BFM Business
Auto

Radars embarqués: mode d'emploi

Un radar embarqué dans une voiture banalisée.

Un radar embarqué dans une voiture banalisée. - Audrey Vuetaz

Ce 24 février débute l’expérimentation en Normandie d’une voiture-radar conduite par un prestataire privé. Cette mesure sera généralisée en septembre à toute la France. A la clé, selon l’Etat, plus de sécurité sur les routes.

Les radars embarqués vont bientôt changer de mains. Ce 24 février débute en Normandie la phase de test d’une voiture-radar opérée par un prestataire privé, et non plus par les forces de l’ordre. Fortement dénoncé par l’association 40 Millions d’automobilistes (leur pétition en ligne a déjà recueilli plus de 300.000 signatures depuis lundi), ce dispositif doit être généralisé en septembre à tous l’Hexagone. Qu’est-ce qui va changer pour les automobilistes?

Comment fonctionne une voiture-radar

Depuis mars 2013, à côté des radars fixes et des radars mobiles, les gendarmes et policiers disposent également de 383 voitures-radars. De l’extérieur, impossible de les remarquer, puisqu’elles ne portent aucune inscription spécifique. A l’intérieur, sur le tableau de bord, un appareil photo, et dans la face avant de la voiture, un radar, relèvent la vitesse et surtout les infractions dans les deux sens de circulation. Ce radar n’émet pas de flash, donc difficile de savoir si vous avez été pris avant de recevoir par la poste le PV.

Sur la route, sans gendarme, ni policier

Le nouveau dispositif testé dès aujourd’hui place ces voitures-radars entre les mains d’entreprises privées. Un conducteur privé assermenté par l’Etat remplace alors les deux gendarmes et policiers (l’un conduisait, l’autre réglait la vitesse mesurée par le radar). Le conducteur ne sera là que pour conduire. Le radar sera lui réglé automatiquement pour s’adapter à la vitesse tout au long de la route, par géolocalisation, suivant automatiquement les différentes limitations. Les parcours seront eux définis dans chaque département par les préfets.

Pour dresser le PV, des officiers de police ou des gendarmes

La société privée ne dressera pas de PV. Le radar recense les infractions, des informations envoyées ensuite de manière cryptée au Centre National de Traitement (CNT). Ce sont alors des officiers de police ou des gendarmes qui dresseront les procès-verbaux, reçus ensuite à domicile. La procédure est identique à celle prévue pour les radars fixes.

"Il ne s’agit en aucun cas de déléguer à des sociétés privées des compétences régaliennes, précisait le 20 février la Sécurité routière. Ce serait interdit par la Constitution".

Les tarifs des PV vont-ils augmenter?

A priori, non. Le montant des amendes comme le retrait de points pour les excès de vitesse sont inscrits dans le code de la route, et dans la loi.

Pourquoi l’association 40 millions d’automobilistes est vent debout?

40 Millions d’Automobilistes s’inquiète du taux de rotation de ces voitures-radar. Utilisées en moyenne une heure par jour, elles devraient désormais circuler 8 heures.

"Ces véhicules capables de flasher dans les deux sens de circulation fonctionneront jour et nuit avec pour seul objectif le profit sur le dos des automobilistes", précise sur son site l’association.

Les entreprises privées seront en effet rémunérées au nombre d’heures circulées. "Le nombre d’heures effectuées par ces voitures sera défini par contrat, il n’y aura pas de liberté d’une entreprise de les faire rouler plus pour gagner plus. La rémunération de l’entreprise ne sera rien d’autre qu’une prestation déterminée à l’avance et non dépendante des contraventions constatées", rétorquait en début de semaine sur TF1 le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe.

40 Millions d’Automobilistes estime à 2,2 milliards d’euros la somme récoltée chaque année grâce à cette privatisation des voitures-radars, le ministère affiche un chiffre 2 fois moins important. Selon RTL, l’année dernière, l’Etat a engrangé 920 millions d’euros grâce aux radars.

Une privatisation des contrôles qui touche aussi le stationnement

La privatisation du contrôle des infractions ne concerne pas que la vitesse. La réforme de décentralisation du stationnement permettra dès 2018 aux collectivités locales de déléguer le contrôle du stationnement à des opérateurs privés. Comme la société Indigo.

A Metz (Moselle), cette société spécialiste de la gestion de la mobilité gérera aussi le stationnement dans la rue, et aussi les contraventions. A la différence des contrôles de vitesse, les amendes de stationnement ont été dépénalisées. Elles peuvent être traitées de A à Z par des opérateurs privés. "Des opérateurs assermentés disposeront d’outils automatisés pour calculer automatiquement le montant de la facture des automobilistes stationnés qui n’ont pas payé ou ont dépassé leur temps de stationnement", explique Maxime Autran, directeur de la voirie chez Indigo.

Et là, les amendes vont augmenter, dans un dispositif défini avec la municipalité de Metz. Indigo n’est pas rémunéré au nombre de contrôles, et l’argent des amendes est intégralement reversé à la municipalité. Avant la réforme, une amende de stationnement coûtait 17 euros, partout en France. A Metz, ce sera désormais 30. Elles ne sont d'ailleurs plus nommées amendes, mais "forfait post-stationnement". 

Pauline Ducamp