Comment Audi joue de classicisme pour renouveler l'A5 coupé
En 2012, dans la Presse de Montréal (Canada), le professeur d'HEC Montréal Jean-Jacques Streliski évoquait les acheteurs d'Audi A4 comme "des personnes attachées à la performance automobile mais avec un certain classicisme, tout en sobriété ". On serait presque tenté de penser la même chose des futurs acheteurs de la nouvelle A5 dévoilée le 2 juin par Audi à Ingolstadt (Allemagne).
Et pas simplement parce que l'A5 version 2016, seconde génération, reprend beaucoup à l'actuelle A4 (plateforme, planche de bord, feux arrière, aide à la conduite). Le classicisme de la nouvelle A5 est en fait presque révolutionnaire. Quand en 2007, le désigner d'Audi Walter Da Silva crée ce coupé, il bouscule un peu une marque enfin établie dans le premium. C'est "son plus beau modèle", explique-t-il, un coupé aux lignes racées, avec un porte-à-faux avant court et des épaules un peu épaisses, qui dénote au milieu des moyennes/grandes/très grandes berlines qui constituent l'essentiel de la gamme aux quatre anneaux.
Il ramène aussi Audi dans la tradition du coupé, abandonnée en 1996 avec l'arrêt de ... l'Audi Coupé (oui, il fallait oser). Mais ce petit coup d'épaule à l'ordre établi reste classique. Il faut se se souvenir de l'échec de l'A2, trop borderline pour les conducteurs Audi et les balbutiements des SUV. C'est donc une révolution dans la gamme, mais tout en classicisme.
Les nouveaux moteurs 3.0 TDI présents
Cette version 2016 de l'A5 applique la même recette. Elle se confond avec son aînée, mais en y regardant de plus près, on note de subtiles différences. "L'avance, c'est aussi la tradition", lance Rupert Stadler, directeur général d'Audi, qui a fait passer à la trappe l'avance par la technique. Tout autour de lui, sur la place du forum Audi à Ingolstadt où est présentée la voiture, ça sent l'essence. Défilent alors 70 ans de moteur coupé. Et entre une Audi 100 et une Quattro, on se dit qu'à une époque, Audi et le classicisme... Les ruptures stylistiques et d'attitude étaient plus flagrantes.
C'est Wolfgang Egger, un proche de Walter da Silva, qui a dessiné la nouvelle A5. Le nouveau désigner d'Audi, Marc Lichte, ne l'a que peu touché, mais il encense allègrement le travail de son collègue après la présentation. "Les formes iconiques sont restées, mais elle est plus basse, plus sportive comme une R8, un TT, plus dans un esprit de GT", commente Josef Schossmacher, qui travaille au sein de la division produits chez Audi. Pour la "performance automobile", il appuie sur les blocs de 200 chevaux et plus, le V6 turbocompressé de 354ch de qu'on ne trouve pas sur les modèles de la concurrence (selon lui). La puissance globale de l'A5 a augmenté (190 à 286ch), et on a hâte de tester la maniabilité des nouveaux moteurs 3.0 TDI, de voir leur couple sous la pédale.
La continuité dans la rupture
Mais revenons au design, "tout en sobriété". De prime abord, mix parfait d'une A4 donc pour la technique et d'une A5 première génération pour le look, la nouvelle A5 offre un design un peu plus complexe, au moins sur la face avant. C'est là que se niche la vraie nouvelle personnalité de l'A5.
Quatre nervures strient le capot, un peu comme le concept Prologue (première œuvre majeure de Marc Lichte, tiens, tiens) la calandre est plus fine, l'ensemble de la voiture aussi, tout en gardant les épaules et l'effet de longueur des côtés. Les feux sont aussi nouveaux et ont piqué les clignotants à défilement du Q7.
Le tout reste très classique, on ne parlera pas de l'arrière, très quelconque. Bien entendu, comme l'ancienne génération avait déjà 9 ans, le bond à matière de connectivité et d'écrans embarqués est gigantesque. L'A5 première génération constituait une rupture de gamme. Cette seconde phase poursuit dans la même veine, selon la stratégie Audi et premium en général de ne pas trop bousculer ses clients. Un classique.