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300.000 cartes grises bloquées à cause de bugs

Près de 55.000 dossiers seraient en moyenne encore en souffrance dans chacune des 9 préfectures virtuelles.

Près de 55.000 dossiers seraient en moyenne encore en souffrance dans chacune des 9 préfectures virtuelles. - Capture d'écran ANTS

Le bug survenu début novembre sur la gestion en ligne des cartes grises n'est toujours pas résolu, selon les professionnels de la carte grise en ligne comme du permis de conduire. La situation s'est même aggravée dans certains cas, avec un total de 300.000 dossiers encore bloqués mi-mars.

La file d'attente continue de s'allonger devant les "préfectures virtuelles". Depuis novembre dernier, il n'est en effet plus possible de se rendre dans une préfecture pour effectuer sa demande de carte grise. Pour obtenir un certificat d'immatriculation ou effectuer une modification (changement d'adresse ou de titulaire), la démarche se fait désormais forcément sur Internet, depuis un site dédié de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS).

50.000 dossiers bloqués en moyenne

L'ennui, c'est que la plate-forme en ligne connaît un démarrage difficile, avec des bugs informatiques à répétition ralentissant de nombreuses procédures. Fin novembre, soit moins d'un mois après le basculement vers le 100% numérique, nos confrères de RMC évoquaient ainsi 187.000 dossiers en attente, posant parfois des problèmes pour des propriétaires de véhicules ne pouvant pas rouler, ou des concessionnaires dans l'incapacité de livrer une voiture neuve, faute d'immatriculation.

Or, la situation s'est encore aggravée depuis, avec près de 300.000 dossiers de cartes grises encore en souffrance mi-mars, soit 14% des immatriculations de véhicules particuliers neufs l'an dernier en France. D'après le Conseil national des professionnels de l'automobile (CNPA), environ 50.000 demandes accusent en effet un retard de traitement, et ce, dans chacune des six préfectures virtuelles en service, soit 300.000 au total.

Trois centres d'expertise et de ressources des titres supplémentaires (CERT, le nom officiel de ces préfectures virtuelles) ont ouvert depuis, portant le total à neuf. De quoi traiter plus de titres en souffrance et réduire ainsi ce nombre.

Contacté, le ministère de l'Intérieur n'a pas souhaité confirmer ce chiffre de 300.000 dossiers encore bloqués, préférant revenir sur les efforts réalisés pour corriger le tir depuis les premières anomalies constatées sur la plate-forme en ligne.

"De nombreux correctifs ont été appliqués", explique une porte-parole, précisant que, depuis novembre et le basculement sur la dématérialisation, 2,7 millions de certificats d'immatriculation et plus d'un million de permis ont tout de même été délivrés".

La mise en place d'une plateforme à Amiens pour gérer spécifiquement le dossier des véhicules neufs importés - 22.000 dossiers en attente en décembre 2017 - traduirait également une certaine amélioration de la situation.

Des complications pour les professionnels

Du côté des professionnels, on ne partage pas le même sentiment. C'est le cas de Benoît Ginet, fondateur du site ePlaque.fr, qui propose notamment aux particuliers d'effectuer les démarches liées à la carte grise: changement de titulaire, d'adresse, demande d'un duplicata et enregistrement de cession.

"J’ai l’impression que la situation ne s’est pas améliorée", témoigne-t-il. "Un bon moyen de se rendre compte du phénomène, ce sont les demandes de duplicata qui ne peuvent pas être confiées à des sites tiers comme le nôtre et doivent être forcément traitées par les préfectures virtuelles. Sur ce plan, nous n’avons noté aucun changement: certains dossiers sont traités dans le délai normal de trois semaines et d’autres… jamais, avec aucune nouvelle en trois mois! Et toujours des bugs constatés sur la plate-forme en ligne."

Du côté de la délivrance des permis de conduire, la situation semble tout de même s’être améliorée. "Globalement, cela va mieux. Pour les cas standard, par exemple une première demande de permis de conduire, le dossier est bouclé en deux ou trois jours", explique Bruno Garancher. Le président du réseau d’auto-écoles ECF reconnaît cependant que dès qu’un cas se complique, comme une demande de pièces supplémentaires, ou une situation de vérification, le dossier peut retomber dans les limbes numériques.

Julien Bonnet