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Voitures du futur

La première voiture de série 100% autonome, c’est elle

La société lyonnaise Navya a dévoilé ce mardi un "robot-taxi" à 6 places, 100% électrique. D’ici la fin de l’année prochaine, des expérimentations sur route ouverte sont prévues à Paris.

La présence, à quelques centaines de mètres du taxi jaune volant du film Le Cinquième Elément, ne semblait pas du tout incongrue. Ce mardi, à la Cité du cinéma à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), c’est un peu le futur de l’automobile qui circulait au milieu des studios de Luc Besson. La société lyonnaise Navya y a dévoilé un robot-taxi capable de transporter sans chauffeur jusqu’à 6 personnes. Une première mondiale 100% made in France.

Comme un salon roulant

Loin des annonces fracassantes de Waymo (ex-Google Car) ou de Tesla, Navya a travaillé sur une mobilité connectée, adaptée aux mégapoles. L’Autonom Cab a ainsi été pensé dès son développement pour être autonome, et seulement autonome. Ce qui bouscule l’automobile telle qu’imaginée il y a plus d’un siècle, et tranche avec les autres expérimentations. Waymo utilise en effet des Chrysler Pacifica modifiées pour être autonomes, Ford fournit des berlines Fusion à Lyft, mais personne n’avait encore osé sur un véhicule de série toucher à l’habitacle tel qu’on le connait au moins depuis les années 1920.

L’Autonom Cab ne contient ainsi ni volant, ni pédale, ni poste de conduite. Il évoque plus un petit salon sur roues, avec des banquettes face à face. Les couleurs comme la sobriété ne sont d’ailleurs pas sans rappeler l’esthétique du récent Volkswagen ID Buzz. Cette version moderne et électrique du Combi. Une grande porte coulissante permet de monter à bord de ce véhicule long de 4,60 mètres (soit un peu plus grand qu'un Peugeot 3008). Petit héritage de l’histoire automobile: l’Autonom Cab dispose encore de ceintures de sécurité.

La carrosserie est en composite, et Navya promet des verres teintés. 6 personnes peuvent prendre place dans l'habitacle.
La carrosserie est en composite, et Navya promet des verres teintés. 6 personnes peuvent prendre place dans l'habitacle. © BFM Business

L’intérêt pour la mécanique est aussi limité. L’Autonom Cab dispose d’une motorisation électrique de 15 kW (environ 20 chevaux) associée à une batterie Lithium-Fer-Phosphate. Deux versions seront disponibles: 22 ou 33 kWh. Navya annonce une autonomie de 10 heures pour environ 200 kilomètres parcourus, et pourrait se recharger le plus rapidement en 5 heures. Ce monospace, mélange de Renault Espace 3e génération et de BMW i3, peut grimper jusqu’à 90km/h, avec une vitesse de croisière de 50km/h. La carrosserie est en composite, dont particulièrement légère, la clé pour préserver l’autonomie.

Plus de 20 capteurs et une voiture 100% autonome

La valeur de ce véhicule tient dans ses capteurs. 10 capteurs lidars (dont 3 à 360 degrés), 6 caméras, 4 radars, 2 antennes GNSS (système de positionnement par satellite) et 1 centrale inertielle, la liste est impressionnante. Au-delà de la règle de la triple redondance (un capteur doit pouvoir pallier à la défaillance d’un autre capteur), les concepteurs permettent ainsi à la voiture de faire face à n’importe quelle circonstance rencontrée sur la route.

Au total, le véhicule de Navya embarque 10 lidars, ces lasers-scanners indispensables à la voiture autonome. Trois d'entre eux scannent l'environnement à 360 degrés.
Au total, le véhicule de Navya embarque 10 lidars, ces lasers-scanners indispensables à la voiture autonome. Trois d'entre eux scannent l'environnement à 360 degrés. © Navya

Dans les rues de Paris en 2018

Le véhicule devra surtout communiquer avec le smartphone de ses passagers. Navy prévoit en effet que les passagers pourront monter à bord, en réservant leur trajet via une application. Comme une version moderne d’UberPool.

La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a confié hier soir, lors de la présentation, que l’Autonom Cab avait reçu l’autorisation de rouler dans Paris dès l’an prochain, a priori au second semestre. Le quartier des Invalides a été choisi comme zone d'expérimentation, avec des larges avenues, et une circulation moins dense que dans d'autres quartiers parisiens.

Le prix du robot-taxi avoisine ceux d’une supercar: entre 230 et 250.000 euros. Navya ne vise cependant pas les collectionneurs et amateurs de belles mécaniques mais plutôt les sociétés de VTC ou de transports de personnes, comme des entreprises privées pour leurs flottes de collaborateurs. Navya travaille ainsi conjointement avec le spécialiste du transport public, Keolis.

Pauline Ducamp avec Antonin Moriscot et Gaspard Deschanel