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Fatigue au volant: et si votre salive pouvait vous indiquer si vous pouvez conduire, ou non?

En cette période de longs trajets pour les fêtes, avec des journées très courtes, ne prenez pas la route si vous êtes fatigués.

En cette période de longs trajets pour les fêtes, avec des journées très courtes, ne prenez pas la route si vous êtes fatigués. - John Thys - AFP

Les premières conclusions d’une étude menée par le Centre du Sommeil et de la vigilance notent que la composition de la salive évolue en fonction de l’état de fatigue. De quoi mettre en place un futur outil de prévention pour évaluer son niveau de fatigue avant de prendre le volant?

Et si votre salive vous indiquait qu’il ne vaut mieux pas prendre le volant, car vous êtes trop fatigués? C’est ce que viennent de mettre en évidence les premiers résultats d’une étude menée par le professeur Damien Léger, responsable du Centre du Sommeil et de la vigilance de l’Université Paris Descartes de l’Hôtel-Dieu à Paris.

Plus d’oublis, de confusion, de tension

L’étude se base sur un protocole de 2016: 17 jeunes hommes en bonne santé n’ont pu dormir que 3 heures pendant 2 nuits consécutives, entre 3 et 6 heures du matin. Des prélèvements salivaires ont ensuite été effectués. Le taux de cortisol avait baissé de 37%. Or, la cortisol intervient dans la gestion du stress, et dans la réaction face au danger. Les sujets ont aussi subi une baisse d’amylase de 15%. Or cette enzyme protège la zone ORL.

En parallèle, les médecins ont évalué l’attention des 17 patients, leur niveau de concentration et leur niveau de la somnolence, après ces deux nuits avec très peu de sommeil, le tout grâce à des tests conçus dans les années 50 pour évaluer sur les pilotes de Royal Air Force étaient capables de voler.

Résultat: "des niveaux significativement plus élevés d’oublis (+ 120 %) et d’erreurs telles que les ‘fausses alarmes’ (réaction du sujet malgré l’absence de stimulus) 2 fois plus nombreuses suite à la privation de sommeil". Les chercheurs ont également noté un niveau de tension plus élevé des patients, et une multiplication par deux des états confusionnels.

Bientôt des tests salivaires anti-fatigue?

"Cette étude confirme que la privation de sommeil provoque une modification biologique dans notre organisme dès les premières heures. Elle nous conforte dans la poursuite de recherches sans pour autant permettre, à ce stade, d’élaborer des outils individuels de prévention des accidents liés à la somnolence", précise le communiqué de la Fondation Vinci, associée à ce protocole de recherche.

A terme, c’est pourtant ce que souhaitent mettre en place l’équipe de chercheurs. "Ce serait un outil de prévention, un outil d’auto-évaluation pour évaluer si on est en mesure de prendre le volant", expliquait sur France 2 le professeur Damien Léger.

Une expérimentation plus large sera menée au printemps. Mais en cette période de fêtes et de vacances, la Fondation Vinci Autoroute rappelle quelques conseils de prudence. Selon le comité des experts du Conseil National de la sécurité routière, conduire après une nuit blanche équivaut à conduire avec 0,9 gramme d'alcool par litre de sang. Selon le Bilan 2016 de la sécurité routière, dans 9% des accidents mortels, la fatigue ou un malaise étaient en cause.

les conseils en cas de fatigue au volant

>>> Comment déceler que vous êtes fatigués?

>>> Comment prévenir la fatigue?

Il n'y a pas de solution miracle, à base de café ou de fenêtre ouverte pour rafraichir l'habitacle. En cas de fatigue, il faut se reposer La Fondation Vinci Autoroutes conseille de "faire une nuit complète de sommeil la veille du départ, et d’éviter de partir la nuit (entre 22 heures et 6 heures)". La pause s’impose toutes les deux heures minimum.

Pauline Ducamp