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PV de stationnement: un prestataire épinglé pour des milliers de faux contrôles à Paris

Le stationnement devrait rapporter moins qu'espéré par la mairie de Paris.

Le stationnement devrait rapporter moins qu'espéré par la mairie de Paris. - AFP

L'une des sociétés chargées par la mairie de Paris de la verbalisation du stationnement réalisait de faux contrôles pour remplir ses quotas.

Depuis le 1er janvier, les PV pleuvent à Paris. Désormais privatisé, le contrôle du stationnement payant a été confié à Streeteo et Moovia, chargées d'établir les forfaits post-stationnement (FPS), les nouvelles amendes. Un objectif chiffré a aussi été donné à ces deux entreprises afin d'améliorer le taux de paiement du stationnement. Mais pour atteindre les 50.000 contrôles quotidiens, la société Streeteo, filiale d'Indigo avait développé une méthode pour réaliser de fausses inspections.

En temps normal, les prestataires de la mairie de Paris contrôlent le stationnement en deux étapes. D'abord en envoyant des véhicules flasheurs dans les rues qui scannent les plaques des voitures stationnées. Ensuite, des agents sont envoyés sur place pour contrôler les données transmises par les voitures flasheuses et le cas échéant dresser le FPS.

"Streeteo triche"

Mais pour près de la moitié des contrôles, Streeteo aurait employé une toute autre méthode, sans envoyer ses agents sur le terrain. Dans un bureau, les salariés recevaient des listes d'immatriculations collectées auparavant par les voitures flasheuses et devaient effectuer un contrôle factice. "Il fallait entrer ces numéros dans le système, comme si on les avait contrôlés", raconte un salarié de Streeteo dans le Canard Enchaîné. Dans une vidéo publiée sur Youtube il y a quelques jours, un salarié expliquait l'arnaque.

"Streeteo triche par rapport au contrat de la mairie de Paris, on tape des plaques juste pour entrer dans notre quota, j'ai décidé de les dénoncer", expliquait l'auteur anonyme de la vidéo, dénonçant par ailleurs les mauvaises conditions de travail de son employeur. 

La fraude découverte par la mairie 

Pour passer inaperçu, les voitures en question n'étaient évidemment pas verbalisées. Les agents devaient alors à chaque fois indiquer un motif de non-verbalisation: personne à mobilité réduite, personne agressive, personne dans le véhicule ou "autre". D'après un salarié, les agents devaient mettre "trois 'autre' puis deux de chaque catégorie, et recommencer jusqu'à la fin de la liste". 

Le pot aux roses a finalement été découvert par la mairie de Paris, étonnée de voir apparaître plus de 4000 contrôles correspondant à des personnes à mobilité réduite. 

Christophe Najdovski, adjoint en charge des Transports estime qu'il s'agit d'un "couac pour Streeteo, pas pour la mairie de Paris" qui a rappelé à l'ordre la société.

La géolocalisation des agents exigée par la mairie

Convoquée par la mairie de Paris, Streeteo a dû s'expliquer. Dans un communiqué, la municipalité explique ce mercredi que les dirigeants de Streeteo "ont diligenté une enquête interne, qui a confirmé un dysfonctionnement". "La situation est rentrée dans l'ordre depuis le 22 février", poursuit le communiqué.

La mairie de Paris ne prendra désormais en compte que les contrôles effectués avec un matériel géolocalisé et prévient qu'elle appliquera "des pénalités financières à l'entreprise Streeteo pour tout contrôle non géolocalisé". Selon le Canard, la société aurait écopé d'une pénalité de 60.000 euros. 

Cette affaire intervient alors que la réforme du stationnement semble produire de premiers effets positifs contre la fraude commencent à se manifester. D'après la mairie de Paris, 17% des automobilistes ont payé leur stationnement en janvier contre 7% seulement en 2017. La nouvelle formule semble aussi booster la fréquentation des parkings souterrains, préférés aux automobilistes qui craignent d'être verbalisés en surface. Selon les arrondissements, le FPS s'échelonne à Paris de 35 à 50 euros avec la possibilité d'être verbalisé deux fois dans la journée. 

Carole Blanchard