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80 km/h: les PV bénéficieront d'abord aux grands blessés de la route

Invité de BFM TV, le délégué interministériel à la sécurité routière est revenu sur le passage de la vitesse limitée de 90 à 80 km/h. Nombre d'amendes en forte hausse, réel impact sur le nombre de morts... Emmanuel Barbe défend la mesure et répond aux critiques.

Le passage à 80 km/h aurait doublé le nombre de flashs des radars automatiques au mois de juillet, premier mois d'application de la nouvelle limitation de vitesse sur une grande partie du réseau secondaire.

Un débat positif pour sensibiliser les Français

Invité de la matinale de BFM TV ce mercredi 1er août, Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, a souligné que s'il était encore trop tôt pour faire un bilan sur la réduction du nombre d'accidents, la communication autour de cette mesure avait déjà provoqué un effet depuis le début de l'année :

"Tout le débat très intense qui a eu lieu autour du 80 km/h a eu des effets assurément positifs sur la sécurité routière. Au mois de juin, on a fini avec 100 morts de moins par rapport à l'année précédente, 100 morts c'est considérable. Tout simplement parce qu'on a remis ce sujet en haut de l'actualité et qu'on a rappelé inlassablement 3.400 morts tous les ans, 10 morts par jour, 24.000 blessés graves."

Un surplus des recettes dédié aux grands blessés

Alors que les associations d'automobilistes évoquent une "machine à cash" plutôt qu'une vraie mesure de sécurité routière, Emmanuel Barbe a rappelé que "tous les surplus de recettes" liées au passage à 80 km/h "iront à un fond auquel pourront souscrire des hôpitaux qui réparent les grands blessés de la route". 

"Tous les ans, c'est 24.000 blessés de la route, il faut les soigner et il y a à peu près 10% d'entre eux qui restent invalides à vie. Cela a un coût pour la société qui est tout à fait considérable donc les histoires d'argent et de sécurité routière ce sont de faux arguments."

L'Etat dépense chaque année 3,7 milliards d'euros pour assurer sa mission de sécurité routière et la prise en charge des accidentés coûte 35 milliards d'euros à la collectivité, a affirmé Emmanuel Barbe, rappelant qu'il s'agit de sommes sans commune mesure avec ce que rapportera potentiellement le passage à 80 km/h. 

Il sera ainsi intéressant de voir quel montant sera accordé à l'amélioration de la prise en charge des blessés grave de la route, grâce à ce "surplus de recettes". A noter que dans son dernier rapport, la Cour des comptes avait une fois de plus dénoncé l'affectation des recettes en 2017 avec des dépenses sans lien avec la sécurité routière", avec 438,8 millions d'euros consacrés au désendettement de l'État.

Un comportement qui va naturellement s'améliorer

"Il faut que chacun se discipline: en juillet les gendarmes ont fait de la pédagogie, ils n'ont pas verbalisé. En revanche, les radars, on les a réglés comme il le faut. Nous pensons que cette mesure est efficace et il faut la mettre en vigueur le plus rapidement possible pour qu'elle porte ses effets donc les 250.000 personnes qui ont été flashées en plus vont faire attention et ne seront plus flashées", a souligné Emmanuel Barbe.

Un argument qui n'a pas vraiment convaincu Cédric Perrin, sénateur LR du Territoire de Belfort, pour qui l'expression "automobiliste-vache à lait" n'a jamais aussi porté son nom. Au-delà de la simple amende, l'élu évoque un nombre de retraits de permis également en forte hausse.

Julien Bonnet