À quoi ont servi les 864 millions d'euros récoltés par les radars automatiques en 2018?
Alors que les radars de vitesse ont été victimes ces derniers temps d'une vague exceptionnelle de dégradations, ils restent une source de revenus importantes pour l'Etat. Au total, ils ont rapporté 864,4 millions d'euros en 2018, sur un total de 1,75 milliard d'euros d'amendes routières, note un rapport officiel annexé au Projet de loi de finances de l’année 2020 qui, pour la troisième année consécutive, s'intéresse à l'allocation de cette somme.
80% des recettes "profitent" aux automobilistes
"Les recettes générées par les radars sont réparties entre trois destinataires: l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF), les collectivités territoriales, la Délégation à la sécurité routière (DSR). En 2018, ces trois institutions ont reçu respectivement 243,1 millions d'euros, 171,3 millions d'euros et 269,6 millions d'euros", indique le communiqué de la Sécurité routière.
L'AFITF s'occupe du financement des projets d’infrastructures nationales. "En 2018, au sein d’un budget de 2,23 milliards d’euros, l’AFITF a consacré 942 millions d'euros afin d’améliorer le réseau existant, dont plus d’un quart, 243,1 millions d'euros, proviennent des recettes issues du contrôle automatisé", note le document. Parmi les multiples opérations financées par cette agence, on peut citer le bitumage du réseau routier national, avec un budget qui s’élevait en 2018 à près de 370 millions d'euros.
Les collectivités territoriales ont de leurs côtés reçu un total de 603,4 millions d'euros grâce au produit des amendes, dont 171,3 millions d'euros (28%) liées aux amendes issues des contrôles automatisés.
La somme la plus importante provenant des recettes des radars en 2018, 269,6 millions d'euros, est quant à elle dédiée au fonctionnement même du système de contrôles automatisés: déploiement de nouvelles cabines et entretien du réseau existant mais aussi financement du dispositif de gestion des points du permis de conduire et des campagnes de prévention.
Compenser la dépénalisation du stationnement
Le reste des recettes des radars, 180,4 millions d'euros, est alloué au désendettement de l'Etat. Un chiffre en hausse de 91,7 millions d'euros, qui a donc plus que doublé par rapport à 2017, et alors même que la Cour des Comptes remettait en question dans son rapport de l'an dernier ces "dépenses sans lien avec la sécurité routière".
La part des recettes des radars non-affectées directement à des dépenses de sécurité routière est ainsi passée de 8,8% en 2017 à 20,9% l'an dernier. Une conséquence de la dépénalisation du stationnement payant, explique le ministère de l'Intérieur. En effet, depuis le 1er janvier 2018, les FPS (forfait post-stationnement) ont remplacé les anciennes contraventions et l'ensemble des recettes vont désormais aux collectivités territoriales. Dans le même temps, ces dernières ont d'ailleurs récupéré près de 100 millions d'euros en moins sur les recettes liées aux radars cette année, soit une baisse de 36%.
Pour nuancer cette forte hausse de la somme allouée au désendettement de l'Etat (et ne pas de nouveau se faire taper sur les doigts par les Sages de la Cour des Comptes), la délégation à la sécurité routière insiste sur la forte progression des dépenses allouées à cette cause l'an dernier: en hausse de 88,7 millions d'euros.
Graphique (ci-dessous) à l'appui, le communiqué insiste ainsi sur le fait que "l’effort financier consacré par l’Etat à la sécurité routière (courbe en bleu, avec 3,7 milliards d'euros en 2018) a augmenté plus vite que les recettes du produit des amendes radars (courbe orange).