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Baisse de la vitesse à 80km/h, c'est officiel

Le décret abaissant la vitesse à 80km/h est paru ce dimanche 17 juin. La mesure sera effective le 1er juillet.

Le décret abaissant la vitesse à 80km/h est paru ce dimanche 17 juin. La mesure sera effective le 1er juillet. - Sébastien Bozon - FP

Le passage de la vitesse de 90 à 80km/h entrera en vigueur le dimanche 1er juillet. Cette mesure concerne près de 400.000 kilomètres de routes nationales et départementales, selon le gouvernement.

Le passage aux 80km/h aura donc bien lieu le 1er juillet. Le décret d'application abaissant de 90 à 80 km/h la vitesse maximale autorisée, sur 400.000 kilomètres de routes secondaires, a été publié dans la nuit de samedi à dimanche au Journal officiel, après des mois de controverse. Il reprend le cadre défini par le Premier ministre Edouard Philippe le 9 janvier, lors de la présentation de son grand plan de sécurité routière.

Quelles routes sont concernées?

Cette limitation de vitesse s'appliquera sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central (muret, glissière), soit 40% du réseau routier français. Source de sempiternelles querelles, cette mesure vise à réduire la mortalité routière qui, après le plus-bas historique de 2013 (3.427 morts, métropole et Outremer confondus), est repartie à la hausse entre 2014 et 2016. Cette tendance s'est inversée en 2017 (3.684 morts, -1,4% par rapport à 2016).

Tous les usagers à 80km/h

A compter du 1er juillet, tous les véhicules et conducteurs sont visés par la nouvelle limitation. Il n'y a donc aucun changement pour les poids lourds et les conducteurs novices, déjà limités à 80 km/h. Les opposants au 80 km/h considèrent notamment comme dangereuse cette uniformisation de la vitesse maximale autorisée car, selon eux, le différentiel de 10 km/h avec les poids lourds permettait de les dépasser plus facilement et plus sûrement. Par temps de pluie, la limitation reste à 80 km/h.

Des zones de dépassement à 90km/h

Si la vitesse maximale de 80km/h devient la règle, certaines portions de routes nationales et départementales à chaussée unique resteront à 90km/h. Ce sont les zones de dépassement, quand la voie se dédouble pendant quelques centaines de mètres.

"Toutefois, sur les sections de ces routes comportant au moins deux voies affectées à un même sens de circulation, la vitesse maximale est relevée à 90 km/h sur ces seules voies", peut-on lire dans le décret.

Dès que la route repassera sur une seule voie dans chaque sens de circulation, la limitation repassera à 80km/h. Les autres routes à séparateur central restent elles bien à 90 km/h.

11.000 nouveaux panneaux

Pour aider les automobilistes à s’y retrouver, des panneaux "80" vont donc être installés. Cependant, si au départ le chiffre de 20.000 nouveaux panneaux était évoqué, il faudrait plutôt compter sur l’installation de 11.000 panneaux "80", nous confiait cette semaine la sécurité routière. Le 80km/h devenant la règle, pas besoin de modifier tous les panneaux.

Ce choix permettrait aussi de ne pas faire peser trop lourdement sur les finances locales une décision prise au niveau du gouvernement. Les routes concernées par les 80km/h sont en majorité gérées par les départements. Le ministère de l'Intérieur estime que ces changements de panneaux couteront au maximum 12 millions d'euros.

Les trois quarts des Français opposés à la baisse de la vitesse

Cette mesure suscite une vive contestation de la part d'associations d'automobilistes et de motards, d'élus locaux et même de ministres doutant de son efficacité. Dans un sondage publié en avril, 76% des Français s'y déclaraient opposés. Conscient du tollé qu'il allait susciter, le Premier ministre Edouard Philippe s'est toujours dit "prêt à assumer l'impopularité" de cette disposition qui permettra, selon lui, de sauver 300 à 400 vies par an.

"Réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes françaises est un véritable enjeu de politique publique", a ainsi répété le 18 mai Edouard Philippe, alors que la veille, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait préféré brandir un "joker" quand un élu l'avait interrogé sur le sujet. Conformément à ce qu’a annoncé Emmanuel Macron en avril, la mesure sera évaluée en 2020. Face à la colère de leurs administrés, des sénateurs ont créé un groupe de travail pour évaluer "l'utilité et l'efficacité" de la mesure. Ils préconisaient une application "décentralisée et ciblée", avec des routes limitées à 80 km/h choisies au niveau des départements en fonction de leur dangerosité. L'option n'a pas été retenue par le gouvernement.

Pauline Ducamp, avec AFP