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Voitures du futur

Conduire sans les mains dans une voiture autonome de PSA

PSA a obtenu l'autorisation pour tester ses véhicules autonomes sur voie rapide, seule exception pour le moment à la règle de garder ses mains sur le volant.

PSA a obtenu l'autorisation pour tester ses véhicules autonomes sur voie rapide, seule exception pour le moment à la règle de garder ses mains sur le volant. - JB

PSA Peugeot Citroën vient de démarrer des tests grand public de son prototype de véhicule autonome. Nous avons nous aussi pu la tester. Au programme, une délégation de conduite complète (plus besoin de tenir le volant en main) sur des trajets simples sur autoroute. Les premiers véhicules de série sont prévus pour 2020.

Si elle est de plus en plus au centre de l’actualité, la voiture autonome suscite un certain nombre de questions. Est-elle suffisamment fiable pour réellement soulager le conducteur? Quand sera-t-elle commercialisée et à quel prix? Comment passer d’un mode de conduite manuelle à un mode autonome?

C’est pour répondre à ces nombreuses interrogations que PSA teste désormais ses prototypes auprès du grand public. Et nous avons nous aussi pu prendre le volant, enfin façon de parler. 

Première expérience autonome grand public en France

Ces véhicules sont compatibles avec les niveaux 3 et 4 de conduite autonome, ceux permettant de lâcher les mains du volant et de détourner plus ou moins longtemps son attention de la route. Si ce type de technologies devrait progressivement apparaître au cours des prochaines années, il faudra se montrer un peu plus patient pour voir les premiers véhicules de niveau 5, soit 100% autonome. Ils embarqueront uniquement des passagers n’ayant pas forcément un permis de conduire et pourront se déplacer seuls, sans personne à bord.

En attendant, c’est dans la voiture de monsieur tout le monde que le pilotage automatique va donc faire son apparition. Notre voiture du jour: un monospace Citroën C4 Picasso, tout ce qu’il y a de plus normal (en apparence), sauf qu’il est bardé de capteurs. 

Deux prototypes de C4 Picasso équipés des capteurs nécessaires pour gérer la conduite autonome.
Deux prototypes de C4 Picasso équipés des capteurs nécessaires pour gérer la conduite autonome. © JB

Un monospace et beaucoup de capteurs

Des capteurs à ultrason, des caméras et un laser scanner (ou lidar), et des radars assurent en effet la surveillance de l’environnement proche du véhicule, mais aussi à plus longue distance. Les données GPS permettent également d’ajouter des informations sur les infrastructures.

"La clé de la technologie autonome s’est de multiplier les sources d’informations pour le véhicule et de les recouper pour une vision optimale des paramètres de conduite", explique Vincent Abadie, responsable du programme véhicule autonome chez PSA.

Les nombreux capteurs installés sur ces prototypes de véhicules autonomes
Les nombreux capteurs installés sur ces prototypes de véhicules autonomes © JB

Nous partons donc du centre technique de PSA à Vélizy (Yvelines) pour un essai sur voies rapides (en l'occurrence la N118 et la N104), seul environnement sur lequel le groupe français a obtenu l'autorisation de tester ses prototypes autonomes pour le moment. Pour y accéder, la conduite reste ainsi en mode "classique". Pour rouler de manière autonome en ville, il faudra attendre "beaucoup plus tard", souligne Vincent Abadie. 

"Le problème de ce genre de systèmes c'est qu'ils sont très sécuritaires et vont ainsi ralentir ou s'arrêter à l'approche d'un obstacle. Or en ville, on passe très près des piétons, des cyclistes ou des autres véhicules, et donc un véhicule de ce type ne serait pas dangereux mais risque surtout de ne pas avancer!", explique l'expert de PSA. 

