cette étude ne se fait que tous les dix ans environ", nous signale Emmanuel Samaniengo. D'ailleurs, le nombre de places de stationnement réservées aux deux-roues est déjà sous-dimensionné. Le stationnement anarchique dans certains quartiers est un signe qui le confirme.

Le stationnement payant dès 2020?

La question sur le sujet n'est plus de savoir si un jour le stationnement sera payant, mais quand il va le devenir. Certainement dès 2020, au lendemain des prochaines élections municipales. "En 2014, Anne Hidalgo avait promis la gratuité pendant son mandat", rappelle le chef de cabinet.

Début 2019, un projet préparé secrètement par la Mairie de Paris a fuité. Le stationnement gratuit serait limité à 9 heures afin d'éviter les deux roues "ventouses". Entre 9 heures et 11 heures garé au même endroit, il faudrait donc payer 1,50 euros par quart d'heure dans les arrondissements du centre de Paris et 1 euro par quart d'heure en périphérie. Au delà de la 11e heure, le quart d'heure supplémentaire passerait à 3 euros pour le centre et 2 euros pour la périphérie. 

Quel que soit leur parti, les élus ne cachent plus leur impatience de mettre fin à "ce régime d’exception", comme le nomme Delphine Bürkli, maire (ex-LR) du IXe. Dans une tribune au JDD, elle signale qu'un millier de places ont été créées dans son arrondissement.

Geoffroy Boulard (LR), maire du XVIIe, veut également imposer le stationnement payant pour les deux roues. Sur ce sujet, il est même soutenu par les écologistes. Le stationnement payant va-t-il être un argument pour les élections municipales? "Evidemment, le sujet dépasse les orientations politiques et va au delà du stationnement. Les deux-roues posent aussi des problème de pollution, notamment sonore", explique Emmanuel Samaniengo.

Comment vont réagir les Franciliens, grand Paris oblige, qui sont nombreux à avoir investi dans un deux-roues motorisés ces dernières années pour circuler plus facilement? Pas sûr qu'ils soient d'accord avec le serrage de vis qu'on leur promet. D'autant que, même ceux qui utilisent une moto ou un scooter électrique n'auront pas de traitement de faveur. Vont-ils devoir utiliser des transports en commun déjà saturés aux heures de pointe, se déplacer à vélo ou s'acheter une trottinette électrique qui n'est pas le meilleur moyen de se déplacer dans Paris en toute sécurité? 

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco