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Essai - Nouvelle Renault Mégane RS, losange pressé

La quatrième génération de la Renault Mégane est désormais proposée en version RS. Avec la promesse d’une berline compacte utilisable au quotidien, mais aussi prête à affoler les chronos sur circuit. Avant son lancement commercial en février, nous avons pu essayer deux versions de la nouvelle bombe française, avec les châssis Sport associé à la transmission automatique, et la version Cup, en boite manuelle.

Celle qui revendique le titre de "Meilleure traction du monde" fait son grand retour. Renault s’apprête en effet à commercialiser la version RS de la quatrième génération de la Mégane. Une étape clé dans la vie de la berline compacte, deux ans après son lancement. Découverte sur les routes d'Andalousie, à plus de 700 km au sud de l'usine espagnole de Palencia où est produite la Mégane.

A côté de la nouvelle Mégane RS troisième du nom (à gauche), la 275 (2e génération) et la R26.R (1ère génération).
A côté de la nouvelle Mégane RS troisième du nom (à gauche), la 275 (2e génération) et la R26.R (1ère génération). © JB

Mais pourquoi la Mégane RS?

La Mégane, c’est avant tout un modèle populaire: plus de 4 millions d’exemplaires vendus depuis la première du nom sortie en 1995. Mais associée aux deux lettres magiques, RS (pour Renault Sport), cela donne une des berlines compactes sportives les plus appréciées des amateurs de ces modèles qui permettent de prendre du plaisir sur route comme sur circuit.

C’est en 2003 qu’apparaît cette version, sur la deuxième génération de la Mégane. Elle est alors équipée d’un moteur de 225 chevaux. En 2008, une série limitée R26.R (en photo à droite ci-dessus) marquera les esprits en signant un premier record sur la boucle nord du Nürburgring, le mythique circuit allemand. La deuxième Mégane RS (sur la troisième génération de la Mégane) prend le relais l’année suivante.

Sur ces deux premières générations, les Mégane RS (toutes versions dont les séries limitées) se sont écoulées à plus de 53.000 exemplaires. L’occasion pour Renault de s’exporter sur des marchés atypiques car, après la France et l’Allemagne, c’est en Australie et au Japon qu’on trouve le plus de fans de la sportive au losange!

Avec cette nouvelle version dévoilée l’an dernier en préambule du grand prix de Monaco, la nouvelle Mégane RS compte bien continuer à s’imposer comme une sportive de référence. "Il n'y a pas de Mégane RS sans record", clame-t-on en coulisses chez Renault. Un signe de confiance qui laisse présager que la nouvelle venue pourrait venir bientôt taquiner le chrono de la célèbre boucle nord du Nürburgring. A suivre…

L'avant de cette nouvelle Mégane RS intègre la lame F1 apparue sur la précédente génération.
L'avant de cette nouvelle Mégane RS intègre la lame F1 apparue sur la précédente génération. © JB

Le design

Dès le premier coup d’œil, Renault Sport a tout fait pour qu’on distingue bien cette Mégane de ses cousines moins sportives. Par rapport à la GT, la plus puissante de la gamme jusqu’ici, la garde au sol a par exemple été rabaissée de 5 mm et les ailes élargies de 60 mm à l’avant et de 45 mm à l’arrière.

Parmi ses signes distinctifs, à l’avant, on retrouve le logo RS juste sous le losange, une lame F1 couleur gris satiné et une grille de calandre spécifique en nid d’abeille. Mais c’est finalement vue de l’arrière que cette Mégane RS révèle son côté bête de course: on aperçoit en effet les extracteurs d’air des roues avant et arrière, le becquet et un diffuseur bien agressif. Des détails esthétiques, mais qui favorisent l’aérodynamique de cette nouvelle Mégane RS. On notera aussi les freins Brembo (le spécialiste du freinage pour voiture sportive) bien visibles (en rouge sur la version Cup) et la sortie d'échappement centrale, avec deux pots dissimulés derrière un enjoliveur.

