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Les Français accros au smartphone au volant

Téléphoner au volant, téléphone en mains, est sanctionné d'une amende de 135 euros et d'un retrait de 3 points.

Téléphoner au volant, téléphone en mains, est sanctionné d'une amende de 135 euros et d'un retrait de 3 points. - AFP

Selon une étude inédite de l’association Prévention Routière, menée pendant 3 mois sur plus de 20.000 conducteurs, trop de Français utilisent encore leur smartphone en conduisant.

Les Français ne lâchent plus leurs smartphones, même au volant. Selon une étude* de l’association Prévention Routière publiée ce 30 mai, 9 Français sur 10 utilisent leurs smartphones au volant. 7% téléphonent ainsi sans kit main libre, smartphone en main, en conduisant. Un chiffre qui passe à 13%, dans les bouchons ou au feu rouge, où les automobilistes récupèrent le précieux objet dès qu’ils en ont l’occasion...

Et s’ils ne téléphonent pas, un tiers des conducteurs utilise leur mobile au volant, que ce soit pour consulter leur messagerie ou jeter un coup d’œil à un SMS. Autant de comportements rigoureusement interdits: en aucun cas un conducteur ne doit tenir son portable en main en voiture.

Utiliser son téléphone au volant est sanctionné par une amende de 135 euros et un retrait de 3 points sur le permis, car c’est tout simplement dangereux. Si cette étude est la première du genre pour l'association, la généralisation des smartphones comme de la 4G dans la vie quotidienne des Français se retrouve également (et sans surprise) au volant, soulignent les auteurs de l'étude.

Temps de réaction en hausse, zigzag sur la route

"9 utilisations sur 10 du téléphone impliquent une manipulation du téléphone. En plus d’une distraction mentale, cette manipulation entraîne une distraction visuelle, met en avant Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention routière. Le conducteur n’a plus les deux mains sur le volant, ne regarde plus la route. Or, c’est souvent dans les moments les plus risqués, comme en période de fort trafic, que les conducteurs prennent leur téléphone en main".

"D’autres actes de la vie quotidienne sont à risques, et on ne prend pas son téléphone pour autant, s’indignait ce matin sur RTL Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention Routière. Ca ne viendrait à l’idée de personne d’envoyer un SMS en sortant un plat du four ou en faisant un trou avec une perceuse".

Téléphoner au volant augmente le temps de réaction du conducteur, jusqu’à 70%. Les trajectoires se font aussi moins précises. Quand le conducteur regarde son téléphone plutôt que la route, le véhicule a tendance à zigzaguer. Selon une étude de 2016 de la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration), l’agence américaine de sécurité routière, envoyer un SMS en conduisant multiplie par 23 le risque d’accident. "10 personnes par jour sont blessées ou tuées à cause du téléphone au volant", précisait en mars Eric Lemaire, président d’Axa Prévention, chez nos confrères de RMC.

Dans son étude, la Prévention Routière note que les piétons et les cyclistes sont aussi concernés par cette banalisation du téléphone, le nez sur leur écran en traversant notamment ou envoyant des SMS d’une main en tenant le guidon de l’autre. "L’amende concerne aussi les cyclistes", rappelait ce mardi Anne Lavaud.

Vers un durcissement des sanctions?

Selon Le Parisien, le gouvernement envisagerait de durcir les sanctions envers les conducteurs utilisant le téléphone au volant, sans plus de précision sur le futur dispositif: hausse de l'amende, retrait de permis ou perte de points plus importante.

"L’arsenal législatif est là, il n’y a pas grand-chose à rajouter, tempérait ce matin Anne Lavaud. Depuis quelques mois, la vidéo-verbalisation permet d’ajouter cette infraction à la liste des infractions verbalisées automatiquement. Il faut aller vers la sensibilisation, la prise de conscience de ces risques, car notre étude a démontré, que les Français utilisent le plus leur téléphone dans les situations les plus à risques, lorsque la circulation est dense ou que l’on croise un passage piéton".

*Enquête d’observation réalisée par les bénévoles de la Prévention Routière de janvier à mars 2017, avec l’observation de 20.575 véhicules dans près de 80 communes et 45 départements différents en France.

Pauline Ducamp