Cette batterie "made in France" doit permettre de garder son vélo ou sa trottinette 10 ans

En pleine campagne pour faire partie des trois opérateurs de trottinettes en libre-service retenus par la mairie de Paris, le français Pony mise sur une nouvelle batterie, conçue et assemblée par une entreprise française pour améliorer la durabilité de ses véhicules.

Les trottinettes et vélos du français Pony vont bientôt pouvoir s'offrir de nouveaux poumons. L'opérateur de véhicules en libre-service, déjà présent à Angers et à Bordeaux, s'est en effet associé à une société bordelaise, Gouach, pour disposer en exclusivité d'une nouvelle génération de batteries, dont la durée de vie pourrait dépasser les 10 ans. Un réel progrès par rapport aux batteries qui équipent actuellement trottinettes et vélos à assistance électrique.

Des cellules lithium-ion interchangeables

"Nous sommes en train d'opérer une transition des vélos mécaniques, qui étaient au centre de notre offre à l'origine, vers les vélos et les trottinettes électriques qui ont des taux d'utilisation beaucoup plus élevés, en séduisant un public plus large, explique Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony. Le gros enjeu de ces nouvelles mobilités s'est de s'assurer qu'elles ne se font pas au détriment de l'environnement, qu'elles offrent une vraie alternative "propre" à la voiture individuelle".

De nombreuses études ont en effet pointé du doigt l'impact écologique problématique des batteries utilisées dans ces formes de micro-mobilité, semant le doute sur leur réel bilan environnemental. D'après Pony, "cette nouvelle génération de batteries va réduire l’empreinte carbone de 52% en moyenne", de quoi largement dépasser la durée de vie actuelle de ces réserves d'énergie, qui ne dépasse pas les trois ans.

"Dans les batteries standard, les cellules lithium-ion sont soudées entre elles, ce qui fait que la durée de vie du pack est limitée à celle de la cellule la moins durable. Quand la batterie est épuisée, on jette une batterie avec encore de nombreuses cellules en état de marche", résume Alexandre Valette, fondateur de Gouach. 

La batterie innovante dispose d'une durée de vie plus importante. © Gouach

Ce système de batterie permet donc de remplacer individuellement chaque cellule lithium-ion. Chacune prend la forme d'une grosse pile électrique et qui peut provenir d'un pack recyclé, de quoi passer d'une durée de vie d'à peine deux ans à plus de dix ans. Et si les cellules neuves sont toujours importées, l'assemblage et la fabrication des circuits imprimés sont réalisés en France.

"Dans l'automobile, le coût de la batterie est bien plus important et cette question de seconde vie s'est rapidement posée, souligne Alexandre Valette. Ce n'était pas le cas dans la micro-mobilité, avec des contraintes de coûts plus importantes qui ont poussé les fabricants à se tourner vers des solutions peu onéreuses et une électronique de gestion de la charge beaucoup moins développée. Cela a créé un cercle vicieux en poussant à surconsommer des batteries. Notre solution permet de voir la batterie comme une boîte et les cellules comme un consommable: la boîte on la garde le plus longtemps possible et les cellules ont les change si besoin."

Un passeport pour Paris?

Depuis quelques mois, trois vélos Pony exploitent déjà cette batterie Gouach à Bordeaux (Gironde) afin de les tester et recueillir des données.

"Entre six et huit trajets par jour, un stationnement le plus souvent à l'extérieur et de potentiels chocs réguliers: ce test fait figure d'épreuve du feu pour cette batterie", note le cofondateur de Pony.

La production de la batterie et du vélo qu'il équipera a démarré et le lancement est prévu pour septembre, avec 500 exemplaires déployés à Bordeaux. A terme, c'est l'ensemble de la flotte de l'opérateur qui utilisera ce nouveau vélo. Avant de conquérir peut-être d'autres villes...

Associé à son modèle innovant, qui couple achat par un particulier et location en libre-service, Pony compte clairement sur cette batterie pour améliorer la durabilité de ses véhicules. Cet argument pourrait faire mouche auprès de la mairie de Paris, qui ne doit retenir début juin que trois opérateurs de trottinettes en libre-service pour toute la capitale et a clairement fait du respect de l'environnement l'un de ses critères de choix. 

Julien Bonnet