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Ce que va changer l'inclusion des trottinettes dans le code de la route

Les trottinettes et autres engins de déplacement personnel vont faire leur entrée dans le Code de la route

Les trottinettes et autres engins de déplacement personnel vont faire leur entrée dans le Code de la route - AFP

Pour les professionnels de la trottinette électrique et des autres engins de déplacement personnel comme les gyroroues, l'entrée dans le Code de la route de ce type de véhicules va permettre d'améliorer le développement de l'écosystème des nouvelles formes de mobilité et éviter les comportements dangereux.

"Ce n'est pas tous les jours qu'une nouvelle catégorie de véhicules fait son entrée dans le Code la route!". Pour Grégoire Hénin, vice-président de Fédération des professionnels de la micro-mobilité (FPMM), l'annonce par la ministre des Transports de la mise en place d'un cadre réglementaire autour des trottinettes, et plus généralement des engins de déplacement personnel (EDP), va clairement dans le bon sens.

Faire changer les comportements dès maintenant

"Cela légitime l'utilisation des EDP comme solution de mobilité urbaine", estime ce représentant de l'association créée il y a un an et demi pour regrouper les acteurs le l'électro-mobilité.

Si l'intégration de ces engins au Code de la route se fera après l'adoption de la loi d'orientation de mobilité, prévue pour le premier semestre 2019, la simple annonce d'Elisabeth Borne devrait déjà avoir des effets positifs à court terme, en amorçant un changement des comportements:

"L'interdiction d'utiliser les trottoirs pour les engins motorisés est une bonne nouvelle, souligne Grégoire Hénin. Et, en attendant la loi, cela va faire passer le message que les utilisateurs doivent plutôt utiliser les pistes cyclables ou la route."
"Si l’on prend en compte la vitesse, la puissance, les trottinettes sont au même niveau que les vélos électriques. Elles ont donc toute leur place sur la route", estime également Charles de la Tour d’Auvergne, directeur au sein du cabinet PwC en charge des nouvelles mobilités.

Pédagogie plutôt que répression

Pour la sécurité des utilisateurs d'EDP, la FPMM encourage le port du casque mais ne souhaite pas qu'il devienne obligatoire. "Cela aurait un impact négatif sur le business", reconnaît Grégoire Hénin. Comme pour les vélos, on pourrait donc avoir un port du casque imposé aux moins de 12 ans mais pas obligatoire par la suite.

Pas question toutefois de partager exactement les mêmes règles que pour les cycles:

"Les vélos doivent par exemple avoir un marquage lumineux à l'arrière, visible par un conducteur de voiture, ce qui paraît moins envisageable techniquement sur une trottinette, qui devrait tout de même avoir une signalisation obligatoire à l'avant", explique Grégoire Hénin, qui met en avant la nécessité d'une "réglementation spécifique pour encourager l'adoption des EDP".

Mais face à des accidents en hausse, notamment en Ile-de-France, la mise en place de règles doit également permettre de sanctionner les mauvais comportements. Cependant, pour Grégoire Hénin, "avant le volet répressif, il faut plutôt encourager la pédagogie". Une charte de bonne conduite est ainsi en préparation, en particulier pour former les vendeurs en magasin et pour inciter les services de location en libre-service (comme Lime et Bird à Paris) à éduquer des utilisateurs ponctuels. Un public qui serait, selon lui, plus susceptible de mal maîtriser les règles pour se déplacer en toute sécurité.

Des véhicules plus adaptés aux déplacements en ville

La FPMM travaille aussi sur la mise en place de la norme européenne qui doit fixer des règles pour les producteurs et revendeurs d'EDP comme les trottinettes et les gyro-roues. Alors qu'il est actuellement possible de trouver "tout et n'importe quoi", l'association plaide pour une vitesse limitée électroniquement à 25 km/h et un mode piéton qui bride l'engin à 6 km/h. Une manière de pouvoir continuer à utiliser les trottoirs comme les trottinettes mécaniques, qui resteraient assimilées à des piétons.

L'objectif de cette loi d'orientation des mobilités reste aussi de pousser les Français à adopter des modes de déplacement plus sobres pour se déplacer en ville. Mais aussi d'ajouter d'autres solutions pour ceux qui utilisent régulièrement les transports en commun.

"Le but, avec ces nouveaux engins de mobilité, est de réduire le CO2, la pollution dans les villes mais aussi de désengorger les transports en commun. Si une personne prend une trottinette pour deux stations au lieu de prendre le métro, cela fluidifie l’utilisation des transports", indique Charles de la Tour d’Auvergne.
Julien Bonnet