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Quand Renault disserte de rappel et de stratégie moteur avec la Commission Royal

Le Captur est le modèle qui doit être rappelé par Renault, après validation gouvernementale. Renault doit aussi présenter aujourd'hui au gouvernement toute sa stratégie sur ses moteurs diesel.

Le Captur est le modèle qui doit être rappelé par Renault, après validation gouvernementale. Renault doit aussi présenter aujourd'hui au gouvernement toute sa stratégie sur ses moteurs diesel. - Renault - Anthony BERNIER

Annoncé en janvier, le rappel des 15.000 Captur et Kadjar épinglés pour des émissions polluantes trop importantes sur route par rapport aux données validées en homologation n’a pas encore été autorisé par le gouvernement. Le constructeur présente ce vendredi une revue de stratégie technologique pour ses motorisations devant la Commission Royal.

C’est un des points mis en avant dans le dossier de presse de la nouvelle Clio. La petite compacte de Renault disposera désormais d’une motorisation diesel puissante: le bloc quatre cylindres 1.5 dCi 110. Une motorisation bien connue des possesseurs de SUV Captur ou Kadjar, mais aussi des clients de la grande routière Talisman, qui l’utilise en entrée de gamme. Révélée mi-juin par l’agence Reuters, c’est cependant une autre information qui retient l’attention.

La Clio 4 phase II fera partie des tous premiers véhicules à bénéficier des modifications techniques sur les motorisations, promises par Renault en janvier, puis en avril, qui visent à réduire les émissions polluantes de ses blocs diesel. Y compris sur le fameux 1.5 dCi 110. Des évolutions techniques (et aussi quelques autres) que doivent détailler ce vendredi les dirigeants de Renault devant la Commission Royal. Et la séance d’explication s’annonce musclée.

Valider le rappel des 15.000 Captur et Kadjar

Pour mieux comprendre, un petit retour en arrière et un rappel des faits s’impose. En janvier, le moteur 1.5 dCi 110 avait été mis sous les projecteurs. Au lendemain d’une perquisition de la DGCCRF menée dans les laboratoires moteurs de Renault, en réponse à une suspicion de fraude. Lors des tests menés par la Commission Royal, un Captur équipé de ce moteur avait dépassé d’une manière extraordinaire les seuils d’émissions autorisés, laissant penser à l’installation d’un logiciel truqueur de type Volkswagen. "Nous avions parlé de certains véhicules dCi 110, environ 15.000, produits avec une erreur de calibration du contrôle moteur, rappelle un porte-parole de Renault. Ce problème est déjà résolu en production depuis septembre 2015. Pour les véhicules restants, les clients seront rappelés par courrier recommandé comme nous l’avions déjà indiqué il y a quelques mois".

Sur les 15.000 véhicules, 4.000 environ auraient donc déjà été modifiés avant d’être livrés aux clients. Les 11.000 autres, déjà sur route, attendent le "go" des autorités gouvernementales, qui doivent valider le processus technique, dans le cadre d’une procédure de rappel normalisée et des courriers avec lettre recommandée. "Nous sommes confiants, les discussions vont bientôt aboutir", résume-t-on chez Renault. Dans le sillage de la Commission Royal, les protagonistes ne sont pas aussi affirmatifs. "Il y a une vraie difficulté avec les technologies Renault", assène une source bien informée. Les tensions entre le gouvernement, notamment Bercy, et la direction de Renault ne semblent pas toujours créer un climat propice aux discussions.

Un second rappel qui n'en est pas un

Or, Renault doit aussi discuter ce vendredi de sa stratégie à plus long terme. Le constructeur a en effet proposé de rappeler volontairement tous les véhicules équipés de moteurs Euro 6b pour offrir des améliorations technologiques. Une réponse face aux résultats catastrophiques de tous ses modèles (Captur, Kadjar, Talisman, Espace) lors des tests en conditions réelles de conduite, menées par la Commission Royal, mais aussi des gouvernement allemand et ONG.

Elargissement de la plage de fonctionnement de la vanne EGR, performance renforcée du pilotage du NOx, ces ajustements pourront être introduits sur tous les véhicules, si le client le désire, à la charge de Renault. Dans un communiqué daté du 05 avril, Renault prévoyait le lancement de ces ajustements au mois d’octobre. En urgence, Renault a débloqué 50 millions d’euros pour ces améliorations, appliquées sur les véhicules en fabrication dès ce mois-ci. C'est le cas de la nouvelle Clio.

Stratégie à long terme

"Il n’y a pas de vrai changement de technologie pour le moment", se plaint-on cependant dans l’entourage de Ségolène Royal, où on trouve que Renault collabore moyennement. "Certains voudraient que nous soyons déjà conformes à la norme suivante, rétorque un représentant syndical de Renault. Certes, d’autres constructeurs ont une technologie meilleure que notre vanne EGR, mais nos véhicules sont homologués, et la charge d’activité à l’ingénierie est très importante pour passer à Euro 6d".

Euro 6d est le dernier point de discussion qui sera abordé ce vendredi, un point très attendu par le ministère. La norme, comme le nouveau protocole de tests, entrera en vigueur en septembre 2017. Soit demain, si l'on se réfère au temps long qu’est celui de l’industrie automobile… L’enquête de la DGCCRF est elle toujours en cours (aussi bien sur les cas Renault et Volkswagen, que sur ceux de PSA et d’autres constructeurs). De son côté, la Commission Royal a testé 86 véhicules et doit maintenant présenter les résultats définitifs, ainsi que ces conclusions. Des éléments attendus d’ici la fin juillet.

Pauline Ducamp