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Ces vraies fausses Peugeot qui roulent en Iran

Depuis le départ du constructeur français fin 2018, suite aux sanctions américaines, ses partenaires locaux continuent de produire des Peugeot sans licence pour servir le marché iranien.

Le succès de Peugeot ne se dément pas en Iran. Même si le constructeur n’y vend plus de voitures. Illustres Peugeot 405, vieilles 206, et depuis l’année dernière, Peugeot de contrefaçon flambant neuves pullulent sur les routes iraniennes comme dans les rues de Téhéran.

Suite aux sanctions américaines en octobre 2018, la production automobile iranienne s’est effondrée. De 120.000 voitures produites par mois, elle a chuté à 60.000 voitures sorties des usines du pays en août. La plupart des constructeurs occidentaux ont quitté le pays, en premier lieu Peugeot. La marque française a perdu l’équivalent de 443.000 ventes annuelles, suite à ce départ. Et sur place, ce sont de fausses Peugeot qui circulent.

Une production sans licence

Les partenaires locaux de Peugeot ont en effet choisi de poursuivre la production, en fabriquant les mêmes modèles sans licence. Peugeot laisse faire, et tente surtout de préserver les bons rapports avec ses partenaires sur place, au cas où. Lorsque le constructeur avait quitté le pays une première fois au début des années 2010, déjà suite à des sanctions américaines, les Iraniens avaient vécu ce départ comme un abandon.

"Après les sanctions [d’octobre 2018, ndlr], Peugeot est parti d’un coup, confie au micro de BFMTV Mahdi Khalili, directeur d’usine chez l’équipementier auto BSA. Nous avions besoin d’eux pour développer les projets, mais nous avions de l’expérience, nous leur avons dit que nous pouvions aller de l’avant tout seuls".

Une qualité médiocre

Mais les clients ne sont pas forcément heureux du résultat. Les Peugeot made in Iran n’ont pas d’airbag, ou pas de radar de recul, contrairement à ceux produits directement avec le constructeur jusqu’à fin 2017.

"Ici, regardez il n’y a plus de jantes en aluminium, ce ne sont que du plastique", explique Mostafa Hashemi, concessionnaire automobile à Téhéran. Les voitures se détériorent aussi plus rapidement. "Moi je serai content quand les voitures Peugeot seront toutes remplacées par des voitures coréennes", conclut Ahmed Rahmi, garagiste à Téhéran.

Alors qu’ils avaient 40% de la production iranienne en 2017, selon des données du spécialiste Inovev, les constructeurs français ne réalisent plus que 26% de la production cette année. Les marques chinoises occupent elles 20% du marché, les Coréens 4%. Lors de son retour en 2016, PSA espérait vendre 1 million de voitures en Iran à l’horizon 2025. Grâce à la production iranienne en 2017, la Peugeot 405 pourtant sortie en 1987 était l’un des modèles les plus vendus. Grâce au marché iranien.

Pauline Ducamp, avec Antoine Heulard