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Mondial 2016: Toyota défend l'hybride non rechargeable malgré la suppression du bonus

Au Mondial, Toyota présente la deuxième génération de sa Prius en version hybride rechargeable mais reste confiant sur les ventes à venir de la version classique.

Au Mondial, Toyota présente la deuxième génération de sa Prius en version hybride rechargeable mais reste confiant sur les ventes à venir de la version classique. - Julien Bonnet

Toyota dévoile au Mondial de l'Auto la deuxième génération de sa Prius version hybride rechargeable. Mais pour Sébastien Grellier, directeur communication et environnement de la marque japonaise, la star des véhicules à faibles émissions reste la version classique qui va pourtant perdre son bonus en 2017.

Top Gear France - Le gouvernement vient d'annoncer la suppression du bonus accordé aux véhicules hybrides non-rechargeables, quelle est votre réaction en tant que pionnier de cette technologie ?

Sébastien Grellier - Toyota est non seulement pionnier de l'hybride classique, avec le lancement de la Prius en 1997, mais aussi de l'hybride rechargeable avec la première génération de la Prius Plug-in lancée en 2012. En 20 ans, nous avons vendu plus de neuf millions de véhicules hybrides, de marques Toyota et Lexus, et c'est une technologie qui représente clairement la pierre angulaire de la stratégie de développement du groupe dans le monde et particulièrement en Europe. En France par exemple, les hybrides représentent une vente sur deux chez Toyota en 2016 avec huit véhicules proposés dans la gamme. Notre credo, si on veut avoir un impact significatif sur les réductions de polluants et de CO2, c'est d'avoir une stratégie de démocratisation pour pouvoir proposer cette technologie au plus grand nombre.

Il faut donc savoir qu'aujourd'hui, les clients font le choix de l’hybride pour tous ses avantages: fiabilité, plaisir de conduite, réduction des émissions et accessibilité, avec seulement une centaine d'euros d'écart entre une Yaris hybride et diesel. L’achat d’un hybride n’est donc plus directement lié à l’octroi du bonus. Pour preuve, le bonus appliqué aux hybrides n’a fait que diminuer depuis 2013 et nos ventes ont dans le même temps progressé pour atteindre une vente sur deux en France. Ce qui est pour nous plus dommageable, c'est le message envoyé aux consommateurs, dans un contexte où le gouvernement souhaite qu'ils s’orientent vers des véhicules plus respectueux de l’environnement. C’est donc plus en termes de signal que c’est négatif.

Pensez-vous que les hybrides rechargeables vont prendre une place aussi importante dans le marché que les hybrides classiques ?

Pour nous, à court terme, l’hybride rechargeable va encore rester relativement marginal en termes de ventes. Il faut encore supporter un surcoût de cette technologie par rapport à l’hybride classique. Et dans notre démarche de démocratisation, c’est pour cela que nous continuerons à promouvoir l’hybride classique, qui permet déjà d’effectuer plus de 50% de son temps de trajet en électrique.

Pour que l’hybride rechargeable représente un réel avantage, tout dépend de vos usages: il faut rouler très souvent sur de petites distances en électrique et surtout recharger la voiture. Après quatre années de commercialisation de la première génération d’hybride plug-in, on se rend compte que si vous avez la possibilité en termes d’infrastructures de bornes de recharge, ce qui n’est pas le cas partout, si vous pouvez avoir une prise à votre domicile et en arrivant à votre lieu de travail, là vous exploitez tout le potentiel de cette technologie. Mais si ce n’est pas le cas, vous revenez sur le fonctionnement d’un véhicule hybride classique.

Vous privilégiez donc pour le moment l'hybride classique par rapport à l'hybride rechargeable?

Aux côtés de notre socle qui est la technologie 100% hybride (non-rechargeable, Ndlr), nous investissons énormément et de façon coordonnée sur toute la mobilité propre. Cela sera nécessaire pour atteindre nos futurs objectifs environnementaux, avec notre plan qui prévoit notamment de réduire de 90% les émissions de CO2 en 2050, par rapport au niveau de 2010. Pour y parvenir, nous souhaitons faire coexister plusieurs technologies autour de l’électrification: l’hybride, l’hybride rechargeable. En mode électrique uniquement, la deuxième génération que nous présentons au Mondial a ainsi doublé son autonomie avec 50 kilomètres et sa consommation, en attente d’homologation, est de seulement 1 litre au 100 kilomètres pour 22 grammes de CO2, ce qui représente les meilleures valeurs du marché pour la technologie hybride rechargeable.

Dans notre feuille de route, on n’oublie pas non plus le 100% électrique. Toyota est prêt à mettre sur le marché un tel véhicule si le besoin s’en fait sentir. Actuellement, on estime en effet que les deux contraintes principales, autonomie et temps de recharge, limitent l’usage de ce type de véhicules. Nous croyons également beaucoup à la technologie pile à combustible hydrogène. Vous retrouvez tous les avantages d’un véhicule électrique, en termes de silence de fonctionnement, de performances et d’agréments de conduite. Mais, justement, sans les deux principaux défauts puisqu’un véhicule comme la Toyota Mirai vous permet de faire 500 kilomètres en termes d’autonomie avec une recharge en trois à cinq minutes, comme un plein en station essence.

On a ainsi tous les avantages d’un véhicule 100% électrique sans avoir à changer ses habitudes de consommation. Bien sûr, il y a encore des enjeux sur le développement de l’hydrogène avec un décollage prévu dans les années 2020-2025 et selon les différentes régions. Le Japon et les Etats-Unis sont actuellement plus en avance sur cette technologie et c’est pour cela que ce sont les premiers marchés où nous avons lancé la Mirai. Au final, on se prépare à une variété des motorisations selon les habitudes des consommateurs dans les différentes régions du monde.

La voiture à hydrogène, la Toyota Mirai, également exposée au Mondial
La voiture à hydrogène, la Toyota Mirai, également exposée au Mondial © Julien Bonnet
Julien Bonnet