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Aujourd'hui sur une Formule E, ‪demain sur votre voiture

La Formule E, à l'image des autres compétitions automobiles, est un véritable laboratoire de l'innovation pour la voiture électrique.

La Formule E, à l'image des autres compétitions automobiles, est un véritable laboratoire de l'innovation pour la voiture électrique. - DS Virgin Racing

La Formule E revendique un rôle de laboratoire technologique. Beaucoup de marques y testent des solutions technologiques qu'elles espèrent mettre ‪demain sur des modèles de série.

Quel rapport entre une monoplace de 800kg qui file à 200km/h autour des Invalides et la citadine électrique que vous conduirez en 2020? La première est en quelque sorte la grand-mère de la seconde. C'est au premier regard un peu dur à imaginer, mais les Formule E qui courent ‪ce 23 avril dans les rues de Paris jouent un rôle essentiel dans la définition de la voiture propre de ‪demain. « La voiture électrique va se développer de plus en plus. Nous sommes une sorte d’amuse-bouche », résume Alex Tai, directeur de DS Virgin Racing.

• Une batterie avec une grande autonomie

Et l’un des éléments-clé d’une voiture électrique que peut aider à développer la Formule E, c’est la batterie. "La Formule E vise à démontrer que les batteries peuvent durer en usage intense", souligne ainsi le manifeste de la Formule E.

Dans la saison 2015/2016, toutes les écuries utilisent les mêmes batteries, fournies par Williams. Elles ont une bonne densité de puissance, ce qui permet une forte puissance d’accélération. Petit souci, elles ne tiennent pas encore assez longtemps. Une batterie avec une forte densité de puissance peut déjà servir sur un véhicule hybride rechargeable. Le problème de l'autonomie devra lui être résolue par la Formule E, à partir de 2018, car le pilote n'aura alors plus qu'une seule monoplace pour l'heure de course. Chaque constructeur pourra alors choisir sa propre technologie de batterie, en travaillant plus sur la densité d’énergie pour parcourir de plus longue distance.

• Une machine électrique

Mais la technologie de la batterie (lithium-ion pour le moment mais avec des formules chimiques qui évolueront selon les constructeurs) ne fait pas tout. Les exigences de hautes performances de la Formule E obligent aussi à travailler sur le moteur électrique.

Le régime de rotation du moteur et la gestion de l'onduleur peuvent aider à augmenter l'autonomie de la voiture. « Les algorithmes de pilotage de la chaîne de traction, et l’électronique de puissance, sont des technologies développées pour la Formule E qui arriveront prochainement sur les véhicules de série, par exemple sur de l’hybride rechargeable d’ici 2018 ou 2019 », précise ainsi Yves Bonnefont, directeur général de DS.

• La recharge

La Formule E oblige aussi à travailler sur la compacité du moteur pour ne pas dépasser les 800kg maximum de la monoplace, un travail très intéressant pour la voiture électrique de M-tout-le-monde. Plus elle est légère, plus une voiture électrique a d'autonomie et donc plus la recharge tient sur la durée.

La Formule E améliore aussi cette partie cruciale pour la voiture électrique. La société américaine Qualcomm a développé en partenariat avec BMW un système de recharge par induction. En deux saisons, la puissance du système a doublé, le temps de recharge diminué. Qualcomm a aujourd’hui signé des partenariats avec les équipementiers Lear ou Johnson Control. Surtout, son système pourrait arriver très rapidement pour la BMW i3, une citadine premium.

• Les pneus

Parmi les équipementiers qui s’intéressent à la Formule E se trouve Michelin. Partenaire officiel, la maison clermontoise est aussi le seul fournisseur de pneus de la compétition. Michelin a développé le Pilot Sport EV, un pneu qui s’adapte à tous les temps, moins polluant à produire, mais aussi à recycler. Si la marque a choisi de développer le Pilot Sport EV en 18 pouces, c’est pour les transposer plus facilement sur des modèles de série. C’est d’autant plus rapide que faire rouler les monoplaces en ville confronte ces pneus de compétition au même revêtement que les modèles de série, d’où une rapidité pour les amener demain sur votre voiture.

« La meilleure façon d’apprendre, c’est de pousser la technologie dans ses derniers retranchements", soutient Bernard Niclot, le directeur technique de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui réglemente la discipline dans les colonnes du magazine L’Usine Nouvelle. Les constructeurs le reconnaissent : participer à la Formule E ne procure aucune économie d’échelle pour développer de futurs voitures électriques. Mais elle permet d’emmagasiner de l’expérience qui raccourcit les temps de développement.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web