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Quand les applications GPS finissent par créer des bouchons

Les applications de trafic en temps réel comme Waze sont devenues incontournables pour les automobilistes qui cherchent à éviter les bouchons. Mais le succès de ces nouveaux systèmes a pour conséquence de rediriger les automobilistes vers des itinéraires bis peu adaptés... et à finalement recréer des embouteillages.

A cinq kilomètres de Paris, la ville de Meudon dans les Hauts-de-Seine est contournée par de grands axes. A l'Ouest notamment, la très fréquentée N118 mène ainsi directement aux portes de Paris. Mais pour éviter les bouchons aux automobilistes, les applications GPS et de trafic en temps réel comme Waze ou TomTom Go privilégient des itinéraires de report qui traversent la ville. Des petites rues tranquilles prennent désormais des allures de départementales.

A Meudon, l'une de ces rues sur le chemin d'une école voit quotidiennement passer plus de 7.000 voitures. La mairie a expérimenté la fermeture d'une partie de la rue concernée pour réduire le trafic, mais le problème n'a été que reporté.

"On essaye de réagir de manière humaine, à l'inverse des GPS dynamiques qui eux ont une vision purement mathématique de la circulation", explique Denis Larghero, le maire UDI de la ville. 

Des itinéraires bis qui perdent de leur intérêt

Pour l'instant, l'application continue donc de garder l'avantage et les automobilistes d'emprunter l'itinéraire qui traverse la ville. La situation se retrouve dans d'autres communes franciliennes, contournées par de grands axes connus pour leurs embouteillages aux heures de pointe. Avec la multiplication de l'utilisation de ces systèmes de navigation, les itinéraires bis finissent par perdre de leur intérêt et même à conduire les automobilistes dans d'autres bouchons.

"L'application GPS ne fait que vous dire où ça roule, mais elle ne sait pas si la voie est large ou si ça pose des problèmes de sécurité", explique Franck Duret, journaliste info-trafic sur BFM Paris.

Pensant gagner du temps, les automobilistes se retrouvent ainsi à emprunter des routes à vitesse réduite ou parsemées de feux tricolores.

"C'est la limite de l'aménagement du territoire, poursuit Franck Duret. Dans les années 80-90 il y avait un réaménagement du territoire pour faire des grands axes, des déviations pour ne pas traverser le coeur des villes comme Meudon ou Clamart, et maintenant on se retrouve avec des axes bien chargés."

Une problématique internationale

Le problème se retrouve aussi à l'étranger et en Belgique par exemple. Comme le rapporte le quotidien belge L'Echo, la semaine dernière un groupe de bourgmestres de petites communes proches de Bruxelles et Anvers a décidé d'interpeller le ministre flamand de la Mobilité sur cette question. D'importantes nuisances sont là aussi causées par le passage de flux de voiture redirigées dans des quartiers résidentiels ou de petites routes de campagne. 

Mais en Belgique comme en France, ces applications ne sont finalement utilisées que pour contourner le coeur du problème: l'engorgement routier.

"La réflexion à avoir c'est une réflexion à long terme, estime Franck Duret. Quand il y a des tramways, des métros ou alors des lignes SNCF avec des gares, s'il est créé des parcs de stationnement et qu'on a un avantage à y laisser sa voiture, c'est plus pratique de prendre les transports en commun."

Si une ville comme Boulogne teste un système de péage positif, l'incitation à laisser sa voiture au garage doit surtout passer par le développement des transports en commun. En Ile-de-France, le programme du Grand Paris Express prévoit de créer 200 kilomètres de lignes de métro à l'horizon 2030.

Carole Blanchard avec Marguerite Dumont