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Bonus revalorisé, prime à la casse... comment le gouvernement pourrait relancer la vente de voitures

Comment relancer le marché automobile après le 11 mai? Cette question est au coeur des discussions entre les professionnels du secteur et le gouvernement.

Comment relancer le marché automobile après le 11 mai? Cette question est au coeur des discussions entre les professionnels du secteur et le gouvernement. - FRANCOIS LO PRESTI / AFP

La semaine dernière, Bruno Le Maire évoquait "des aides fiscales" pour relancer l’auto. Bonus, prime à la conversion, prime limitée dans le temps, le débat oscille entre soutien à la mobilité verte et relance tous azimuts de l’achat de voitures.

Comment relancer le marché automobile après le 11 mai? Cette question est au coeur des discussions entre les professionnels du secteur et le gouvernement. Si aucune décision n’a encore été arrêtée, l’idée d’aides fiscales pour soutenir le marché semble faire son chemin.

Des aides fiscales pour acheter une voiture électrique?

"On pourra se poser la question de la TVA en ce qui concerne la rénovation thermique mais aussi des initiatives dans l’automobile", précisait le 16 avril sur BFMTV le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Reste à définir le périmètre de ces aides fiscales. Le gouvernement semble privilégier une aide sur le véhicule électrique.

"Il y a fort à parier qu'après la crise les ménages seront prudents. Il faudra des incitations à la demande et à la consommation. Pourquoi ne pas envisager une incitation pour acheter un véhicule électrique pour qu'il y ait à la fois redémarrage de l'économie mais aussi une croissance durable et verte", ajoutait Bruno Le Maire.

Actuellement, le bonus est toujours de 6000 euros pour les particuliers, mais il n’est que de 3000 euros cette année pour les professionnels. Or les entreprises sont nombreuses à connaitre des difficultés économiques.

"Dans la loi de Finances 2020, le gouvernement a en gros divisé par deux l'aide pour les achats d'électriques pour les véhicules de sociétés, ce qui concerne donc la moitié du marché du neuf. Ça je pense qu'il faudrait le remettre sur la table", nous explique ainsi Matthieu Orphelin, député ex-LREM.

Pour cet ancien conseiller de Nicolas Hulot, qui a travaillé comme conseiller sur la mise en place du bonus-malus en 2008, il faut aller plus loin:

"Il faut renforcer tous les dispositifs de soutien aux véhicules les plus légers, les moins émetteurs de CO2, de polluants, les moins consommateurs de diesel et d'essence, en ciblant les ménages modestes et les classes moyennes, poursuit le député. Tout cela me paraît de très bon aloi pour aider les constructeurs dans cette période et en échange des contreparties environnementales très importantes."

Le retour de la prime à la conversion?

Les représentants des constructeurs demandent aussi à ce que le périmètre de la prime ne se résume pas à la voiture électrique. Une demande relayée dans Les Echos par l’ancien ministre Luc Châtel, président de leur syndicat de filière, la PFA. "Nous demandons également l'élargissement de ces aides aux véhicules hybrides rechargeables", expliquait Luc Châtel.

Et plutôt qu’une prime à la casse, beaucoup évoquent la prime à la conversion, première version, quand elle subventionnait aussi l’achat d’une voiture thermique récente, voire d’occasion.

"Tout d'abord, il importe de stimuler la demande à court terme. Nous préconisons de nous appuyer sur les dispositifs existants, en particulier la prime à la conversion, demande ainsi Luc Chatel. Il ne s'agit pas d'avancer des montants dès maintenant, mais nous proposons d'élargir le public potentiel et l'impact de la prime, sur une durée limitée, de quelques mois par exemple, avec une sortie en sifflet".

La question du financement 

Certains constructeurs ne se montrent en effet pas favorables à l'instauration d'une prime à la casse version 2008. Le directeur de Hyundai Motors France Lionel French-Keogh nous expliquait ainsi qu’un dispositif trop large favorise surtout les petites voitures, sur lesquelles les marques ne font pas forcément de marge.

"Il faut aller vers une aide qui relance le marché tout en incitant l’achat de véhicules plus écologiques", et donc prendre en compte également les voitures hybrides dans le périmètre des aides, nous expliquait-il.

C’est ce que demande aussi un grand constructeur français, comme le soulignait Matthieu Orphelin dans un tweet cette semaine. Car avec la relance d’un secteur, les constructeurs veulent aussi pouvoir respecter les normes européennes très risquées en matière de CO2. Et donc vendre des véhicules à faibles émissions pour éviter les amendes. Reste cependant une inconnue à l'équation. En cette période de crise économique, quel budget l'Etat sera-t-il en mesure de mettre sur la table? 

Pauline Ducamp