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Ce maire verbalise les automobilistes en infraction sur sa commune (et il en a le droit)

Le maire d'une petite ville près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a relaté dimanche sur Twitter qu'il venait de verbaliser un automobiliste en infraction sur le territoire de sa commune. Un récit qui a surpris sur les réseaux sociaux alors que l'élu local dispose bien des pouvoirs d'un officier de police judiciaire. Explications.

Le maire de Cébazat, une petite ville près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) est très étonné des réactions suscitées par un de ses derniers tweets. Alors qu'il rentrait chez lui dimanche soir dernier, il raconte avoir verbalisé un automobiliste qui venait de commettre plusieurs infractions sous ses yeux, dont l'emprunt d'une rue en sens interdit.

Pas question toutefois de jouer au cow-boy... ou plutôt au shérif, le pouvoir de policier du maire s'arrêtant au territoire de sa commune. Une réaction tout à fait normale selon lui et qu'il a l'habitude de pratiquer, a-t-il expliqué dans l'émission Bonsoir Bruce, diffusée sur les réseaux sociaux de BFMTV. 

"Les maires ne sont pas là pour faire la police toute la journée mais par contre ils ont des pouvoirs de police. Pour tout ce qui concerne le Code de la Route, ils peuvent intervenir, tous ne le font pas. En tout cas moi, depuis que je suis maire, c'est à dire depuis 2014, lorsque je constate des infractions graves ou des stationnement sur des places handicapées, je verbalise systématiquement, je n'accepte pas ce genre de comportements."

Lorsqu'il a constaté les infractions dimanche dernier, Flavien Neuvy n'a pas suivi l'automobiliste dans la rue en sens interdit. Il a retrouvé le véhicule, qui avait également grillé un feu rouge, garé un peu plus loin. Il a pris en note les différentes informations nécessaires et une fois rentré chez lui a utilisé son boîtier permettant de rédiger un PVe (un PV électronique) pour effectivement verbaliser le conducteur, qui sera par ailleurs convoqué à la mairie.

Faire preuve de prudence

Dans son véhicule personnel, avec femme et enfants, Flavien Neuvy explique avoir fait preuve de prudence pour ne pas se mettre en danger, comme il le fait habituellement dans ce type de situations. On se souvient en effet de la mort récente du maire de Signes (Var), décédé après avoir été renversé par un fourgon dont le conducteur tentait de décharger illégalement des gravats sur une voie privée. 

"Je me suis déjà senti en danger plus d'une fois. Je me souviens d'un épisode particulièrement tendu avec une voiture qui faisait n'importe quoi, dérapages et excès de vitesse, elle est passée devant moi j'étais à pied. Je lui ai fait signe de ralentir mais comme il ne réagissait pas j'ai eu le temps de sortir mon téléphone portable pour prendre une photo. Les personnes à bord ont vu que j'avais pris la photo, ont fait demi-tour et sont revenus vers moi à fond, ils sont descendus de la voiture. J'ai juste eu le temps de décliner mon identité, de sortir ma carte de maire et ça les a arrêtés mais ce jour-là je n'étais pas loin de prendre un mauvais coup", raconte Flavien Neuvy.

Toutes les réactions des automobilistes ne sont heureusement pas aussi agressives:

"Je me souviens d'un jeune qui ne me connaissait pas, il n'était pas originaire de la commune de Cébazat, il a bien cru que j'étais maire car je lui ai présenté ma carte mais il ne croyait pas que j'étais officier de police judiciaire. Je lui ai donc proposer de vérifier directement depuis son téléphone portable et il a finalement accepté de me présenter son permis et les papiers du véhicule."

Un signe distinctif à créer?

Si la carte de maire lui permet donc de fournir une preuve de sa fonction, il s'agit d'un simple document cartonné, qui peut facilement être pris pour un faux. Ce document reste néanmoins la seule possibilité pour un élu qui souhaite pouvoir exercer cette fonction de policier. "Cette carte ne peut être délivrée aux élus qui ne sont pas appelés à exercer des fonctions d’officier de police judiciaire", précise ainsi le site officiel de la préfecture du Rhône.

Si certains maires se sont étonnés du tweet de Flavien Neuvy, le parcours de ce dernier peut aussi expliquer son attachement à un certain respect des règles:

"J'ai été 16 ans gendarme et je reste toujours actuellement citoyen réserviste", nous a-t-il expliqué.

Il déplore toutefois la difficulté à exercer cette fonction d'officier de police. Il n'est par exemple pas possible pour un maire d'apposer une cocarde tricolore derrière le pare-brise de son véhicule. Un signe distinctif d'autorité qui permettrait d'afficher plus clairement aux citoyens appréhendés sa qualité d'élu et donc aussi de policier.

Julien Bonnet