Des extracteurs d'air, un diffuseur bien visible à l'arrière et l'échappement central avec enjoliveur soulignent le côté sportif de cette Mégane RS
Des extracteurs d'air, un diffuseur bien visible à l'arrière et l'échappement central avec enjoliveur soulignent le côté sportif de cette Mégane RS © JB

Au volant

Mais dans ce flacon "Orange Tonic", ressent-on l'ivresse de la sportivité? Nous avons démarré notre essai avec le châssis Sport et le moteur TCe 1,8 litre. C’est le même que celui de la dernière Alpine A110. Boosté par Renault Sport, il passe de 252 chevaux/320 Nm de couple à 280 chevaux/390 Nm (en attendant le moteur de 300 chevaux de la version Trophy, voir LE chiffre), ce qui permet de compenser en partie les 327 kg qui séparent le coupé 2 places de la berline 5 places, 5 portes (5,1 kg par cheval contre 4,3 pour la berlinette).

Ce moteur est associé à la boîte automatique EDC 6 vitesses qui s'est montrée à la fois réactive et cohérente dans les passages de rapport selon le mode sélectionné: "Normal", "Confort" (qui joue aussi le rôle de mode éco en plus d’assouplir les suspensions), "Perso" (pour se créer son propre profil avec de nombreux paramètres) ou "Sport". On réservera le mode "Race", qui désactive totalement l'ESP (antidérapage) au circuit, un peu plus loin dans cet essai. Seul regret de cette transmission EDC: si on apprécie les palettes au volant bien qu'un peu courtes, il n'est pas possible de passer les rapports au levier de vitesses comme par exemple sur la DSG du groupe VW.

Le moteur répond quant à lui présent avec un 0 à 100 km/h en 5,8 secondes, ce que nous avons pu vérifier avec le "Launch control", un classique désormais sur ce genre de modèles. Il s'essouffle toutefois rapidement en montant dans les tours, avec un couple qui redescend rapidement au-delà des 4.800 tours/minute. Bon point cependant: une musique de fond bien raccord. Renault Sport a particulièrement travaillé la sonorité moteur: même si cela semble moins poussé que sur l’Alpine A110, cela donne tout de même le sourire lors des passages de rapport ou à la décélération.

La Mégane RS intègre de nombreuses aides à la conduite, dont un voyant de présence dans l'angle mort dans le rétroviseur.
La Mégane RS intègre de nombreuses aides à la conduite, dont un voyant de présence dans l'angle mort dans le rétroviseur. © JB

Sur les routes andalouses à l’adhérence imparfaite, cette version Sport a en tout cas démontré toutes ses capacités. Le système 4Control, les 4 roues directrices, permet notamment d’aborder chaque virage de manière plus efficace. A moins de 60 km/h (100 km/h en mode race), les roues arrière braquent dans le sens opposé des roues avant avec un angle maximum de 2,7 degrés, pour plus d’agilité. A plus de 60 km/h, les roues arrière braquent dans le même sens pour renforcer la stabilité. Dans les faits, cela nécessite un petit temps d’adaptation: si on apprécie nettement la capacité du véhicule à s’inscrire dans ses trajectoires dans les virages les plus serrés ou les grandes courbes, on a parfois le sentiment d’une direction un peu floue.

Avec une suspension raffermie mais qui reste confortable et de nombreux équipements et aides à la conduite proposés (de l'affichage tête haute aux avertisseurs d'angle mort), cette Mégane RS semble en tout cas adaptée à une utilisation au quotidien. Toutefois, avec un prix démarrant à 39.400 euros pour cette version (avec 3.113 euros de malus), on aurait apprécié une petite clé exclusive ou de l'alcantara courant sur l'ensemble du volant (et non pas uniquement en décoration en haut et en bas). Des détails qui peuvent avoir leur importance chez les acheteurs de sportives.

