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A Paris, des habitants mobilisés pour le retour des feux rouges dans leur quartier

Dans le 14e arrondissement de Paris, des habitants du quartier Pernety manifestent ce lundi pour le retour des feux tricolores aux carrefours. Ils avaient été supprimés pour expérimentation par la mairie, avec l'objectif de faire ralentir les voitures.

Depuis un an, le quartier Pernety dans le 14e est devenu une zone sans feu tricolore. Dans le cadre d'une expérimentation menée entre novembre 2017 et juin dernier, six feux ont en effet été supprimés à des carrefours pour tenter de faire ralentir les automobilistes.

Des difficultés à traverser pour les riverains

Mais alors que la mairie souhaite pérenniser ce dispositif, des habitants du quartier se mobilisent. Les carrefours sans feux sont selon eux problématiques, notamment pour les personnes aveugles et mal-voyantes.

"Maintenant qu'il n'y a plus de feux, les voitures ne s'arrêtent plus complètement donc c'est au ralenti, on ne sait pas si on peut y aller", explique Catherine, malvoyante, à BFM Paris.

Désormais, cette Parisienne a perdu tous ses repères pour traverser la chaussée et ne peut plus utiliser sa télécommande qui permettait d'activer la sonorisation des feux pour savoir quand traverser. Catherine n'est pas la seule à être en difficulté depuis la suppression des feux, d'autant qu'un centre de formation dédié aux personnes aveugles et mal voyantes se trouve à proximité. Habitant du quartier depuis 7 ans, Thierry, lui aussi malvoyant estime avoir perdu en autonomie.

"Maintenant, je suis obligé d'attendre une aide ménagère, un passant, d'avoir de la famille qui m'accompagne. Ca entrave la liberté de circulation, tout simplement", résume ce Parisien. 

Pétition et "marche des piétons"

Dans le quartier, une pétition réclamant le retour des feux aux carrefours a rassemblé 1.500 signatures. Une "marche des piétons", soutenue par plusieurs associations aura lieu ce lundi avec pour mot d'ordre de "préserver les handicapés, les mal voyants, les enfants, les personnes vulnérables, les piétons et les riverains". 

L'expérimentation de la mairie de Paris s'appuie sur la volonté de fluidifier la circulation mais aussi d'améliorer la sécurité routière. Selon une étude du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), 14% des accidents en France surviennent en effet à des carrefours à feux.

Moins de pollution, selon la mairie

Les feux rouges sont aussi des facteurs de pollution, engendrée par les accélérations des automobilistes. Après un bilan et une évaluation menée avec le Cerema, la municipalité souligne les effets positifs de l'expérimentation. 

"On a constaté, ce n'est pas venu tout de suite au début de l'expérimentation, mais progressivement une diminution de la vitesse des automobilistes, une diminution également du bruit et une diminution de la pollution", assure Carine Petit, maire PS du 14e arrondissement. 

Selon une enquête de satisfaction menée dans le quartier, 54% des quelque 3.500 personnes interrogées se disent favorables ou très favorables à la suppression définitive des feux.

Mais Sylvie, qui gère plusieurs collectifs d'habitants du quartier, dément les explications de la mairie: "Il y a un accident qui vient de se produire parce qu'il n'y avait pas de feux. L'expérimentation a été mal menée, l'évaluation n'a pas été faite par un organisme indépendant. Les chiffres sont faux. Donc soit on repart à zéro, soit on remet les feux". 

Carole Blanchard avec Florian Chevallay, Maïmouna Barry