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Essai - Bentley Flying Spur W12S, la force tranquille du luxe

La Flying Spur W12 S dans son élément, aux abords du château de Versailles.

La Flying Spur W12 S dans son élément, aux abords du château de Versailles. - DP

Avec son impressionnant moteur de 635 chevaux, la Bentley Flying Spur W12S s'impose tout simplement comme la plus puissante des berlines de luxe du marché. Nous avons pu essayer ce luxueux et imposant vaisseau à plus de 200.000 euros.

Conduire ou être conduit, telle est la question, face à un salon sur roues comme la Bentley Flying Spur W12 S. Au premier coup d'œil, la grande berline anglaise invite en effet à prendre place à l'arrière, pour profiter de son confort de limousine. Mais le W12 de 635 chevaux installé sous le capot amène vite à envier son chauffeur…

Mais pourquoi la Bentley Flying Spur?

Avec un prix de départ de 182.500 euros (hors options), prendre le volant ou s'asseoir à l'arrière fait de toute façon quelque chose. La Flying Spur W12S se veut tout de même plus abordable que sa grande sœur, la Mulsanne, dont le tarif dépasse facilement les 300.000 euros.

Lancée en 2013, elle succède à la Continental Flying Spur de 2005. Fini la déclinaison longue et 4 portes de la Continental, la Flying Spur complète désormais à part entière la gamme de la marque britannique, longtemps possédée par Rolls-Royce et rachetée par Volkswagen en 1998.

  • Ce rachat sort la marque de décennies d'atonie, où Bentley vécut dans l'ombre de Rolls-Royce. Les Bentley n'étaient alors que des Rolls rebadgées, sans personnalité ni innovation mécanique, et les clients absents. Or Bentley a construit son histoire sur la mécanique. Fondée en 1919 par Walter Owen Bentley, la marque misait en effet sur les modèles de course, et est même à l'origine de moteurs intégrant des pistons en aluminium. Bentley rend d'ailleurs hommage à cette invention en installant des boutons poussoir en forme de piston dans sa Flying Spur.
La Flying Spur se distingue parc sa calandre royale, et les optiques rondes à l'avant, la signature design de Bentley.
La Flying Spur se distingue parc sa calandre royale, et les optiques rondes à l'avant, la signature design de Bentley. © DP

Si les niveaux de vente sont évidemment très confidentiels, la Flying Spur serait le modèle Bentley le plus populaire dans un marché privilégié pour la marque: Monaco. Les clients apprécieraient notamment son immense volume de coffre et la transmission intégrale, pratique pour partir en famille ou entre amis aux sports d’hiver.

A l'arrière, la Flying Spur offre 475 litres de coffre, soit un peu moins que la concurrence : 490 litres sur une Mercedes Classe S, 515 sur une BMW Série 7.
A l'arrière, la Flying Spur offre 475 litres de coffre, soit un peu moins que la concurrence : 490 litres sur une Mercedes Classe S, 515 sur une BMW Série 7. © DP

Derrière le volant

On appréhende beaucoup la conduite d’un vaisseau aussi imposant que la Flying Spur. Avec ses mensurations hors normes, 5,30 mètres de long, 2,20 mètres de large avec les rétroviseurs, notre Lord britannique ne paraît pas vraiment taillé pour la ville. Et c’est pourtant la première bonne surprise de notre essai. La conduite est plutôt souple et si on prend les précautions nécessaires pour ne pas abîmer le bijou, on prend rapidement confiance pour se faufiler dans les rues de Paris, cadre principal de notre test.

Derrière le volant de la Bentley, le compteur grimpe jusqu'à 340 km/h. La vitesse maximale officielle donnée par Bentley est elle de 320km/h.
Derrière le volant de la Bentley, le compteur grimpe jusqu'à 340 km/h. La vitesse maximale officielle donnée par Bentley est elle de 320km/h. © JB

Le moteur W12 de 6 litres épaulé par deux turbos se marie parfaitement avec la boîte automatique ZF 8 vitesses pour un confort de conduite maximum. Le couple de 820 Nm est à la hauteur pour faire décoller les 2,5 tonnes de la Flying Spur sur la balance. Notre paquebot se déplace ainsi avec l'aisance d'un bateau de plaisance, mais un bateau de plaisance qui ondule. Les suspensions sont tellement souples que par moment, l'esprit d'une vieille Citroën n'est pas loin.

Difficile de dire si les 10 chevaux et 20 Nm supplémentaires offerts sur notre version W12S sont réellement utiles: la vitesse maximum affichée passe de 320 à 330 km/h et le 0 à 100 km/h est abattu en 4,5 secondes, soit un dixième de mieux. Cela a en tout cas le mérite de justifier la couleur rouge de notre modèle, une teinte sportive qui tranche avec la sobriété habituelle de ces modèles très haut de gamme. En restant doux sur la pédale de droite, la Flying Spur vogue à un rythme de sénateur, mais la moindre pression un peu franche collera le passager dans la banquette arrière. Heureusement, les freins en carbone-céramique sont là pour calmer ses ardeurs.

