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Automobile: 25 ans de primes et d'aides de l'Etat

Emmanuel Macron a dévoilé mardi dernier un grand plan d'aides au secteur automobile. Depuis 1994, l'Etat aide régulièrement à coups de primes à la casse et de bonus un secteur en difficulté de manière cyclique.

Jusqu’à 12.000 euros de primes pour changer de voiture, c’est ce que propose le gouvernement pour relancer le marché automobile. Un grand plan d’aide au secteur automobile a été annoncé ce mardi par Emmanuel Macron, une spécialité française depuis 25 ans, à chaque crise structurelle ou conjoncturelle d’un secteur économique très cyclique.

Balladurette, Jupette, prime à la casse

Les premières aides sont apparues en 1994. Edouard Balladur était alors premier ministre. On les a donc vite baptisées les Balladurettes. A l’époque si vous aviez une voiture de plus de dix ans et que vous en achetiez un neuve, vous aviez droit à 5000 francs d’aide. En prenant en compte l’inflation, ça équivaut à 1100 euros aujourd’hui.

Cette aide est encore améliorée sous Alain Juppé. La jupette passe à 7000 francs pour les grosses berlines et il suffit d’avoir une voiture d’au moins huit ans à mettre à la casse pour en profiter. Et tout cela va durer jusqu’à l’automne 1996.

Prime à la casse
Prime à la casse © BFMTV

Il faudra ensuite attendre la crise de 2008/2009, pour voir réapparaitre un nouveau coup de pouce… plus sophistiqué. Avec une prime à la casse de 1000 euros mais uniquement pour acheter des voitures qui consomment relativement peu. Et un système de bonus malus qui à l’époque permet d’économiser jusqu’à 1000 euros. Le système a été maintenu par la suite, avec des niveaux plus ou moins importants. Sachant que le record pour l’aide a été atteint en 2015: 10.000 euros de super bonus pour acheter une voiture électrique.

Un marché automobile biaisé?

Cette succession de primes laisse entrevoir une certaine dépendance du marché français aux primes à la casse et aux plans de relance. En examinant l’évolution des ventes juste après la crise de 2009, après la prime, c’est la déprime. Dès 2011, quand la prime à la casse disparaît, les ventes commencent à fléchir et vont ensuite baisser d’année en année. En 2013, la gap est impressionnant; un demi million de voitures neuves vendues en moins par rapport à 2009, soit une chute de 23%.

Age du parc automobile
Age du parc automobile © BFMTV

Une partie des achats a en effet été anticipé grâce à la prime. La voiture que des consommateurs voulaient changer en 2010 ou 2011 a en fait été achetée en 2009. En ne prenant en compte que les achats des particuliers dans les ventes de voitures, 60% des modèles achetés cette année-là l’ont été sans aide et donc 40% avec ce coup de pouce de 1000 euros.

L’autre risque des aides est, qu’à l’inverse, quand elles disparaissent, les automobilistes se disent qu’ils ont intérêt d’attendre un nouveau soutien étatique. Ou ils demandent aux concessionnaires de faire des efforts, en leur accordant des ristournes. Ce qui, soit dit en passant, marche très bien aujourd’hui.

Un parc automobile de plus en plus vieux

Avec ces primes régulières, on pourrait s’attendre à disposer d’un parc automobile assez jeune. Mais en réalité, le parc automobile n’a pas cessé de vieillir depuis l’instauration de la première prime à la casse. En 1995, l’âge moyen d’une voiture française était de six ans et demi. Aujourd’hui il atteint 4 ans de plus.

Age
Age © BFMTV

Les voitures de meilleure qualité que dans les années 80-90 durent plus longtemps. De plus, les particuliers qui s'offre un véhicule sont de moins en moins nombreux. Près d’une voiture neuve sur deux est aujourd’hui achetée par une entreprise, selon des chiffres de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile. Donc en France on roule de plus en plus d’occasion. Et du coup, les voitures de plus de dix ans sont encore plus nombreuses aujourd’hui qu’en 2010. Près d’une voiture sur deux en France a plus de 10 ans.

Pierre Kupferman, avec Pauline Ducamp