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Carburants: pourquoi les prix à la pompe commencent déjà à monter

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- - Pascal Guyot - AFP

Le gouvernement français demande aux pétroliers une certaine "modération". Le collectif des "Gilets jaunes citoyens" réclame un "gel immédiat" des prix des carburants et lance une pétition pour soutenir sa demande. Pourtant, les prix grimpent déjà. Explications.

L'effet d'aubaine est sous la surveillance de Bercy et de la répression des fraudes. Le ministère de l'Economie et la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) semblent craindre que les tensions sur le prix du baril causés par le bombardement ce dimanche des sites pétroliers saoudiens provoquent une flambée des prix opportuniste.

Selon Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, les distributeurs pourraient profiter de la situation pour vendre au prix fort un carburant qu'ils ont acheté à un tarif normal afin de gonfler leurs marges. Ce mardi matin sur BFM Business, elle a prévenu les détaillants que des contrôles seront faits "pour s'assurer qu'il n'y (ait) pas un effet (...) d'aubaine".

"On appelle les pétroliers à la modération sur l'augmentation des prix (...) Je rappelle qu'on est au niveau du pétrole de mai dernier et en l'état nous ne sommes pas dans une crise telle que nous l'avons connue en 2008 avec des prix qui avoisinaient les 150 dollars", a indiqué ce matin sur France Info le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Anticiper les écarts entre l'offre et la demande

L'inquiétude est d'autant plus légitime que, depuis hier, le spectre d'un nouveau choc pétrolier est agité par les représentant du secteur. Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP) a prévenu, notamment sur BFMTV, que la hausse de 10% du baril (de 60 à 66 dollars, feront augmenter les prix à la pompe de 4 à 5 centimes dans les prochains jours.

Pour le consommateurs, cette augmentation est d'autant plus dure à avaler que la hausse portera donc sur du carburant acheté au tarif d'avant la crise. Le baril à 66 dollars ne sera dans les pompes de nos stations-service que dans 45 jours, le délai nécessaire pour l'acheminer et le raffiner.

"Les grandes sociétés répercutent au jour le jour l'évolution des prix sur le marché de Rotterdam sur l'essence et le gazole", explique Francis Duseux.

Explication de ce phénomène: les hausses sur l'essence, le gazole et le fioul domestique ne sont pas directement liées à celles du brut. Le marché de Rotterdam anticipe le delta qu'il pourrait y avoir entre l'offre et la demande. Ainsi, plus les consommateurs (particuliers et professionnels) s'inquiéteront de possibles hausses, plus ils feront des stocks et plus les prix grimperont pour répondre à l'augmentation de la demande. C'est ce qui explique que malheureusement et paradoxalement, quand le brut baisse, les prix ne baissent pas à la pompe aussi vite. Mais dans le cas contraire, la hausse se fait plus brutalement. 

Prix de l'essence
Prix de l'essence © Capture carbu.com

Les "Gilets Jaunes Citoyens" réclament un gel des prix

Le comparateur de prix Carbu.com" confirme le bon fonctionnement de ce mécanisme. Les prix moyens à la pompe ont déjà commencé à grimper: +0.9 cts pour le sans plomb 98, +0,8 cts pour le 95 et +1,5 cts pour le gazole. Ces hausses sont d'autant plus étonnantes que le 10 septembre, carbu.com constatait que "les prix des carburants sont restés à la baisse et semblent se stabiliser à l'heure (...) au regard d'un marché du brut qui s'inscrit à la hausse".

Même constat sur le site "mon-essence.fr" qui a constaté des hausses dès lundi, soit quelques heures après les attaques de drones en Arabie saoudite. Ce mardi matin à Paris, les prix du gazole vont de 1,448 euros (Leclerc) à 1,668 euros (Agip). L'E10 va de 1,493 euros (Leclerc) à 1,789 (BP). A Lyon, les prix vont de 1,384 euros (Carrefour) à 1,548 euros (Total) pour le gazole et de 1,412 euros 1,562 euros pour l'E10.

Déjà, ces hausses provoquent des réactions. Le collectif des "Gilets jaunes citoyens" a déjà réclamé un "gel immédiat" des prix des carburants et lancé une pétition de soutien à son initiative visant à freiner les effets de la flambée des cours du pétrole. Ce collectif rappelle que "le mouvement des Gilets Jaunes fait suite à la hausse des prix du carburant de 2018". Depuis un an, le prix à la pompe a baissé et 4 à 5 centimes, mais les récents événements pourraient le faire remonter d'autant.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco