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2020, année des éthylotests anti-démarrage?

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a appelé à une plus grande utilisation de ces dispositifs. L’association Prévention Routière milite elle pour leur installation obligatoire dans tous les véhicules.

La présence des éthylotests anti-démarrage (EAD) va-t-elle se généraliser dans les véhicules? Cette année, 5000 décisions préfectorales ont entraîné l’installation de ce dispositif dans les véhicules de conducteurs arrêtés pour la première fois avec un taux d’alcool bien supérieur à la limite légale, compris entre 0,8 et 1,8 gramme par litre de sang. Et le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner souhaite que cette nouvelle mesure soit effectivement généralisée sur tout le territoire "le plus rapidement possible".

Un éthylotest anti-démarrage au lieu d’une suspension de permis

Depuis mars dernier, les préfets peuvent en effet imposer à ces conducteurs non-récidivistes l’usage d’un véhicule équipé d’un EAD sans passer devant le tribunal correctionnel. Cette mesure se substitue alors à la suspension de permis de conduire que risquent ces conducteurs. Le but: leur éviter de perdre leur travail tout en empêchant la récidive. La sanction peut durer six mois, et être renouvelée cette fois-ci par un juge.

"Selon les experts, pour que cette mesure soit efficace, il faut qu’elle soit prononcée pour une durée de douze à dix-huit mois. Et qu’elle s’accompagne d’un suivi médico-psychologique du conducteur", précise dans Ouest France Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière.

Cette nouvelle législation s’ajoute aux décisions des tribunaux imposant l’usage d’un EAD, précisait en mars la Sécurité routière dans un communiqué. “C’est une mesure qui à la fois est une mesure de répression sur l’alcoolémie au volant (...) et en même temps c’est une mesure qui prend en compte la réalité humaine”, a souligné Christophe Castaner la semaine dernière, lors d’une opération de sécurité routière organisée au péage de Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne).

Problème, si la mesure a été généralisée par le ministère de l’Intérieur, elle n’est pour le moment pas effective dans 54 départements. "Dans certains départements, il manque des installateurs agréés. Dans d’autres, les procédures administratives n’ont pas encore été mises en place", précise Emmanuel Barbe.

Des éthylotests dans tous les véhicules?

Certains veulent aller plus loin et demandent une véritable généralisation de l’éthylotest anti-démarrage, comme la Prévention routière. L’association demande que dans chaque voiture commercialisée en France soit installée un éthylotest anti-démarrage. Cette solution pourrait être facilitée par l’application en 2022 d’une directive européenne qui impose l’installation dans chaque véhicule neuf d’une prise pour brancher ce type de dispositif.

"Comme les radars automatiques pour lutter contre les excès de vitesse, c'est une technologie sur laquelle il faut absolument s'appuyer et qui a fait ses preuves. Elle est imposée aux chauffeurs d'autocars depuis 2015 et a été parfaitement acceptée par ces derniers, soutient Anna Lavaud, déléguée générale de la Prévention routière dans Le Parisien. C'est un moyen radical pour faire enfin baisser la proportion de morts sur les routes à cause de l'alcool au volant. Elle stagne malheureusement à 30 % depuis de longues années".

Un récent sondage du comparateur en ligne quel-assureur.com semble corroborer la position de l’association. 59% des sondés "cautionnent par ailleurs l’idée de généraliser le système d’éthylotest antidémarrage pour tous les véhicules", précise le communiqué publié sur le site de comparateur.

Un tarif encore élevé

Du côté de la sécurité routière, cette option ne semble pas retenue pour le moment. "Même si les prix des éthylotests baissent, pourquoi imposer à un conducteur qui ne boit jamais d’en installer un dans sa voiture?", interroge Emmanuel Barbe dans le Huffington Post. Le prix des boîtiers reste aussi un frein à l’installation d’un EAD. Le boitier neuf coûte entre 1200 et 1500 euros, la pose de l’appareil 400 euros en moyenne.

A la veille du réveillon du nouvel an, les campagnes de prévention se multiplient pour que les Français ne reprennent pas le volant alors qu’ils ont bu. Sur BFMTV, Eric Lemaire, président d’Assurance Prévention, appelait la semaine dernière les Français à ne pas prendre leur voiture, et surtout à tester leur alcoolémie via les éthylotests chimiques à se procurer en pharmacie ou dans les bureaux de tabac.

Pauline Ducamp