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L’hybride, le vrai perdant du budget de l’automobiliste 2017

La Prius est le modèle qui encaisse la plus forte hausse des 5 testés par l'association.

La Prius est le modèle qui encaisse la plus forte hausse des 5 testés par l'association. - Toyota

Dans l’étude annuelle du budget de l’automobiliste publié par l’Automobile Club Association, la Toyota Prius est la voiture dont le coût d’achat et d’usage a le plus progressé, même par rapport à des modèles diesel. La faute à la suppression du bonus accordé à ce type de motorisation.

6063 euros: c'est le budget annuel pour rouler dans le best-seller français de ces dernières années, la Renault Clio. Un chiffre qui passe symboliquement la barre des 6000 euros en raison d'une hausse de 3,1% par rapport à 2016, comme l'indique l'édition 2017 du "Budget de l'automobiliste" que vient de publier l'Automobile Club Association (ACA), une des principales associations françaises d'automobilistes avec 1,2 million de membre.

Le diesel pour les gros rouleurs... ou en Dacia

Pour calculer ce budget de l'automobiliste, l'association prend 5 voitures de référence, correspondant à différents besoins. La plus populaire, la Renault Clio, fait donc figure de principal étalon. Elle est ici évaluée dans sa version essence (avec le TCe 90).

Ce montant intègre le prix d'achat du véhicule (17.000 euros pour cette Clio en finition Energy Zen), acquise après reprise d'une Clio de 4 ans avec 36.000 km au compteur (cote Argus de 6.350 euros). Le financement pour régler la différence, se fait via un crédit sur 4 ans. Notre propriétaire de Clio essence roule en moyenne 8.638 km, ce qui donne un coût au kilomètre de 0,702 euro (+1% par rapport à 2016). Cela reste bien supérieur au modèle le plus intéressant en termes de "Prix de revient kilométrique" (PRK) calculé récemment par le magazine l'Argus. La Dacia Sandero ressortait en tête avec un coût de 0,33 euro par km (mais avec une hypothèse plus favorable de 15.000 km/an).

En effectuant le même nombre de kilomètre mais avec la Clio diesel: le budget annuel passe à 6316 euros, soit 253 euros de plus qu'avec l'essence. "Quand tout augmente, c'est justement l'occasion de réfléchir à sa mobilité par exemple en passant à un véhicule plus adapté à ses besoins", indique le porte-parole de l'ACA.

Mais à partir de combien de kilomètres est-il intéressant de passer à la Clio diesel? Dès 14.400 km, répond l'association. C'est en effet à partir de ce seuil que le coût du carburant moins cher permet de compenser un prix d'achat plus élevé (19.600 euros) et des dépenses d'entretien plus onéreuses (+21%) que son équivalent en essence. 

Il reste une solution encore plus abordable: la Dacia Logan diesel, qui repose sur une base d'ancienne Clio. Toujours avec 8638 km réalisés dans l'année et malgré une augmentation de 3,28% par rapport à 2016, son coût reste sous la barre des 5000 euros, à 4912 euros exactement. C'est 1151 moins cher que la Clio essence. 

L'hybride perd de son attrait

Conséquence logique de la suppression du bonus écologique accordé aux véhicules hybrides non-rechargeables en 2017, la Toyota Prius est le modèle dont le coût s'envole le plus au sein du panel de l'association. La japonaise voit son coût d'achat-reprise s'envoler de 5,4% par rapport à 2016 et son budget annuel total atteindre 9.906 euros

Cela reste 1300 euros plus cher que pour la Peugeot 308 diesel, à 8587 euros, confiée elle aussi à un gros rouleur, 16.132 km par an. Le prix au km de la française reste limité à 0,532 euro, contre 0,614 pour la Prius. On peut s'étonner de ce résultat dans une France qui a pris la décision l'an dernier de s'engager dans un objectif de fin du moteur thermique à horizon 2040, et en 2030 pour Paris. Pour le moment, le gouvernement a décidé de se concentrer sur les incitations à l'achat de voitures 100% électriques ou hybrides rechargeables et les motorisations alternatives ont encore largement le temps de se montrer accessibles au plus grand nombre.

Les 5 voitures évaluées par l'ACA
Les 5 voitures évaluées par l'ACA © ACA

"En 2017, le budget de l'automobiliste a augmenté 3 à 4 fois plus que l'inflation !", a souligné le président de l'ACA, Didier Bollecker, lors de la présentation de cette étude.

"Seuls les tarifs des péages et des dépenses au garage sont restés dans les limites de l’inflation à 1% l'an dernier, poursuit Didier Bollecker. Heureusement l’automobiliste résiste, avec un nombre moyen de kilomètres parcourus en progression."

C'est avant tout la hausse des prix des carburants qui explique cette année celle du budget moyen de l'automobiliste. "Les carburants, en valeur hors taxe, ont augmenté de 11,2% (SP95) et de 16,8% (gazole)", note l'étude.

"Délire fiscal"

"On paye plus de taxes que de carburant!", rappelle toutefois Didier Bollecker, qui n'hésite pas à parler de "délire fiscal". En effet, la hausse de la taxe sur l'essence (+2,8%) et sur le gazole (+8,2%) fait grimper la part de la taxation à 182% du prix final pour l'essence et à 157% pour le gazole, contre un taux normal de TVA à 20%.

"Pour inciter les Français à délaisser le diesel pour l'essence, il aurait été plus judicieux de baisser la taxe sur l'essence que de relever de manière plus importante celle sur le diesel. On fait des cadeaux fiscaux aux entreprises alors pourquoi pas aussi faire confiance aux automobilistes?", note Yves Carra, porte-parole de l'ACA.
Les taxes sur les carburants représentent plus de la moitié des recettes fiscales générées par les automobilistes en France
Les taxes sur les carburants représentent plus de la moitié des recettes fiscales générées par les automobilistes en France © ACA
Julien Bonnet