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Comment la grève a boosté le covoiturage en Ile-de-France

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Pour se rendre au travail malgré la grève de transports, de nombreux Franciliens se sont mis au covoiturage, en tant que conducteurs ou comme passagers, via des applications comme Karos ou Blablalines. Et ces nouveaux utilisateurs pourraient bien rester fidèles à cette nouvelle forme de mobilité.

Pendant la grève des transports en région parisienne, vous vous êtes peut-être mis au vélo, au télétravail ou vous avez commandé davantage de taxis et VTC qu'en temps normal. Certains en ont aussi profité pour tester le covoiturage domicile-travail ou "court-voiturage". De quoi remplir des véhicules souvent critiqués pour ne transporter matin et soir qu'une seule personne, mais aussi offrir un complément de revenus aux conducteurs et une solution de déplacement efficace pour les passagers.

Inscriptions nombreuses pour tester le service

Plusieurs applications mobiles permettent de mettre en relation offres et demandes de trajets. C'est le cas de Karos, créée en 2014, pour qui "l'effet grève" a permis d'enregistrer un grand nombre d'inscriptions:

"Nous avons enregistré un peu plus de 100.000 nouveaux inscrits pendant la grève, alors que nous en comptions environ 250.000 avant le début du mouvement, explique Olivier Binet, directeur général et fondateur de Karos. Nous avons réussi à absorber cette hypercroissance, ce qui n'est jamais facile pour une start-up".

Concernant le nombre de trajets enregistrés pendant la grève, ils ont été multipliés par quatre chez Karos par rapport à un jour normal de novembre et par dix par rapport à décembre 2018.

Même retour du côté de Blablalines, l'offre de court-voiturage lancée en 2017 par le leader du covoiturage Blablacar. Le 9 décembre, soit quatre jours après le début du mouvement de grève contre la réforme des retraites, la plateforme enregistrait un nombre record d'inscriptions: 20 fois plus que la moyenne quotidienne de 2019.

L'interruption des transports en commun s'est présentée comme "un élément déclencheur pour de nombreux Français qui se rendaient au travail en voiture et qui ont décidé d’ouvrir leurs portières par solidarité", analyse dans un communiqué Nicolas Brusson, CEO et co-fondateur de Blablacar

Des arguments séduisants 

Pour la plupart des passagers, l'intérêt reste de ne pas avoir à débourser un centime supplémentaire pour se déplacer. Pendant la grève, Ile-de-France Mobilités garantissait la gratuité des trajets. Ce dispositif reste actif en temps normal pour les titulaires d'un pass Navigo ou d'une carte Imagin’R et permet d'effectuer deux trajets par jour gratuitement, même le week-end. De quoi inciter un maximum d'usagers des transports en commun à tenter l'expérience du covoiturage.

Côté conducteur, il peut être également tentant de sortir de son autosolisme (la conduite seule d'un véhicule), avec un gain pouvant atteindre 4 euros par passager mais dans la limite de 150 euros par mois, une somme qui reste non-négligeable. 

La mise en relation entre conducteurs et passagers est également plus simple. En complément des options "transports en commun et "vélo" le calculateur d'itinéraires ViaNavigo propose également des trajets en covoiturage avec cinq opérateurs partenaires: Blablalines, Covoit'ici, Karos, Klaxit et OuiHop'.

Un nouveau public (définitivement) converti?

Reste à savoir si ces néo-covoitureurs resteront des pratiquants réguliers après la grève? Chez Karos, on est assez confiant avec environ deux utilisateurs sur trois qui avaient poursuivi leurs trajets communs en voiture après la grève perlée du printemps 2018. 

Blablalines observe déjà le maintien d'une activité plus forte depuis quelques jours et des perturbations beaucoup moins fréquentes dans les transports.

'Nos nouveaux inscrits continuent de covoiturer après la fin des perturbations. Ces changements de comportement sont un signe fort pour Blablalines, alors que 2020 sera une année décisive pour le développement du covoiturage domicile-travail avec la mise en application de la Loi d’orientation des mobilités (LOM)", explique Nicolas Brusson.

Ce nouveau cadre réglementaire qui doit entrer en application cette année prévoit notamment la création d'un forfait mobilité, permettant la prise en charge par les entreprises des frais de covoiturage des salariés jusqu’à 400 euros par an. De quoi apporter un complément aux subventions des collectivités qui soutiennent pour le moment le développement du covoiturage domicile-travail en France.

Julien Bonnet