En contrepartie, notre version affiche une consommation gargantuesque de 22 litres/100 km en cycle urbain, malgré la désactivation possible de 6 cylindres (soit davantage que ce dont dispose le commun des automobilistes). Sur route, ce chiffre descend tout de même à 10,2 litres/100km, de quoi laisser une autonomie suffisante avec un réservoir de 90 litres.

Face à sa plus petite compatriote, une ancienne Mini à peine longue de 3 mètres, la Flying Spur et ses 5,30 mètres en imposent.
Face à sa plus petite compatriote, une ancienne Mini à peine longue de 3 mètres, la Flying Spur et ses 5,30 mètres en imposent. © DP

"LE" truc en plus: le roi du silence

C'est un point essentiel dans un tel niveau de véhicule. Même avec 635 chevaux, pas un bruit ne filtre dans l’habitacle… Les portières mesurent plusieurs dizaines de centimètres d'épaisseur, de quoi rendre presque jalouse une voiture blindée. Et une omniprésence de cuir achève d’éliminer le bruit… avec élégance. Le propriétaire homme d'affaires peut ainsi tranquillement préparer ses prochaines réunions ou incliner son siège réglable et massant pour entamer une sieste entre deux vols en jet privé. Les fauteuils sont en effet du niveau d'une 1ère classe. Reste une solution pour profiter du son du moteur: accélérer, toit ouvrant ouvert. Le rugissement est alors à la hauteur de la poussée ressentie dans l'habitacle.

L'écran de contrôle de la climatisation à l'arrière est amovible, il permet également de suivre en temps réel la vitesse du véhicule.
L'écran de contrôle de la climatisation à l'arrière est amovible, il permet également de suivre en temps réel la vitesse du véhicule. © DP

"LE" deuxième truc en plus: champagne et cigares!

Notre vaisseau offre également la possibilité de signer de juteux contrats directement dans l'habitacle. Pour fêter l’accord entre les deux contractants, le champagne peut couler à flot grâce à un minibar dédié et dissimulé derrière l'accoudoir central à l'arrière. Sur ce dernier, on retrouve de quoi reboucher la bouteille et deux porte-flûtes, version grand luxe du porte-gobelet. Enfin, on peut accompagner la fête d'un ou deux cigares, rangés dans un compartiment dédié entre les sièges, et utiliser un des nombreux allumes cigares (qui n'ont jamais aussi bien porté leur nom) et cendriers disséminés un peu partout à l’intérieur.

C'est clairement à l'arrière que les occupants sont choyés: bois précieux, mini tablette de courtoisie, bar à champagne et moquette bouclée très, très épaisse.
C'est clairement à l'arrière que les occupants sont choyés: bois précieux, mini tablette de courtoisie, bar à champagne et moquette bouclée très, très épaisse. © DP

"LE" troisième truc en plus: ventilation zéro émission

Si Bentley ne s’est pas encore converti à l’électrique (mais comme tout le monde cela ne devrait pas tarder), sa climatisation peut au moins déjà tourner en zéro émission. Des panneaux solaires ont en effet été placés sur le toit ouvrant. Ils permettent d'activer la ventilation sans faire tourner le moteur. De quoi rester au frais sans tuer les ours polaires.

Le toit ouvrant abrite un panneau solaire destiné à faire tourner la ventilation sans démarrer le moteur
Le toit ouvrant abrite un panneau solaire destiné à faire tourner la ventilation sans démarrer le moteur © JB

"LE" truc en moins: la connectivité

Si l'homme d'affaires est suspendu à son smartphone, il ne pourra le recharger depuis l'arrière, où ne se trouve pas de prise USB. Bentley a bien intégré un chargeur de smartphone, mais il est... dans la boite à gants. Point positif: il n'y a pas un mais plusieurs chargeurs, un par marque en résumé, à côté du chargeur 6CD. Bienvenue en 2005!

La connexion en Bluetooth fonctionne difficilement. En revanche, le GPS s'exprime toujours avec élégance. Chez Bentley, on ne tourne pas à gauche, on oblique.

  • "LE" chiffre: 45.770

C’est le prix, en euros, d’une BMW Série 3 déjà bien équipée. Mais quel rapport avec notre Flying Spur me direz-vous? C'est aussi le tarif total des options dont disposaient notre limousine. Des trucs en plus qui ont donc un coût parfois exorbitant: on citera ainsi les freins carbone-céramique à 11.370 euros ou notre minibar accompagné de ses flûtes en cristal signés Mulliner (le préparateur grand luxe chez Bentley), à 7.600 euros (soit à lui seul le prix d'une Dacia Sandero).

L'addition continue avec le système son signé Naim et développant 1.100 watts, à 6.130 euros, ou les petites tablettes avec miroir et lumière intégrés, à 1.950 euros. Avec de tels prix, nos très belles jantes alliage laquées noir de 21 pouces à 2.050 euros paraissent presque bon marché. C'est aussi ça l'effet Bentley.

Notre modèle d'essai: Bentley Flying Spur W12S, 228.270 euros (avec options) en Dragon Red II, finition intérieure Beluga & Porpoise.

Julien Bonnet