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80km/h: une mesure qui cible avant tout les jeunes et les ruraux

Le ministère de l'Intérieur a publié un rapport pour appuyer par des chiffres la baisse de la vitesse à 80km/h.

Le ministère de l'Intérieur a publié un rapport pour appuyer par des chiffres la baisse de la vitesse à 80km/h. - SEBASTIEN BOZON / AFP

Le ministère de l’intérieur a publié cette semaine un rapport sur l'accidentologie des routes nationales et départementales, ces routes qui passeront à 80km/h le 1er juillet. Ce sont surtout les départementaux ruraux qui seront impactés.

Très critiqué sur l’absence de chiffres lors de la prise de décision de baisser la vitesse à 80km/h en janvier, le gouvernement multiplie depuis deux semaines les études sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central hors agglomération, ces routes départementales et nationales qui seront concernées par la mesure.

86% des tués sur les routes départementales

Selon un rapport publié ce mardi, sur une étude menée depuis janvier, l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) pointe l’accidentalité de ces axes, avec une conclusion simple.

"Alors que l’on croit que ces routes sont les plus sûres, en réalité ce sont celles qui enregistrent le plus d’accidents mortels, peut-on lire au début du rapport. Toutes les études successives confirment que les bénéfices d’un abaissement de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h seront en large part obtenus sur ces routes-là".

Selon ce rapport, de 2012 à 2016, 9.579 personnes y ont perdu la vie, en majorité sur les routes départementales (86% des tués). A contrario, seuls 6% des victimes ont trouvé la mort sur les voies communales. Sans surprise, ce sont surtout dans les départements ruraux que l’on trouve le plus grand kilométrage de routes nationales et départementales.

"On a fait au gouvernement un mauvais procès. L’étude de l’ONISR montre bien que l’objectif est avant tout de protéger les habitants de ces territoires", insistait ce mercredi dans Le Parisien, Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité Routière. Ces départements les plus concernés par le passage à 80km/h:

Si ces départements ont beaucoup de kilomètres de routes sans séparateur, les configurations du réseau routier doivent aussi être prises en compte. Ainsi, sur les routes sinueuses des Alpes-de-Haute-Provence (04), 81% des tués le sont sur ces routes bidirectionnelles. A contrario, dans le département des Alpes-Maritimes, très urbanisé, et au réseau pourtant beaucoup plus long, le nombre de tués sur les routes bidirectionnelles ne dépasse pas les 25%.

Les 18/34 ans, premières victimes de la vitesse

Le rapport revient également sur les causes des accidents mortels sur ces routes bidirectionnelles. S’ils pointent la vitesse comme la première cause d’accident mortel, les 18 à 34 ans semblent les premiers concernés par les accidents dus à une vitesse excessive. 46% des décès des 18/24 ans sur les routes nationales et départementales sont ainsi dus à la vitesse. Au-delà de 35 ans, l’alcool joue un rôle déterminant à côté de la vitesse dans les accidents mortels.

Malgré les protestations aussi bien d’associations d’automobilistes et de motards que d’élus, Emmanuel Macron a confirmé le 12 avril que la baisse de la limitation de vitesse entrera bien en vigueur le 1er juillet, comme annoncé par le Premier ministre Edouard Philippe le 9 janvier. "Si ca ne marche pas, on ne continuera pas", a conclu le Président de la République.

Pauline Ducamp, avec Emeline Gaube