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Ces voitures dont les Iraniens ne veulent plus

Les rues de la capitale de l'Iran, Téhéran, sont régulièrement embouteillées.

Les rues de la capitale de l'Iran, Téhéran, sont régulièrement embouteillées. - Kamyar Adl - Flickr

La visite du président iranien Hassan Rohani en France les 27 et 28 janvier signifie l'officialisation du retour dans le pays de PSA et Renault. Si les sanctions ont eu pour conséquence une modification du marché local, l’Iran reste une terre automobile, avec des modèles parfois exotiques.

Les artères bouchées de Téhéran, la capitale iranienne, valent tous les discours: l’Iran est une terre d’automobile. Et si depuis 2012, les sanctions ont pesé sur le marché et la production, les Iraniens n’ont jamais cessé de rouler, d’où l’impatience des constructeurs occidentaux, Peugeot et Renault en tête, avant la réouverture complète du marché cette année, suite à la levée des sanctions.

Iran Khodro, partenaire local de PSA, produit la Peugeot 405.
Iran Khodro, partenaire local de PSA, produit la Peugeot 405. © Hamed Saber - Flickr

Des Peugeot chinoises

Mais en réalité, Peugeot et Renault n’ont jamais quitté les concessions iraniennes. En 2014, le cabinet Inovev estime que 320.000 Peugeot avaient été assemblées dans le pays. Le partenaire de PSA sur place, Iran Khodro, a en effet poursuivi la production des 405 et 206, malgré le retrait officiel du groupe français en 2012, suite à son accord stratégique avec General Motors. Cela donne une des 405 les plus cocasses de l’histoire, dotée d'une propulsion et de pièces rarement conformes au cahier des charges originel. Iran Khodro s’est en effet approvisionné auprès de producteurs chinois de pièces automobiles, qui ont reproduit les pièces de la Peugeot 405. Résultat: zéro euro pour Peugeot, mais des 405 neuves partout en Iran. PSA espère rapidement retrouver cette manne, Carlos Tavares compte produire localement 200.000 Peugeot 208, 2008 et 301 en 2017.

Moins en vue que la marque de Sochaux, Renault veut aussi envahir rapidement les rues iraniennes. Pendant les sanctions,le Français a continué d'envoyer des kits de pièces sur place, grâce à sa coentreprise Renault Pars, mais le rythme de production s'était bien entendu ralenti. Le modèle-phare en Iran pour Renault, c’est une berline à coffre, la Tondar. Cette sœur-jumelle de la Logan représentait une grande part des 51.500 véhicules vendus par la marque française dans le pays en 2015.

Renault commercialise la Tondar en Iran.
Renault commercialise la Tondar en Iran. © Kaveh SEYEDAHMADIAN - Renault

Des importations via les pays voisins

Les chinois n’ont pas seulement joué les fournisseurs auprès des constructeurs iraniens. Non soumis au respect des sanctions onusiennes, ils ont envahi le marché avec des modèles neufs, certes de qualité médiocre. Les marques Lifan et Chery ont écoulé plus de 100.000 véhicules en 2014, selon Inovev, soit 10% du marché total!

Mais en Iran, on n'aime pas seulement les petites voitures pas chères. Le marché existe aussi pour les gros modèles à cylindrée élevée. Des circuits d’importation illégaux, via les pays voisins, ont toujours permis de faire entrer des pick-ups japonais ou des muscle-car américaines. Le marché iranien couvre ainsi toutes les bourses, du low-cost au premium, d’où l’intérêt par exemple de la marque DS, qui ouvrira dans quelques semaines un showroom à Téhéran, ou de Mercedes qui a annoncé la signature d'un accord commercial il y a une dizaine de jours.

Deux millions de voitures

En 2020, Renault estime que le marché iranien dépassera les deux millions de véhicules, soit un volume aussi élevé que le marché français. Lors de la visite en France du président Hassan Rohani, Renault et PSA ont pu dévoiler officiellement leur plan stratégique pour réinstaller une production officielle dans le pays. En 2015, l’Iran représentait un marché d’un million et demi de voitures.

Une Dodge Challenger sur l'ile de Kish en Iran.
Une Dodge Challenger sur l'ile de Kish en Iran. © Blondinrikard Fröberg - Flickr
Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web