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L’Etat veut mettre de l’ordre dans les stages de récupération de points

1500 centres en France proposent des stages de récupération de points de permis de conduire. L'Etat veut mieux encadrer leurs pratiques.

1500 centres en France proposent des stages de récupération de points de permis de conduire. L'Etat veut mieux encadrer leurs pratiques. - Liann Wé

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité Routière, annonce vouloir multiplier par cinq les contrôles dans les centres de stages de récupération de points du permis de conduire, pour éviter les dérives.

Récupérer des points, oui, mais pas n’importe où et surtout pas n’importe comment, c’est l’objectif du délégué interministériel à la sécurité routière. Dans le Parisien du 25 février, Emmanuel Barbe annonce vouloir faire le ménage dans les centres de stages de récupération de points. "Dans beaucoup de stages, les règles ne sont pas respectées, et je souhaite que chaque centre organisateur soit contrôlé au moins une fois chaque année", annonce Emmanuel Barbe.

Environ 1500 centres proposent en France des stages de sensibilisation à la sécurité routière (leur nom officiel), à l’issue desquels le conducteur récupère quatre points sur son permis de conduire, moyennant un coût de participation de 200 à 250 euros. L'an dernier, 89 centres ont perdu leur agrément délivré par les préfectures, car ils n’organisaient pas les stages dans les règles.

Sensibilisation à la sécurité routière

Les dérives touchent la durée et le contenu des stages. Légalement, un stage de sensibilisation à la sécurité routière dure au minimum 14 heures réparties sur deux jours consécutifs et animé par des animateurs diplômés et un psychologue. "La formation comprend notamment des études de cas d’accidents, un exposé sur les lois physiques et leurs conséquences sur les véhicules et leur conduite, un questionnaire d’auto-évaluation", précise la législation.

Or, certains organismes profitent du système. "Des sociétés proposent par exemple de multiples dates, à des tarifs réduits, via des plateformes internet. Les conducteurs qui ont rapidement besoin de récupérer des points s’inscrivent, et à 24 heures de la séance, on les appelle pour leur dire qu'elle est annulée et les convoquer plusieurs semaines plus tard, souvent loin de chez eux", relate Pierre Chasserey, président de l’association 40 Millions d’Automobilistes. Entre-temps, les participants ont eu le temps de perdre leur permis. Ces séances sont bien aussi souvent surchargées.

"Nous allons notamment regarder de près les sites Internet qui rameutent les conducteurs en tirant les prix vers le bas et nous n’hésiterons pas à porter plainte si certains font des certificats alors que le stage n’est pas effectué dans de bonnes conditions", menace Emmanuel Barbe. 

Plus de 300.000 personnes

Les contrôles sont assurés dans chaque département par des inspecteurs du permis de conduire. "30 à 40% des centres devraient voir leur agrément retirer", estimer Pierre Chasserey.

Selon les chiffres donnés par la Sécurité routière, en 2013, 333.734 personnes ont participé à des stages, contre 245.989 en 2009. Plus de 250.000 participants se sont inscrits volontairement, 55.000 ont eux subi ce stage de manière obligatoire.

P. Ducamp