Ces voitures dont les Iraniens ne veulent plus
Les artères bouchées de Téhéran, la capitale iranienne, valent tous les discours: l’Iran est une terre d’automobile. Et si depuis 2012, les sanctions ont pesé sur le marché et la production, les Iraniens n’ont jamais cessé de rouler, d’où l’impatience des constructeurs occidentaux, Peugeot et Renault en tête, avant la réouverture complète du marché cette année, suite à la levée des sanctions.
Des Peugeot chinoises
Mais en réalité, Peugeot et Renault n’ont jamais quitté les concessions iraniennes. En 2014, le cabinet Inovev estime que 320.000 Peugeot avaient été assemblées dans le pays. Le partenaire de PSA sur place, Iran Khodro, a en effet poursuivi la production des 405 et 206, malgré le retrait officiel du groupe français en 2012, suite à son accord stratégique avec General Motors. Cela donne une des 405 les plus cocasses de l’histoire, dotée d'une propulsion et de pièces rarement conformes au cahier des charges originel. Iran Khodro s’est en effet approvisionné auprès de producteurs chinois de pièces automobiles, qui ont reproduit les pièces de la Peugeot 405. Résultat: zéro euro pour Peugeot, mais des 405 neuves partout en Iran. PSA espère rapidement retrouver cette manne, Carlos Tavares compte produire localement 200.000 Peugeot 208, 2008 et 301 en 2017.
Moins en vue que la marque de Sochaux, Renault veut aussi envahir rapidement les rues iraniennes. Pendant les sanctions,le Français a continué d'envoyer des kits de pièces sur place, grâce à sa coentreprise Renault Pars, mais le rythme de production s'était bien entendu ralenti. Le modèle-phare en Iran pour Renault, c’est une berline à coffre, la Tondar. Cette sœur-jumelle de la Logan représentait une grande part des 51.500 véhicules vendus par la marque française dans le pays en 2015.
Des importations via les pays voisins
Les chinois n’ont pas seulement joué les fournisseurs auprès des constructeurs iraniens. Non soumis au respect des sanctions onusiennes, ils ont envahi le marché avec des modèles neufs, certes de qualité médiocre. Les marques Lifan et Chery ont écoulé plus de 100.000 véhicules en 2014, selon Inovev, soit 10% du marché total!
Mais en Iran, on n'aime pas seulement les petites voitures pas chères. Le marché existe aussi pour les gros modèles à cylindrée élevée. Des circuits d’importation illégaux, via les pays voisins, ont toujours permis de faire entrer des pick-ups japonais ou des muscle-car américaines. Le marché iranien couvre ainsi toutes les bourses, du low-cost au premium, d’où l’intérêt par exemple de la marque DS, qui ouvrira dans quelques semaines un showroom à Téhéran, ou de Mercedes qui a annoncé la signature d'un accord commercial il y a une dizaine de jours.
Deux millions de voitures