Les mains sur le volant, c'est fini

Le moment tant attendu arrive enfin. Une fois positionné au milieu des autres véhicules sur la voie rapide, l'appui sur un simple bouton me permet de déléguer la conduite. La direction se raidit et le régulateur adaptatif se met en marche, plus besoin de toucher ni au volant ni aux pédales. Et on s'habitue rapidement. En cas de problème, une action sur le volant ou les pédales me permettrait de reprendre immédiatement le contrôle du véhicule. 

Contrairement aux systèmes d'assistance poussés déjà proposés par des marques premium comme Tesla, Mercedes ou BMW, cette technologie est réellement "hands-off". Je ne vais pas me faire sermonner pour remettre les mais sur le volant, une obligation réglementaire à laquelle ce prototype PSA est un des premiers à pouvoir s'exempter sur route ouverte. Ayant déjà une expérience de cette conduite très assistée, je n'ai pas vraiment de réticence à laisser le véhicule conduire tout seul. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde: PSA vient de démarrer des tests sur des conducteurs non-experts et "certains ne veulent absolument pas lâcher le volant", remarque Laurent Abadie. 

Notre C4 Picasso autonome adopte pourtant une conduite particulièrement rassurante. Il prend les virages avec aisance, effectue un changement de voie de manière fluide lorsque j'actionne mon clignotant, puis un bouton pour valider l'opération. Lorsqu'un véhicule vient s'insérer juste devant moi, la réaction est assez naturelle avec une décélération à peine notable, contrairement à la manière un peu brutale dont peuvent réagir certains régulateurs adaptatifs, un peu pris de panique dans cette situation.

A 109 km/h sans main sur le volant ou pied sur la pédale, le comportement du véhicule est remarquable.
A 109 km/h sans main sur le volant ou pied sur la pédale, le comportement du véhicule est remarquable. © JB

Beaucoup plus reposant qu'un "simple" assistant

Une tablette tactile (ajoutée sur le tableau de bord pour l'occasion) m'affiche une représentation du véhicule devant moi avec la distance qui nous sépare. Si un changement de limitation de vitesse approche, un bip me le signale et le système m'informe et je dois valider cette modification via un simple appui sur un bouton "OK". C'est l'unique source de dérangement lors de ma discussion les yeux dans les yeux avec les passagers arrière, une expérience inédite et assez surprenante. On comprend assez rapidement que ne plus avoir à regarder la route et à tenir le volant offrira une vraie plus-value par rapport aux systèmes actuels, surtout sur les longs trajets monotones sur autoroute ou dans les bouchons.

Sur votre voiture dès 2020?

PSA anticipe que ces premiers systèmes "eyes off, hands off" seront commercialisés sur des véhicules haut de gamme du groupe à partir de 2020. Le groupe a besoin de temps pour développer et industrialiser les différents capteurs et miniaturiser le calculateur qui rassemble l'ensemble des données collectées. Ce dernier occupe pour le moment une bonne partie du coffre! 

Dans un premier temps, il ne devrait pas être possible de faire une sieste au volant, sachant que le conducteur doit être en mesure de reprendre le volant en une dizaine de secondes. Mais cela permet déjà d'envoyer des mails et textos en toute sécurité, de lire un livre ou de discuter voire jouer à un jeu de société avec ses passagers! 

En attendant ces premières options de "conduite autonome", PSA poursuit donc ses tests sur les routes de France, mais aussi aux Pays-Bas, en Angleterre en Espagne et bientôt en Chine. Un marché ô combien décisif pour les constructeurs automobiles et qui montre déjà une certaine appétence pour ces nouvelles technologies.

L'astuce de PSA pour réaliser des tests grand public, un véhicule autonome double commande, avec un superviseur capable d'intervenir à tout moment.
L'astuce de PSA pour réaliser des tests grand public, un véhicule autonome double commande, avec un superviseur capable d'intervenir à tout moment. © JB

Et pour convaincre les plus sceptiques, même Sébastien Loeb a apprécié son tour en véhicule autonome:

Julien Bonnet