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Les véhicules électriques n'auront bientôt plus le droit d'être... silencieux

En ville, la plupart des véhicules électriques émettent un son artificiel lorsqu'ils circulent à faible vitesse.

En ville, la plupart des véhicules électriques émettent un son artificiel lorsqu'ils circulent à faible vitesse. - Flickr c.c. @Eric Fischer

Les Etats-Unis viennent d’annoncer que les véhicules électriques et hybrides devront émettre un son à faible vitesse à partir de 2019. Face à ce problème de voitures trop silencieuses pour les piétons en ville, l’Europe a prévu également une réglementation pour les années à venir.

Trop silencieux, les véhicules électriques ou hybrides peuvent être dangereux pour les piétons. Contrairement à une voiture équipée d'un moteur thermique, ces types de véhicules n'émettent en effet quasiment aucun bruit. 

Davantage d'accidents avec des piétons

Pour empêcher les accidents en ville, le gendarme de la route américain, la NHTSA, vient de prendre une mesure importante: les véhicules électriques et hybrides devront être obligatoirement équipés d'un système d'émission sonore à partir de septembre 2019. Il s'activera pour des vitesses inférieures à 30 km/h. En 2013, une enquête avait en effet montré qu'aux Etats-Unis, ces véhicules un peu trop silencieux étaient impliqués dans 19% d'accidents avec des piétons de plus que les voitures thermiques, comme le rappelle le site Electrek.

Un dispositif similaire en Europe

Si en France, la sécurité routière ne semble pas disposer de tels chiffres, on précise qu'un règlement européen adopté en 2014 prévoit la mise en place d'une obligation similaire. Dans le détail, les constructeurs ont jusqu'au 1er juillet 2019 pour faire en sorte que ce "système d'avertissement acoustique du véhicule (AVAS)" soit généralisé avec une obligation pour tous les véhicules hybrides et électriques neufs à partir de 2021.

En annexe du règlement, il est précisé que ce dispositif devra s'activer, en Europe, jusqu'à 20 km/h et en marche arrière. L'Europe pourrait encore préciser ce dispositif au cours des prochains mois: pour le moment il est simplement précisé que "le son produit par l'AVAS est un son continu qui avertit les piétons" et que "le niveau sonore produit par l'AVAS ne dépasse pas le niveau sonore approximatif d'un véhicule similaire de catégorie M1 équipé d'un moteur à combustion interne et fonctionnant dans les mêmes conditions". Alors que le silence des véhicules électriques peut aussi être vu comme un avantage pour réduire les nuisances sonores en ville, il ne faudrait pas que le bruit qu'il génère artificiellement devienne plus gênant que celui des thermiques.

Des leçons à tirer des premiers avertisseurs

Les constructeurs ont la plupart du temps anticipé ce problème et proposent déjà des avertisseurs sonores. C'est le cas notamment sur la Renault Zoé (comme on peut le voir sur cet extrait du manuel d'utilisation ci-dessous) ou la Nissan Leaf. Le bruit un peu futuriste, proche d'un vaisseau spatial, a été développé en partenariat avec des chercheurs pour être "alertant" sans être "perturbant", expliquait à L'Express un expert acoustique de chez Renault. On trouve également un système baptisé VESS (Virtual Engine Sound System) sur les hybrides et électriques de Hyundai et Kia. 

Sur la Zoé, il est possible d'activer ou désactiver l'alerte sonore.
Sur la Zoé, il est possible d'activer ou désactiver l'alerte sonore. © Renault

A Paris, les véhicules en autopartage du service Autolib' peuvent eux émettre un bruit... de cigale. Une réponse originale à ce problème souvent soulevé par les utilisateurs du système. Problème toutefois, peu de gens l'activent car ils n'en ont souvent pas connaissance. Le bruit se révèle en outre particulièrement audible à l'intérieur du véhicule, comme on le constate par exemple dans cette vidéo, ce qui peut également amener certains à penser qu'ils sont victimes d'un problème technique!

Sur les véhicules de Tesla, il n'y a en revanche aucun bruit pour le moment. Avec l'obligation prévue pour 2019 aux Etats-Unis, la marque planche plutôt sur un système permettant de prévenir un piéton qui serait détecté par le véhicule. L'idée serait ainsi de ne pas émettre un bruit en continu mais de déclencher l'avertisseur sonore au cas par cas. Ce système serait couplé à celui du freinage d'urgence pour s'arrêter si le piéton surpris risque d'être percuté par le véhicule. Un compromis intéressant qui pourrait permettre de gagner en sécurité sans créer un bruit de fond général de ces véhicules zéro émission qui pourraient représenter une part importante du trafic urbain dans les prochaines années.

Julien Bonnet