Une clé-carte avec le losange, comme la Mégane normale. Dommage de n'avoir pas au moins ajouté un petit RS...
Une clé-carte avec le losange, comme la Mégane normale. Dommage de n'avoir pas au moins ajouté un petit RS... © JB

Pour ne pas faire frissonner son banquier, il ne faudra également pas abuser du mode sport... Lors de notre essai, certes en poussant un peu fort et avec une bonne partie en zone montagneuse, notre consommation a facilement dépassé les 20 litres au 100 km! De quoi épuiser rapidement le réservoir qui en compte 50. 

Et autant dire que cela ne s'est pas arrangé avec la version Cup que nous ne pouvions tester que sur circuit, où on est naturellement moins regardant sur la consommation. Car à Jerez de la Frontera, en plus de bons vins, on peut compter sur un circuit qui a accueilli notamment des Grands Prix de Formule 1 et voit désormais tourner des motos GP. L'occasion de tester les limites du véhicule: avec l'ESP désactivé, le châssis optimisé montre toute son efficacité. Sans trop d'expérience, on se prend vite au jeu sans (trop) se faire peur. Le comportement reste sain dans les virages.

Au volant de la version Cup (en jaune Sirius) associée à la boite manuelle sur le circuit de Jerez, la Mégane RS offre de belles sensations.
Au volant de la version Cup (en jaune Sirius) associée à la boite manuelle sur le circuit de Jerez, la Mégane RS offre de belles sensations. © Renault

Si elle plaira aux puristes, la boîte manuelle 6 vitesses s'est révélée un peu décevante par rapport à l'EDC. Au point qu'on aurait aimé voir ce que donnait la transmission automatique (et surtout son mode manuel avec palettes au volant) sur le circuit, surtout que cette combinaison Cup/EDC sera rapidement proposée par Renault Sport après le lancement du châssis Sport dans un premier temps, en boite manuelle en février et en automatique au printemps.

L'intérieur de la Mégane RS reprend le très bon écran vertical du modèle de série en ajoutant notamment un volant spécifique et des inserts imitation carbone.
L'intérieur de la Mégane RS reprend le très bon écran vertical du modèle de série en ajoutant notamment un volant spécifique et des inserts imitation carbone. © Renault

"LE" truc en plus: "RS Monitor" passe en mode expert

Si le système d'infotainment reste inchangé par rapport à la Mégane classique, une application a été développée spécialement par Renault Sport: le RS Monitor. Il s'agit de la version modernisée de cet ordinateur de bord qu'on trouvait déjà sur les versions précédentes avec une quarantaine de données de conduite (accélération, freinage, angle au volant et des roues...). 

Facturée 250 euros, cette option peut désormais passer au niveau expert pour 200 euros de plus. Si nous ne pouvions tester cette fonction que Renault Sport est en train de peaufiner, elle permettra d'associer ces relevés de paramètres à de la captation vidéo via le smartphone ou une caméra type GoPro. Une bonne idée pour pouvoir partager simplement ses exploits sur circuit sur les réseaux sociaux et dont on peut voir un aperçu en vidéo ici.

La prochaine version Trophy, un vent nouveau pourrait souffler sur cette Mégane RS.
La prochaine version Trophy, un vent nouveau pourrait souffler sur cette Mégane RS. © JB

Le chiffre: 300

C'est le nombre de chevaux de la prochaine Mégane RS Trophy, qui devrait être disponible à partir de septembre 2018. Elle devrait donc en toute logique attirer les curieux lors du Mondial de l'Auto sur le stand Renault Sport. Avec un couple qui gagnerait également pour culminer à 400 Nm, cette version lui permettra de réellement rivaliser avec ses principales concurrentes comme la Seat Leon Cupra ou la dernière Honda Civic Type-R.

Nos modèles d'essai: Renault Mégane RS Châssis Sport avec la boite EDC6 et Châssis Cup avec la boite manuelle BVM6.

Julien Bonnet