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Bientôt des pistes cyclables provisoires à Paris? Le vélo, solution privilégiée pour se déplacer après le confinement

Une étude va être menée pour développer des pistes cyclables provisoires et encourager la pratique du vélo, à la place des transports en commun, à la sortie du confinement.

Le vélo plutôt que le métro pour se déplacer à la sortie du confinement, c’est une piste étudiée à Paris comme dans plusieurs grandes villes. Alors que l’un des enjeux du déconfinement sera d’éviter une nouvelle propagation du virus par des contacts trop rapprochés, par exemple dans les transports en commun, Pierre Serne ancien vice-président (EELV) de la région chargé des transports, administrateur d'Ile-de-France Mobilités et président du Club des villes et territoires cyclables, s’est vu confié une mission par la ministre des transports Elisabeth Borne: "recenser et appuyer les initiatives des collectivités" en matière de solutions de déplacement à vélo. Une piste qui intéresse beaucoup la mairie de Paris.

L’urbanisme tactique

"Tout le monde s'accorde à dire qu'après l'épidémie il y aura un rejet collectif des transports en commun, constate Pierre Serne dans Le Parisien ce mardi. Si on ne veut pas prendre le métro, le bus ou le car pour se rendre au travail par crainte de la contagion, il faudra bien qu'on puisse se déplacer. L’idée est de tester ces solutions avec tous ceux qui travaillent actuellement en période de confinement pour voir si elles fonctionnent et sont adaptées. Et éventuellement les ajuster".

Cette technique se nomme l’urbanisme tactique. Il s’agit de mettre en place de nouveaux aménagements urbains, provisoires, pour répondre aux besoins liées à la crise. Comme par exemple une nouvelle piste cyclable ou alors d’élargir une piste déjà existante en mordant sur la chaussée et l’espace dédié aux voitures pour accueillir plus de cyclistes tout en respectant les distances de sécurité.

Une étude belge pointait il y a quelques jours la nécessité de se tenir à 10 mètres derrière un vélo pour être protégé d’éventuelles projections. D’où la nécessité d’aménager les pistes cyclables en conséquence.

"Nous connaissons bien Pierre Serne, il est agent de la ville de Paris, souligne ce matin sur BFM Paris Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris. Et Christophe Najdovski qui est l’adjoint en charge des mobilités, travaille sur ce concept de l’urbanisme tactique, qui consiste à créer du provisoire pour répondre à des besoins liés à la crise".

Le Cerema revient d’ailleurs ce mardi sur son site internet sur plusieurs initiatives à Bogota (Colombie) ou Berlin (Allemagne). Des pistes provisoires ont ainsi été installées dans ces deux villes, le nombre de kilomètres de pistes a parfois été modifié comme à Bogota pour s’adapter aux besoins réels de la population. Le Cerema liste aussi le matériel nécessaire pour matérialiser ces pistes rapidement, avec par exemple des séparateurs modulaires de voie comme sur les chantiers de voirie. Si la municipalité n'a pas indiqué quels aménagements, ni quels lieux seront concernés, la ville de Paris étudie elle aussi la question depuis un certain temps.

"Accélérer le développement du vélo comme pratique de mobilité"

"Concrètement en matière de mobilité cyclable, il y a beaucoup de villes dans le monde qui, à l’occasion des desserrements des confinement, pour éviter que les gens retournent dans les transports en commun de façon trop massive en même temps, créent des pistes cyclables provisoires qui permettent d’accélérer le développement du vélo comme pratique de mobilité, poursuit Emmanuel Grégoire. On y travaille depuis déjà un certain temps, on aura l’occasion de le préciser dans les semaines à venir mais oui, c’est clairement une option qui est sur la table.”

Lors des grèves en décembre dernier, la pratique du vélo avait fortement augmenté, avec des pistes cyclables parfois saturées aux heures de pointes. Avec à côté des pistes un trafic automobile englué dans les embouteillages. La situation est actuellement bien différente avec un trafic routier quasi inexistant depuis le 17 mars dans les grandes agglomérations, et notamment en Ile-de-France et à Paris.

Aménager des pistes cyclables en plus grand nombre, plus larges, offrirait une alternative au recours à la voiture, option facilitée en cette période de très faible trafic. En Chine, le boom récent des ventes de voitures neuves montrait que les habitants des grandes villes craignaient de prendre les transports en commun et comptaient plus utiliser la voiture pour se prémunir du virus.

Plutôt que l’automobile, le gouvernement adopte une autre vision soutenant son plan de développement du vélo, comme le précise Pierre Serne sur son compte Twitter: "Affronter la crise en développant un mode de déplacement vertueux, le vélo" .

Comme à Paris, les élus de la ville de Montpellier (Hérault) ont étudié la possibilité d’installer de nouvelles pistes cyclables, provisoires, afin d’offrir d’autres solutions de mobilité. Le 12 avril, le maire de Montpellier divers gauche Philippe Saurrel a annoncé via son compte Twitter la mise en place de pistes cyclables provisoires, notamment à destination des hôpitaux, après des discussions avec l'association Vélocité, comme le précise le journaliste du Monde Olivier Razemon sur son blog. "La ville sans circulation automobile nous permet d'envisager, de réduire la discontinuité cyclable", écrit le maire de Montpellier dans un tweet.

Pauline Ducamp