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38% des Français ont pris conscience que la marche et le vélo étaient de bonnes alternatives

62% apprécient par exemple de passer moins de temps dans les transports, une proportion qui grimpe à 81% pour les personnes qui continuent leur activité en télétravail.

62% apprécient par exemple de passer moins de temps dans les transports, une proportion qui grimpe à 81% pour les personnes qui continuent leur activité en télétravail. - AFP

Si la plupart des Français sont invités à rester chez eux, les impératifs professionnels ou les sorties dérogatoires offrent tout de même de nombreuses occasions de se déplacer mais différemment. Une étude du forum Vies Mobiles s'intéresse à ces trajets du confinement et évoque les questions que suscitent l'après-11 mai.

Un trafic automobile de 15 août aux heures de pointe, des trottoirs et pistes cyclables bien moins fréquentés qu'en temps normal ou encore un ciel sans avion... le confinement mis en place depuis le 17 mars a très fortement réduit les déplacements des Français, c'est une évidence. Le cabinet Roland Berger estime ainsi que ces déplacements avaient chuté de 80% sur les deux premières semaines du confinement.

Mais le pays n'est pas totalement à l'arrêt, avec des déplacements réalisés pour travailler, faire des courses ou toute autre justification autorisée dans ce contexte. Le forum Vies Mobiles, un institut de recherche indépendant soutenu par la SNCF, s'est justement intéressé à ces déplacements très limités pendant le confinement, dans une étude* publiée cette semaine.

55% des Français ne sortent qu'une fois par semaine 

Premier constat, qui traduit cette situation inédite en temps de paix: une consigne de restez chez-soi "rigoureusement respectée".

"Plus d'un Français sur deux ne sort pas plus d’une fois par semaine (55 %). Plus encore, plus d’un Français sur cinq n’est jamais sorti de chez lui depuis le début du confinement (23 %)", souligne les auteurs de l'enquête menée du 3 au 8 avril dernier. 

Au passage, l'étude relativise la vague de départs vers d'autres logements comme des résidences secondaires. Seulement 4% des Français auraient changé de domicile avant le confinement mais près d'un quart (23%) aurait aimé pouvoir le faire, un chiffre qui grimpe à 39% à Paris.

Ce phénomène aurait donc a priori concerné principalement la capitale, avec 13% de la population, soit 285.000 personnes parties se confiner ailleurs, mais sans quitter pour autant l'Ile-de-France pour plus de la moitié, indique de son côté l'étude de Roland Berger.

Des déplacements principalement professionnels

Parmi la population active, 40% des Français ont arrêté de travailler pour rester à domicile et 33% sont passés en télétravail à temps complet (contre seulement 7% qui le pratiquaient occasionnellement ou régulièrement avant le confinement). 

27%, soit plus d'un quart de la population active, continuent cependant de se déplacer pour son travail. Parmi eux, 39% estiment pourtant que leur métier n'est pas lié au maintien des activités indispensables. Le lieu de vie joue aussi beaucoup sur la façon de vivre ce confinement: 

"Sans surprise, ce sont les habitants des grandes agglomérations et en particulier les habitants de la métropole parisienne qui souffrent le plus de la situation. Ils sont plus nombreux à vivre seuls (28% contre 11% en moyenne en France) et dans de petits appartements (28% vivent dans un deux pièces ou un studio contre 5%)."
FVM
FVM © Forum Vies mobiles

Logiquement, l'étude note une baisse drastique des "activités choisies" comme le sport ou les "activités sociales" alors que les "activités contraintes", courses alimentaires par exemple, se révèlent stables voire en augmentation.

FVM
FVM © Forum Vies Mobiles

Des envies de changement de mobilités

Dans cette période compliquée, certains Français en tirent toutefois un certain bienfait: "44% sont soulagés de ce ralentissement et 68% sont contents de pouvoir consacrer plus de temps à eux ainsi qu’à leurs proches". 

Une envie de ralentir que ce même think-tank soulignait au moment de la dernière grève des transports en région parisienne. Cette période avait déjà suscité de nombreuses questions sur la façon de se déplacer et de vivre en général. L'appel à la réflexion sur nos modes de vie se prolonge donc pendant cette crise sanitaire. 

62% apprécient par exemple de passer moins de temps dans les transports, une proportion qui grimpe à 81% pour les personnes qui continuent leur activité en télétravail.

Imaginer l'après-confinement donne donc des envies de changements aux Français, en particulier dans leurs manière de se déplacer: 38% déclarent avoir "pris conscience que leurs déplacements pourraient être faits davantage en proximité, à pied ou à vélo", ce qui se prépare déjà actuellement avec des aménagements cyclables provisoires.

Au-delà des déplacements du quotidien, cette situation aurait aussi accéléré les envies de déménagements avec 23% des Français concernés, "principalement pour avoir davantage accès aux espaces extérieurs et pour vivre en plus grande proximité de la nature". 

*Enquête conduite en ligne du 3 au 8 avril 2020 auprès d’un échantillon de 1500 personnes, représentatif de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans – dont 1052 personnes ayant participé à l’Enquête Nationale Mobilité et modes de Vie 2020, menée un an plus tôt par le Forum Vies Mobiles auprès de 13 201 personnes, permettant de comparer l’évolution de leurs pratiques de mobilité habituelle avant et pendant le confinement".

Julien Bonnet