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Voitures du futur

Qu'est-ce qu'une voiture autonome?

Renault a présenté cette semaine Callie, une voiture autonome de niveau 4. Elle peut notamment éviter les obstacles.

Renault a présenté cette semaine Callie, une voiture autonome de niveau 4. Elle peut notamment éviter les obstacles. - Renault

Robot-taxi, voiture autonome, semi-autonome, aides à la conduite, tous ces termes surgissent quotidiennement dans le secteur automobile. Mais quand une voiture peut-elle être réellement qualifiée d'"autonome"?

Le mot est partout, dans le secteur automobile. Des tests de voitures autonomes sans intervention humaine en Californie annoncé par Waymo, la division dédiée à la voiture sans chauffeur de Google, une Audi A8 qui s'annonce comme la première voiture semi-autonome de série au dernier salon de Francfort (Allemagne) en septembre, le premier "robot-taxi" made in France dévoilé ce jeudi, il ne se passe pas une semaine sans qu’une voiture autonome soit proche de la commercialisation.

Une question de responsabilité

Mais une limousine de luxe comme l’A8 est-elle vraiment aussi autonome qu’un monospace sans volant comme celui du français Navya? Depuis 2014, comme le rappelle le site spécialisé L’Usine Digitale, il faut se référer à une classification adoptée par l'ensemble du secteur automobile, et de nombreuses autorités, notamment par le ministère américain des Transports.

Définie par la SAE (Society of Automotive Engineering), cette typologie classe les voitures autonomes en cinq niveaux d'autonomie. Une condition sépare les voitures semi-autonomes des véhicules 100% autonomes. Ces dernières (et donc leurs constructeurs) portent la responsabilité de leurs actes. Pour les autres, comme par exemple une Tesla Model S avec le système d'aide à la conduite "Autopilot", la responsabilité incombe toujours au conducteur.

Cinq niveaux pour arriver à la voiture autonome

Dans une voiture classique non-autonome, le conducteur réalise toutes les actions. Il est donc responsable de tout ce qu'il se passe, notamment dans les situations d'urgence. Le chemin vers l'autonomie lui apportera une aide jusqu'à le décharger de cette responsabilité.

Le "Niveau 1" de la voiture autonome englobe les premières aides à la conduite, disponibles depuis une décennie environ sur les modèles premium, et désormais accessibles sur les modèles plus généralistes (comme le Kia Stonic ci-dessous). Le premier d’entre eux est le régulateur de vitesse, mais on compte aussi l'alerte au franchissement de ligne ou encore le freinage automatique d'urgence, des systèmes de sécurité passive qui pourraient même devenir obligatoires demain. La voiture peut ainsi avoir certaines actions sur la vitesse ou analyser sa trajectoire, mais le conducteur reste aux commandes et responsable.

Le "Niveau 2" passe lui un cran au-dessus, comme dans une Tesla Model S équipée du système Autopilot, l'un des plus aboutis. La berline californienne utilise beaucoup plus d'informations issues de son environnement, qu’elle analyse afin de contrôler à la fois ce qu'il se passe devant ou derrière elle, mais également latéralement. Le conducteur reste responsable. Du régulateur de vitesse adaptatif au "Traffic Jam assist" d’une Audi A4 (un assistant de conduite dans les embouteillages), le conducteur doit légalement laisser les mains sur le volant, et superviser la conduite.

Le "Niveau 3" marque une frontière, que nous sommes en passe de franchir. A ce stade, la voiture devient responsable dans certaines circonstances particulières, par exemple sur une deux-voies avec terre-plein central, comme pour la nouvelle Audi A8. La berline se déplace alors sans supervision du conducteur. Techniquement, dans l'A8, ce dernier peut lâcher les mains du volant, et faire autre chose (lire, regarder son smartphone). C’est donc une voiture réellement autonome dans certaines circonstances. Le conducteur doit cependant toujours être en mesure de reprendre le volant, lorsque la voiture n'est pas en mesure de gérer la situation. Aujourd’hui, cependant, la Convention de Vienne ne permet pas de lâcher les mains du volant, du moins en France et dans de nombreux pays européens. Seuls les véhicules de niveau 2 peuvent être commercialisés. Audi semble cependant confiant dans un changement de réglementation rapide.

Le "Niveau 4" pousse un cran plus loin l'autonomie. Le conducteur peut toujours prendre le volant, généralement quand les conditions sont plaisantes pour la conduite. Mais le véhicule pourra gérer beaucoup plus de situations, ne demandant pas au conducteur de reprendre la main en cas de problème. L'habitacle du véhicule peut donc évoluer: les passagers peuvent par exemple se mettre dos à la route. Renault a ainsi dévoilé cette semaine une Renault Zoé autonome de niveau 4, capable d'éviter seule un obstacle qui surgit devant elle.

Le "Niveau 5" incarne la voiture vraiment autonome, comme le "robot-taxi" présenté par Navya cette semaine (voir la video ci-dessous). Ni volant, ni pédale, la voiture peut même se déplacer à vide. Il n’y a plus de conducteur, uniquement des passagers. Au-delà de la responsabilité, ce type de véhicules pose la question de la propriété des véhicules, et donc du business-model des constructeurs automobiles.

Pauline Ducamp