BFM Business
Auto

Automobile: la prime à la conversion victime de son succès

Image d'illustration -  A la fin août, 150.000 primes à la conversion avaient déjà été versées.

Image d'illustration - A la fin août, 150.000 primes à la conversion avaient déjà été versées. - FRANK PERRY / AFP

170.000 primes ont été signées depuis le début de l'année, dépassant déjà de 70% l’objectif du ministère de la Transition écologique et solidaire pour 2018. Face à l'engouement, le gouvernement n'arrive pas à suivre avec des paiements bloqués depuis le 31 mai.

Tout ou rien. Alors que la prime à la conversion lancée par Ségolène Royal avait touché à peine quelques centaines d’automobilistes, le dispositif du même nom lancé début janvier par l’ancien ministre Nicolas Hulot fait carton plein. A mi-septembre, 170.000 dossiers de prime à la conversion avaient été déposés, soit 70% de plus que l’objectif initialement fixé de 100.000 primes versées cette année.

250.000 primes versées d’ici la fin de l’année

"C’est une mesure importante, qui marche beaucoup mieux que ce qu’on pensait", a résumé ce jeudi le Premier ministre Edouard Philippe sur France Inter. D’ici la fin de l’année, le gouvernement pourrait avoir en effet signé la moitié des primes prévues pour l’intégralité du quinquennat.

"C’était un pari, et il est gagné, d’abord parce que nous allons atteindre sans doute d’ici la fin de l’année la moitié de l’objectif que nous nous étions fixés pour cinq ans, soit 250.000 véhicules achetés grâce à cette prime à la conversion", résumait le 12 septembre le ministre de la Transition énergétique et solidaire François de Rugy, lors de la séance de questions au gouvernement.

Des délais qui s’allongent pour toucher la prime

Mais devant un tel engouement, le gouvernement n'arrive plus à suivre. L'agence de service et de paiement (ASP) qui assure les versements pour différentes aides reconnaît "qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses", indique un article du Parisien, avec des versements suspendus depuis le 31 mai. Du côté de Matignon, on conteste tout problème budgétaire, en assurant que tous les dossiers validés seront bien payés.

Mais au delà des particuliers concernées, le média professionnel L’argus, comme de nombreux quotidiens locaux, rapporte également la grogne des concessionnaires. Ils avancent en effet la prime à leurs clients, et peinent donc à se faire rembourser. 

"Certains concessionnaires ont avancé jusqu’à 600 000 euros, voire 800 000 euros, pour la prime à la conversion. Il y a eu des cas vraiment critiques, où nous avons fait remonter un numéro de Siret, en expliquant que la situation était intolérable", alertait déjà le 15 juin Fabien Bonadeo, secrétaire général au sein du CNPA.

Toucher un nouveau public

Tous les acheteurs d’une voiture neuve ou d’occasion Crit’Air 0, 1 et 2 (produite après 2010), à moins de 130 grammes de CO2 par kilomètre peuvent bénéficier d’une prime de 1000 euros, s’ils mettent à la casse une vieille voiture (diesel d’avant 2001, et essence d’avant 1997). La prime grimpe à 2500 euros pour une voiture électrique et s'applique aussi aux deux-roues.

En moyenne depuis janvier, la prime s’élève à 1700 euros. 70% des bénéficiaires sont en effet des ménages non-imposables, dont la prime pouvait atteindre 2000 euros.

"La prime de 2000 euros versée aux foyers non imposables a représenté deux tiers des achats, avec un prix moyen qui se situe autour des 20 000 euros. C’est inférieur à notre prix moyen de vente qui s’élève à 23 600 euros. Mais il s’agit d’une clientèle que nous n’aurions peut-être pas touché sans la prime", explique Eric Bataille, directeur d’Auto JM dans le Doubs, lors du Club Argus du 15 juin.

Le succès de cette prime à la conversion s’explique notamment car elle concerne aussi les voitures d’occasion, ce qui permet de toucher un beaucoup plus grand nombre de consommateurs. Selon des professionnels intervenus lors du Club Argus, 15% à 20% des ventes d’occasion relevaient du dispositif de la prime à la conversion.

Un renouvellement du parc

Au printemps dernier, le ministère de la Transition énergétique avait donné discrètement quelques éléments sur les voitures acquises, à la place des 80% de vieux diesel mis à la casse. Et il semblerait bien que ce soit des diesel plus récents, logiquement favorisés par la limite à 130 grammes de CO2. Un diesel émet en effet moins de CO2 qu’un moteur essence. Plus récents, ces diesel récents (7 ans maximum) sont potentiellement moins polluants, mais donne un message contradictoire au regard de ceux portés par la maire de Paris Anne Hidalgo par exemple. Le député Damien Pichereau soulevait ainsi l'idée à l'Assemblée de prendre mieux en compte les autres types de polluants (particules fines, dioxyde d'azote).

Pauline Ducamp et Julien Bonnet