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Avec la prime à la casse, les Français achètent... des diesel

La prime à la conversion permet d'acheter un véhicule plus récent, mais toujours au diesel

La prime à la conversion permet d'acheter un véhicule plus récent, mais toujours au diesel - AFP

La prime à la conversion a déjà séduit 48.000 Français en moins de cinq mois sur un objectif de 100.000 dossiers en 2018. Sans surprise, le diesel représente 80% des véhicules à la casse... mais aussi une part importante des achats de véhicules neufs ou d'occasion

La prime à la conversion séduit les Français. Le ministère de la Transition écologique, qui a lancé ce nouveau dispositif le 1er janvier dernier, vient de donner les derniers chiffres disponibles.

Au 13 mai dernier, 48.000 dossiers ont été déposés pour bénéficier de ce nouveau dispositif (voir encadré). Cela représente une légère accélération par rapport au dernier pointage mi-avril, qui traduisait déjà un certain engouement des Français. Sur ce total, on compte 34.729 dossiers qui ont déjà bénéficié de la prime ou sont en cours de paiement, précise le ministère. 

8 véhicules sur 10 à la casse sont des diesel

Et c'est justement sur ces dossiers traités que la répartition des véhicules mis à la casse apporte les premiers enseignements avec 80% de diesel et 20% d'essence. Une répartition logique vu l'importance du diesel dans le parc automobile français. La prime s'applique à des modèles plus récents (avant 2001, voire 2006 pour les ménages non imposables, avant 1997 pour les voitures essence). 

Grande nouveauté du dispositif, il concerne aussi le marché de l'occasion. Et le pari semble déjà gagné puisque 62% des bénéficiaires sont passés par ce marché (entre particuliers ou chez un revendeur) quand 38% achetait du neuf. 

Autre point à souligner, le dispositif reste encore prisé par les ménages non imposables (69% des bénéficiaires). Il faut aussi rappeler que les acheteurs imposables ne profitaient pas de l'ancienne prime à la conversion, mise en place entre 2015 et fin 2017 et qui ne concernait que les acheteurs de véhicules électriques neufs.

Un impact sur la qualité de l'air encore à prouver

Le ministère reste toutefois plus mystérieux sur la nature des modèles achetés par les bénéficiaires de la prime à la conversion. On connaît ainsi le nombre d'acheteurs de voitures électriques, 2627 (soit environ 8% des bénéficiaires), mais pas la part des ventes de diesel, qui serait "inférieure au 80% de diesel mis au rebut", précise un porte-parole. 

En voulant dépolluer le parc automobile mais toujours en se basant sur les émissions de CO2 (pas un polluant mais un gaz à effet de serre favorisant le réchauffement climatique), la nouvelle prime à la conversion continuerait de favoriser les achats de véhicules diesel (qui émettent en général moins de CO2 que des modèles essence équivalents). Et en pleine phobie du gazole post-dieselgate, on comprend que le ministère n'insiste pas forcément sur ce point. 

"Il y a tout de même un effet positif sur la qualité de l'air lorsqu'on remplace un vieux diesel non équipé de filtre à particule, par un récent qui en dispose forcément", tempère toutefois un porte-parole du ministère. 

Malgré tout, le premier bilan du dispositif reste positif. Avec près de 50.000 dossiers déposés en moins de 5 mois, sur un objectif de 100.000 cette année, le pari du gouvernement semble en tout cas déjà gagné. Surtout par rapport à la précédente prime qui ne concernaient qu'une poignée de particuliers. Face au succès de ce nouveau mécanisme, le ministère précise d'ailleurs que l'objectif de 100.000 dossiers n'est pas un plafond et que les demandes émises par la suite seront satisfaites.

la prime à la conversion, mode d'emploi

Pour les ménages non imposables, la prime est de 2000 euros et s'étend au diesel d'avant 2006.

Elle est également portée à 2500 euros pour tous les acheteurs de véhicules électriques neufs (Crit'Air 0)

Julien Bonnet